Sur la pomme, l’anthracnose est causée par deux espèces du champignon Neofabraea soit N. alba et N. malicorticis. Ces champignons sont également responsables du développement de chancres sur les pommiers et ces chancres servent d’ailleurs de source d’inoculum pour le développement de l’anthracnose sur les fruits. Les Neofabraea causent des dommages plus importants sur les fruits que sur les branches et le tronc. L’anthracnose est la principale source de pertes par les maladies de conservation des pommes. Elle est plus sévère les années avec des pluies fréquentes durant la récolte. En plus de la pomme, elle peut affecter la poire, mais elle est moins dommageable sur cette culture.
Le champignon hiverne sous la forme d’acervules dans les chancres présents sur les arbres. Au printemps, les conidies sont éjectées des acervules par la pluie et les infections débutent généralement un mois après la fin de la floraison et se poursuivent jusqu’à la récolte. La sensibilité des fruits s’accentue au cours de la saison de croissance lorsque les conditions sont humides. Les apothèces (stade sexué) sont rarement observés et jouent un rôle mineur dans les infections. Les conidies germent à la surface des fruits et entrent par les lenticelles en formant des appressoria. Une fois à l’intérieur du fruit, le champignon demeure à l’état latent jusqu’à l’entreposage. Le champignon devient actif après plusieurs mois d’entreposage et la pourriture des fruits devient évidente seulement après plusieurs mois d’entreposage (entre 3 et 5 mois). En entrepôt, les fruits infectés ne contamineront pas les fruits sains.
Fruit : le champignon N. alba cause des taches circulaires brunes, plus ou moins foncées selon la teinte de l’épiderme, se développant lentement en pourriture ferme autour des lenticelles ou des blessures. La couleur est uniforme, mais parfois elle présente des petites zones concentriques ou un centre légèrement plus clair. Les taches sont généralement inférieures à 25 mm de diamètre. La pourriture interne est brun pâle. En atmosphère très humide, présence de fructifications blanches et de mycélium blanc. Le champignon N. malicorticis cause des taches circulaires et concentriques, brunes avec un centre pâle et une marge foncée. Des acervules grisâtres sont disposés en cercles concentriques au centre des taches. Dans les deux cas, il y a plusieurs lésions par fruit.
Branche et tronc : à l’automne, présence de petites taches circulaires, rouges à violettes lorsqu’elles sont mouillées. Le printemps suivant, les taches sont elliptiques, déprimées et orange à brunes. Le tissu cambial sous l’écorce meurt progressivement et l’écorce adjacente au cambium infecté s’enfonce, change de couleur et se fissure, causant une démarcation nette entre les tissus sains et affectés. Les chancres deviennent alors apparents. Sur les chancres plus vieux, les tissus se détachent et exposent de longues fibres qui font penser à des cordes de violon ("fiddlestring canker"). L’extrémité de la branche au-delà du chancre meurt sans tuer l’arbre et si le chancre entoure complètement le tronc, l’arbre peut mourir.
Arbre : croissance ralentie, productivité réduite et parfois mortalité.
Sur les fruits, l’anthracnose causée par N. alba peut être confondue avec l’anthracnose (N. malicorticis) et le chancre nectrien (Cylindrocarpon mali) mais l’observation microscopique des fructifications permet de lever les ambiguïtés.
Pour prévenir l’anthracnose des fruits, il faut éliminer les sources d’inoculum (chancres sur les arbres et fruits infectés tombés au sol), des traitements fongiques sont disponibles avant la récolte et lors de l’entreposage, éviter de retarder les récoltes, refroidir rapidement les fruits récoltés et les entreposer en atmosphère contrôlée avec un faible pourcentage d’oxygène ce qui ralentit la maladie. Un échantillon de pommes peut être placé à une température variant entre 18 et 21 °C sous une humidité élevée pendant 30 jours afin d’évaluer l’incidence de la maladie. Les fruits avec une haute incidence de la maladie devront être mis en marché rapidement. Ne pas empaqueter les fruits dans une pellicule plastique ce qui accroît les risques de pourriture.
Jones A. L. & Sutton T. B. (1984). Bull’s-Eye Rot. Dans Diseases of Tree Fruits. Cooperative Extension Service, Michigan State University. p. 26.
Sutton T. B., Aldwinckle H. S., Agnello A. M. & Walgenbach J. F. (Eds) (2014). Anthracnose Canker and Perennial Canker. Dans Compendium of Apple and Pear Diseases and Pests. 2nd éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 51-53.
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http://ephytia.inra.fr/fr/C/21734/Di-gno-Pom-Neofabraea-alba-gloeosporiose-commune
https://pnwhandbooks.org/plantdisease/host-disease/apple-malus-spp-anthracnose-bulls-eye-rot
http://apples.ahdb.org.uk/gloeosporium-rot-additional.asp