Le champignon Diplodia sapinea (syn. Sphaeropsis sapinea) cause trois maladies distinctes chez les conifères soit la brûlure des pousses terminales, la brûlure des rameaux et des chancres sur branches et tronc. Les symptômes s’observent essentiellement dans les pépinières forestières, les plantations et chez les arbres d’ornement. Le champignon est rarement observé en forêt sauf sur les cônes de deux ans et plus. Tous les conifères peuvent être affectés, mais les pins à deux ou trois aiguilles et l’épinette noire le sont davantage. Les dommages sont fréquents et sévères. Les attaques répétées peuvent affaiblir les jeunes arbres et les tuer. Les cônes infectés permettent de propager la maladie sur les arbres établis.
Le champignon hiverne sous la forme de conidies dans les pycnides des tissus infectés ou morts (pousses, aiguilles, rameaux, cônes) et la litière au sol. Le champignon peut demeurer viable pendant près de deux ans. Au printemps, lorsque le temps est humide, les pycnides matures éjectent des conidies qui sont dispersées, sur de courtes distances, par le vent et l’eau sur les tissus sains. La production de conidies commence peu de temps après l’éclosion des bourgeons et se poursuit pendant presque toute la saison de croissance. Des cycles secondaires de la maladie sont possibles quand des tissus sensibles sont présents. Les conidies germent en quelques heures lorsque la température varie entre 12 et 36 °C. Une période de mouillure de 12 heures est suffisante pour initier la germination et l'infection. Les conidies pénètrent dans les tissus par les stomates des jeunes aiguilles, directement par les tissus non lignifiés des pousses en expansion, par les blessures observées sur les parties ligneuses ou par les écailles des cônes de deuxième année. Les tissus des jeunes plants sont plus vulnérables à l'infection lors du débourrement et de l'élongation des pousses. Les arbres affaiblis, blessés ou stressés sont également plus sensibles à la maladie. Le développement du champignon est très rapide et entraîne le dessèchement de la pousse indépendamment de la vitalité de l'hôte. Lors de températures chaudes, les symptômes se manifestent trois à quatre jours après l’infection. En absence de stress, le champignon peut se maintenir à l'état de latence ou comme endophyte dans les branches et les troncs.
Plantule : lorsque des semences infectées sont utilisées, le pourcentage de germination est réduit, les semences peuvent pourrir et de la fonte des semis en postémergence est observée.
Jeunes plants : mortalité des bourgeons de l’année, arrêt de croissance des pousses qui sont déformées ou courbées avec des aiguilles courtes et brunes ou brûlure et mortalité des pousses durant l’élongation et la croissance des aiguilles. Les aiguilles sont souvent engluées dans la résine. Sous la gaine du faisceau, les aiguilles sont noires. Présence de pycnides à la base des aiguilles mortes, sur les pousses de l’année et les bourgeons.
Plants plus âgés : brûlure et mortalité des bourgeons, des aiguilles, des pousses annuelles et des rameaux. Les pousses sont déformées ou courbées. À l'occasion, présence de chancres résineux sur les branches et le tronc. Une coloration bleutée du bois, sous le chancre, est parfois détectée et bien délimitée des tissus sains. Présence de pycnides sur tous les organes affectés et à la surface des écailles des cônes de deux ans.
Cette maladie peut être confondue avec de la sécheresse, du gel et des dommages causés par les insectes (présence de galeries, d’excréments et parfois de l’insecte).
La brûlure des pousses terminales ou des rameaux est contrôlée en utilisant du matériel végétal sain et des essences résistantes ou tolérantes, lorsque disponibles. Il faut cultiver sur un site bien drainé, assurer une fertilisation adéquate et un arrosage régulier. Éviter les blessures, minimiser les stress aux arbres (sécheresse, froid, sol sec ou trop humide, dommages par les insectes, etc.) et contrôler les insectes. Enlever et détruire les semis et les jeunes plants affectés. Couper et détruire les branches infectées et abattre les arbres très atteints. Émonder les arbres avant la période d’infection par le champignon et par temps sec. Les nouvelles plantations ne devraient pas être situées près des peuplements âgés ou de haies brise-vent ni intercalées à travers de vieux arbres qui sont des sources d’inoculum. Des traitements fongiques sont disponibles.
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