Phytophthora nicotianae affecte un nombre important d'hôtes qui assurent sa multiplication et sa conservation. Il cause de la pourriture aux racines et au collet et du mildiou zoné sur les fruits qui entrent en contact avec le sol. Il affecte particulièrement les serres de production de plant (pépinière) et se manifeste généralement sur les plants deux semaines après la transplantation (repiquage) au champ ou en serre. Les plants affectés sont distribués en foyer.
Phytophthora nicotianae hiverne sous la forme d’oospores, de chlamydospores ou de mycélium dans les sols, les substrats et les résidus de culture. Des sporanges sont formés à partir du mycélium lorsque des conditions humides sont présentes plus de 5 heures à des températures variant entre 15 et 26°C. Les sporanges sont dispersés par l’eau (pluie, irrigation, éclaboussure), de plante à plante par les racines (surtout en pépinière) et par certains insectes. Ils germent directement sur les tissus ou relâchent des zoospores biflagellées mobiles. Les zoospores se déplacent dans l’eau libre vers la surface des plants (racine ou fruit) où ils germent et pénètrent directement dans les tissus ou par des blessures. Ils envahissent rapidement les tissus, grâce à l'action conjuguée de diverses enzymes pectinolytiques et cellulolytiques, et progressent entre et dans les cellules. Il est capable de produire des millions de spores sur les plantes infectées durant toutes les phases de croissance. Les conditions de développement de la maladie sont une forte densité de plantules en pépinière ou de racines dans les pains des cultures hors-sol, un excès d'azote, la présence d'eau (sols lourds, compactés, mal drainés ou avec une humidité du sol élevée). Les plantules succulentes ou étiolées sont très sensibles tandis que les plantes adultes le sont moins. Par la suite, des sporanges et des oospores se forment à l'intérieur des tissus ou à leur surface.
Tige : les lésions observées au collet peuvent s’étendre jusqu’à la tige. Brunissement et pourriture des tissus internes.
Collet : présence de lésions (chancres) brun foncé à noires, humides, qui ceinture progressivement le collet. Les vaisseaux sont bruns. Présence parfois de fructifications (sporanges) dans les tissus décomposés.
Racine : présence de lésions brun foncé à noires, humides, et des pourritures plus ou moins généralisées. Les vaisseaux sont bruns.
Plant : perte de vigueur, flétrissement et dépérissement. Mortalité des plants.
Sur la tige, le collet et les racines, différentes espèces de Pythium peuvent causer des symptômes similaires.
Pour prévenir le pourridié phytophthoréen de la tomate, il faut éliminer les sources d’inoculum (matériel végétal affecté, débris végétaux), se procurer des transplants sains, éviter les sols humides (lourds, compactés, avec un mauvais drainage, baissières), utiliser judicieusement l’irrigation, maintenir une fertilisation équilibrée et planter sur des buttes avec paillis ou plastique. Faire une rotation des cultures (3 à 4 ans) avec des plantes non hôtes (céréales, graminées fourragères). Des traitements chimiques sont disponibles. En serre, il faut également contrôler l’humidité, utiliser des substrats sains ou désinfectés, des semences saines, bien nettoyer et désinfecter le circuit d’irrigation et les serres (structure, plancher et matériel). Porter une attention particulière à la qualité de l’eau.
Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Buckeye Rot and Phytophthora Root Rot. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 19-20.
https://www.researchgate.net/publication/241871608_Phytophthora_nicotianae_var_nicotianae_on_tomatoes