Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques et généralement spécifiques à leur hôte et à leur famille. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore).
Plus de 21 espèces de rouille peuvent infecter les rosacées en Amérique du Nord. Parmi celles-ci, trois sont plus fréquemment observées chez les Malus soit la rouille du genévrier (Gymnosporangium juniperi-virginiana) qui infecte les feuilles et les fruits, la rouille du cognassier (Gymnosporangium clavipes) qui infecte essentiellement les fruits, les rameaux et les pétioles, rarement les feuilles et la rouille de l’aubépine (Gymnosporangium globosum) qui infecte surtout les feuilles et occasionnellement les fruits et les rameaux. Leur cycle vital et les méthodes de lutte sont similaires. La rouille du genévrier est la rouille la plus commune chez le pommier et servira de modèle pour la rédaction des fiches dans IRIIS.
C’est une rouille hétéroïque qui nécessite deux hôtes pour compléter son cycle vital. Au Québec, le champignon fait une partie de son cycle sur le genévrier de Virginie (Juniperus virginiana) et le reste de son cycle sur le pommier ou le pommetier. La rouille du genévrier est une maladie occasionnelle et mineure et les rendements ne sont généralement pas affectés. Sur les cultivars sensibles, si la maladie n’est pas contrôlée, elle peut entraîner des pertes économiques importantes en causant la défoliation complète des arbres et le déclassement des fruits infectés.
Le cycle vital de la rouille du genévrier implique deux plantes (pommier et genévrier) et quatre structures fongiques (télie, baside, pycnie et écidie). Les urédies sont absentes. L’agent pathogène requiert environ deux ans (21 à 22 mois) pour compléter son cycle vital.
Le champignon hiverne sur le genévrier sous la forme de mycélium à l’intérieur de galles rondes brun verdâtre, de 10 à 30 mm de diamètre. Les galles prennent parfois la forme d’un rein. Au printemps, lors de périodes humides ou pluvieuses, la surface des galles se couvre de cornes gélatineuses (télies) jaune orange à orange d’une longueur variant entre 10 et 20 mm. Ces cornes gélatineuses contiennent des spores (téliospores). Chaque téliospore produit ensuite des basides contenant des basidiospores qui sont transportées par le vent sur les feuilles et les fruits des pommiers. Les basidiospores peuvent être disséminées sur de longues distances (> 10 km), mais en réalité, elles ne franchissent que quelques centaines de mètres. Une fois les spores libérées, les galles de la rouille du genévrier meurent, mais les cornes gélatineuses continuent de libérer des spores lors des pluies, jusqu’à épuisement. La germination et l’infection sur les tissus des pommiers nécessitent un film d’eau pendant au moins 4 heures sous des conditions favorables. Les feuilles sont plus sensibles lorsqu’elles sont âgées entre 4 et 8 jours.
Une à deux semaines après l’infection des tissus des pommiers, des pycnies brunes à noires sont présentes au centre des taches à la face supérieure des feuilles ou sur les fruits. Un à deux mois après l’apparition des pycnies, des tubes cylindriques (écidies) apparaissent à la face inférieure des feuilles. Les écidiospores produites à partir des écidies sont relâchées à la fin de l’été par temps sec. Elles servent d’inoculum pour infecter les aiguilles des genévriers jusqu’en automne. Le printemps suivant (deuxième année), des galles verdâtres portant des dépressions circulaires sont produites sur les genévriers où elles prendront tout l’été et l’automne pour mûrir. Le printemps suivant, ces galles matures causeront de nouvelles infections sur les pommiers. Parce que les genévriers ne produisent des téliospores que durant un seul printemps, de nouvelles infections des genévriers sont requises chaque année pour assurer une infection sur les pommiers, contrairement aux autres rouilles.
Sur le pommier
Feuille et pétiole : à la face supérieure, peu de temps après la floraison, présence de petites taches jaune pâle qui deviennent orange avec une marge rouge vif en se développant. Plus tard, des pycnies brunes à noires apparaissent au centre des taches. À la fin de l’été, de courts tubes cylindriques (écidies) sont visibles à la face inférieure. Défoliation potentielle lors d’une infection sévère. La coloration des taches permet d’identifier plus facilement cette rouille.
Fruit : les symptômes sont similaires à ceux observés sur les feuilles sauf que la marge des taches est vert foncé. Des pycnies peuvent se développer sur les taches, mais rarement les écidies. Les infections se manifestent en premier dans la zone stylaire. Les lésions sont superficielles.
Arbre : lors d’une infection sévère, défoliation précoce, diminution de la vigueur et sensibilité accrue au gel hivernal.
Sur le genévrier
Tige : présence de galles, de renflements ou de balais de sorcière. Mortalité des aiguilles, des rameaux et des semis. Croissance réduite des arbres ayant plusieurs galles.
La rouille du genévrier peut être confondue avec la rouille de l’aubépine et la rouille du cognassier, mais elle se distingue notamment par les tissus qui sont infectés, la longueur des écidies observées à la face inférieure des feuilles et la forme des galles sur les genévriers. Elle peut également être confondue avec la tache ocellée des feuilles (Botryosphaeria obtusa – taches brunes avec un centre clair, conférant l’illusion d’un œil).
Pour limiter le développement de la rouille du genévrier, il faut briser le cycle de la maladie en éliminant les genévriers, les hôtes intermédiaires et les pommiers sauvages qui sont à proximité des vergers. Se procurer des plants exempts de galles et sélectionner des cultivars résistants ou tolérants aux rouilles ('McIntosh', 'Délicieuse', 'Idared', etc.) et contrôler la maladie sur les genévriers ornementaux. Chez le pommier et le pommetier ornemental, la lutte chimique est disponible et efficace si les fongicides sont pulvérisés du stade prébouton rose jusqu’à un mois après la chute des pétales.
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http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/cedarap.htm
http://www.missouribotanicalgarden.org/gardens-gardening/your-garden/help-for-the-home-gardener/advice-tips-resources/pests-and-problems/diseases/rusts/cedar-apple-rust.aspx
https://www.youtube.com/watch?v=xNXVLKP6dkU