Mildiou zoné
Buckeye rot
Des tomates vertes cultivées en champ montrent différentes intensités de pourriture molle avec présence ou non d’un mycélium blanc grisâtre sur l’épiderme. Une odeur acidulée émanait des fruits pourris. Les observations microscopiques ont révélé la présence de sporanges de Phytophthora capsici, responsable du mildiou zoné.
 
La conseillère agricole mentionne que la région a subi deux épisodes de grêle au cours de l’été, à deux semaines d’intervalle. Les plants et les fruits ont été affectés et les semaines suivantes ont été chaudes et très pluvieuses, ce qui a contribué au dépérissement des plants (feuillage jauni puis bruni) et des fruits (blessures et taches). Le drainage du champ est également déficient.
Description

Les Phytophthora affectent un nombre important d'hôtes qui assurent leur multiplication et leur conservation. Sur la tomate, le poivron et l'aubergine, ils peuvent causer du mildiou zoné ("buckeye rot") sur les fruits et de la pourriture aux racines et au collet. Le mildiou zoné est causé par trois espèces de Phytophthora soit P. nicotianae, P. capsici et P. drechslera. Les fruits affectés sont généralement distribués en foyer et concentrés dans les zones les plus humides du champ. Le mildiou zoné est occasionnel et ne cause pas de graves dommages.

Cycle de la vie

Phytophthora hiverne sous la forme d’oospores, de chlamydospores ou de mycélium dans les sols, les substrats et les résidus de culture. Des sporanges sont formés à partir du mycélium lorsque le sol est humide et sa température est supérieure à 18 °C. Les sporanges sont dispersés par l’eau (eau de surface, pluie, irrigation par aspersion, éclaboussure), de plante à plante par les racines (surtout en pépinière) et par certains insectes. Ils germent directement sur les tissus ou relâchent des zoospores biflagellées mobiles. Les zoospores se déplacent dans l’eau libre vers la surface des plants (racine ou fruit) où ils germent et pénètrent directement dans les tissus ou par des blessures. Ils envahissent rapidement les tissus, grâce à l'action conjuguée de diverses enzymes pectinolytiques et cellulolytiques, et progressent entre et dans les cellules. Phytophthora est capable de produire des millions de spores sur les plantes infectées durant toutes les phases de croissance. Les conditions de développement du mildiou zoné sont des périodes prolongées de temps chaud et humide, une température du sol variant entre 24 et 30 °C et en excès d’eau (sols lourds, compactés, mal drainés ou avec une humidité du sol élevée). L’infection se fait principalement lorsque les fruits sont en contact avec le sol. Elle peut également se produire lorsque de la terre humide ou de la boue contenant l’inoculum est éclaboussée sur les fruits par la pluie ou l’irrigation par aspersion. Par la suite, des sporanges et des oospores se forment à l'intérieur des tissus ou à leur surface.

Symptômes et dommages

Fruit : sur les fruits verts ou mûrs, présence de taches humides brunes au point de contact entre le fruit et le sol. Lorsque les taches s’agrandissent, l’épiderme se couvre d’anneaux concentriques alternants des bandes étroites brun foncé et de larges bandes brun pâle. Au début, les taches sont plutôt fermes et lisses sur l’épiderme puis progressivement, la pourriture s’installe. Le mildiou zoné peut couvrir plus de la moitié de la surface des fruits affectés. Parfois présence d’un mycélium blanc sur les lésions lors de conditions humides.

Ne pas confondre

Sur les fruits, le mildiou zoné peut être confondu avec le mildiou aérien (Phytophthora infestans – fruit avec un épiderme rugueux, bosselé) lorsque les cultures ne sont pas tuteurées ou avec d’autres pourritures du sol causées par différents agents pathogènes.

Méthodes de lutte

Pour prévenir le développement de Phytophthora, il faut éliminer les sources d’inoculum (matériel végétal affecté, débris végétaux), se procurer des transplants sains, éviter les sols humides (lourds, compactés, avec un mauvais drainage, baissières), utiliser judicieusement l’irrigation, maintenir une fertilisation équilibrée et planter sur des buttes avec paillis ou plastique. Faire une rotation des cultures (3 à 4 ans) avec des plantes non hôtes (céréales, graminées fourragères). En serre, il faut également contrôler l’humidité, utiliser des substrats sains ou désinfectés, des semences saines, bien nettoyer et désinfecter le circuit d’irrigation. Porter une attention à la qualité de l’eau.

Références et liens

Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Buckeye Rot and Phytophthora Root Rot. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 19-20.

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/tomatoes/diseases-and-disorders/buckeye-rot.html#advanced

http://www.aces.edu/pubs/docs/A/ANR-1054/ANR-1054.pdf

http://blogs.cornell.edu/livegpath/gallery/tomato/tomato-buckeye-fruit-rot/