Les arbres sont soumis à l’action de différents agents pathogènes qui infectent et causent des chancres sur les rameaux, les branches et le tronc. Chez le pommier et le poirier, le chancre européen (chancre nectrien) est causé par le champignon Neonectria ditissima (syn. : Nectria galligena). Ce champignon infecte également différentes essences ligneuses (aubépine, bouleau, érable, hêtre, noyer noir, peuplier, etc.) qui sont des hôtes intermédiaires pour le développement du chancre nectrien du pommier. Tous les cultivars de pommier sont sensibles aux chancres, mais certains démontrent une tolérance au champignon. Au Québec, cette maladie est commune et mineure. Elle est sévère dans les régions au climat maritime ou lorsque le matériel végétal provenant des pépinières est infecté. En pépinière, l’infection du porte-greffe ou du greffon provient presque toujours des infections qui se développent juste après le greffage. Les jeunes arbres infectés affichent alors une croissance lente et finissent par mourir, généralement trois à quatre ans après la plantation en verger.
Le champignon hiverne dans les vieux chancres sous la forme sexuée (périthèces (ascospores)) et dans les jeunes chancres sous la forme asexuée (mycélium (conidies)). Lors de conditions humides au printemps, le mycélium présent dans les jeunes chancres produit des conidies qui sont disséminées par l’eau lorsque les conditions d’infection sont propices (humidité élevée, pluie abondante, température variant entre 20 et 25 °C). Les conidies infectent l’arbre sur lequel elles sont formées. Sur les chancres plus âgés, les périthèces se manifestent à l’automne et au printemps lorsque la température oscille autour de 15 °C. Les périthèces se forment généralement 30 mois après la formation d’un chancre, ce qui explique leur présence sur les vieux chancres. Les ascospores issues des périthèces sont dispersées par le vent ou la pluie sur de plus longues distances que les conidies. À l’automne, les blessures naturelles (bourgeons, fleurs, cicatrices foliaires ou pédonculaires) ou accidentelles (plaies de taille, chicots, fentes de greffe, grêle, etc.) servent de porte d'entrée pour le champignon. Les symptômes sont visibles le printemps suivant.
L’arbre est particulièrement vulnérable au chancre européen lors de la formation des bourgeons, à la floraison, lors de la récolte, à la chute des feuilles et lors de la taille. L’incidence de la maladie est élevée à l’automne lors de la chute des feuilles, car la cicatrisation des blessures est plus lente à cause de la température plus fraîche et pluvieuse. Les vergers mal drainés et les arbres qui ont une croissance excessive (fertilisation riche en azote) sont plus enclins au chancre européen.
Fruit : lorsque la région du calice (œil) est touchée, présence d’une pourriture brune, plus ou moins sèche de l’épiderme. Sous la pourriture, la chair est brune, humide, et ratatinée, créant ainsi une dépression à la surface du fruit. Une masse mucilagineuse blanche peut apparaître lors de conditions humides. Lorsque les lenticelles sont affectées, la pourriture se développe essentiellement dans la zone pédonculaire durant l’entreposage.
Branche et tronc : au début, présence de petites taches brun rougeâtre et déprimées sur les pousses annuelles et les rameaux d’un an. Le tissu cambial sous l’écorce meurt progressivement et l’écorce adjacente au cambium infecté s’enfonce, change de couleur et se fissure, causant une démarcation nette entre les tissus sains et affectés la première année. Les chancres deviennent alors apparents. Les années subséquentes, il n’y a plus de démarcation franche entre les tissus sains et affectés et le chancre est entouré d’anneaux cicatriciels de plus en plus gros. L'écorce détruite laisse le bois nu au centre du chancre. Lors de conditions humides, les jeunes chancres montrent des fructifications asexuées blanchâtres (conidies) et sur les chancres plus âgés, des fructifications sexuées orange vif (périthèces) sont produites. À maturité, les fructifications sont rouges puis deviennent noires avec l’âge. Les chancres sont souvent concentrés sur les petites branches et il peut y avoir plusieurs chancres par arbre.
Arbre : croissance ralentie, productivité réduite et parfois mortalité.
Sur la branche ou le tronc, le chancre européen peut être confondu avec d’autres maladies à chancres, au dépérissement nectrien (Nectria cinnabarina) lorsque les périthèces orange sont observés sur les vieux chancres, à la brûlure bactérienne (Erwinia amylovora – présence de gouttelettes formées par le suintement des bactéries sur d'autres organes (feuille, fruit, pousse annuelle, etc.) et aux dommages occasionnés par le puceron lanigère du pommier (Eriosoma lanigerum –chancre et nodosité).
Sur les fruits, la maladie peut être confondue avec l’anthracnose (Neofabraea alba).
Pour prévenir le développement de chancres sur les branches et le tronc, il faut se procurer des arbres sains, exempts de maladies et inspecter le matériel végétal avant la plantation. Éliminer les sources d’inoculum (bois morts, chancres, branches et fruits infectés, etc.), éradiquer les hôtes alternes situés aux abords des vergers et éviter les blessures. Effectuer des coupes franches avec des outils d’élagage bien tranchants. Dépister tout au long de la saison de croissance. Assurer une fertilisation efficace et cultiver dans un sol bien drainé et léger. Contrôler les insectes, particulièrement le puceron lanigère du pommier (Eriosoma lanigerum).
Pour éradiquer les chancres sur les branches et le tronc, il faut tailler les pommiers et enlever les branches infectées durant la période de dormance ou par temps sec, sortir les tissus infectés des vergers et les brûler ou les déchiqueter pour activer leur décomposition. Abattre les arbres qui ont des chancres trop importants sur le tronc.
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