Pourriture sèche fusarienne
Fusarium dry rot
Des tubercules de pomme de terre (cv 'Goldrush') provenant d’un entrepôt montrent une pourriture sèche sur un seul côté du périderme ou un noircissement de la chair débutant au talon. Un début de croissance mycélienne blanchâtre est également visible dans la chair du tubercule de droite. Les tests de laboratoire ont révélé la présence du champignon Fusarium solani, responsable de la pourriture sèche fusarienne chez la pomme de terre.
Description

La pourriture sèche de la pomme de terre est causée principalement par Fusarium sambucinum, mais également par d’autres espèces de Fusarium. C’est une maladie fréquente en entrepôt qui peut causer des pertes importantes. Elle est parfois observée sur les tubercules lors de la récolte. Au champ, lors de conditions humides, les bactéries responsables des pourritures molles (Pectobacterium spp.) envahissent les tubercules atteints par la pourriture sèche et accroissent les pertes. En plus de la pomme de terre, les différentes espèces de Fusarium affectent une vaste gamme de plante.

Cycle de la vie

Selon l‘espèce de Fusarium, le champignon hiverne sous la forme de mycélium, de conidies ou de chlamydospores dans le sol de nombreuses années, mais la pourriture sèche provient principalement des tubercules infectés. Lorsque des tubercules infectés sont plantés et que la levée des plants est inégale, la maladie est appelée « pourriture du planton (semenceau) ». La pourriture sèche fusarienne se manifeste lorsque le planton infecté se décompose dans le sol, relâchant des Fusarium qui infectent les plants de pommes de terre et le sol. Lors de la récolte, le sol contaminé infecte les tubercules récoltés qui sont blessés ou meurtris et l’équipement qui sert à la manutention et à l’entreposage. De nouvelles infections surviennent également lors du calibrage et du tranchage des tubercules. Les lésions apparaissent autour des blessures environ un mois après l’entreposage. La pourriture sèche nécessite des blessures et n’affecte pas le périderme des tubercules sains, les lenticelles ou les tubercules de semence subérisés. Des conditions humides en entreposage favorisent la pourriture sèche.

Symptômes et dommages

Tubercule : le périderme blessé montre de la pourriture sèche puis se couvre de grands anneaux concentriques déprimés qui s’affaissent sous une légère pression. Les tubercules complètement pourris sont ratatinés et se momifient. Parfois, du mycélium est présent sur le périderme. La chair montre des tissus brun pâle à gris à noirs, qui sont d’abord humides puis deviennent très secs avec des cavités tapissées de mycélium de différentes couleurs (blanc, rose, crème, 'bleuté', rougeâtre). L’intérieur du tubercule peut être complètement détruit. Il n’y a pas d’odeur caractéristique. Les tubercules sont mous si des bactéries envahissent les tissus.

Ne pas confondre

Sur les tubercules, la pourriture sèche peut être confondue avec la gangrène (Phoma spp. – l’intérieur des cavités est tapissé de tissus sains).

Méthodes de lutte

Pour limiter le développement de la pourriture sèche en entrepôt, il faut utiliser des semences certifiées exemptes de maladie, des cultivars résistants, lorsque disponibles, récolter par temps frais et sec et éviter les blessures et les meurtrissures. Quelques produits fongiques sont disponibles. Les tubercules fraîchement récoltés doivent être placés dans les conditions requises pour favoriser la subérisation rapide du périderme. Par la suite, les conditions d’entreposage doivent être adéquates. Nettoyer et désinfecter les aires de travail et de conservation afin de diminuer l’inoculum du champignon.

Références et liens

Banks E. (Ed) (2004). Fusarium Seed Piece Decay and Dry Rot. Dans Potato Field Guide - Insects, Diseases and Defects. Publication 823. Ministry of Agriculture and Food, Ontario. p. 35-37.
 
Richard C. & Boivin G. (1994). Pourriture sèche de la pomme de terre. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d'Entomologie du Canada, Canada. p. 262-263. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch16-pomme-de-terre.pdf)
 
Stevenson W. R., Loria R., Franc G. D. & Weingartner D. P. (Eds) (2001). Fusarium Dry Rot and Fusarium Wilt. Dans Compendium of Potato Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 23-25.

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/potatoes/diseases-and-disorders/fusarium.html#advanced

http://plantdepommedeterre.org/index/fusariose

http://vegetablemdonline.ppath.cornell.edu/factsheets/Potato_Fusarium.htm

https://potatoes.ahdb.org.uk/media-gallery/detail/13214/2585