Le champignon Cylindrocladium est un agent pathogène des plantes herbacées et des plantes ligneuses appartenant à plus de 66 genres réparties dans au moins 30 familles. Il affecte, entre autres, les éricacées (surtout azalée), les conifères (épinette et pin surtout), le magnolia, l’hydrangée et le poinsettia. Cylindrocladium scoparium est le plus commun et le plus important des Cylindrocladium. Il est observé en champ, en serre, en pépinière, en forêt, dans les plantations et les vergers. En Amérique du Nord, il affecte habituellement les plantes ligneuses cultivées en pépinière et en verger. Il peut causer de la fonte des semis, de la pourriture des racines, des brûlures des feuilles et des pousses, des lésions sur les tiges vertes, des taches foliaires, de la pourriture des fruits, du dépérissement, du flétrissement et de la mortalité. Le stade sexué est Calonectria morganii et il est moins souvent rencontré que Cylindrocladium. Cylindrocladium scoparium possède un appendice stérile spécifique, appelé le stipe, qui facilite son identification. Celui-ci se trouve dans l'axe principal du conidiophore et devient plus étroit en dessous d’une vésicule gonflée observée à l’apex. Lorsque Cylindrocladium affecte le collet et les racines, les pertes de rendement sont très importantes. Chez l’azalée, Cylindrocladium cause surtout des dommages lors de la multiplication végétative par bouturage. L’infection des feuilles est habituellement plus rare, mais survient à l’occasion chez l’azalée et le rhododendron cultivés en serre. La maladie est occasionnelle mais sévère.
Cylindrocladium scoparium hiverne sous forme de microsclérotes et peut survivre plusieurs années dans le sol (7 ans) ou sur les tissus végétaux infectés. Il peut également agir comme saprophyte sur des racines sans symptôme. La décomposition des débris végétaux dans le sol libère les microsclérotes. La germination des microsclérotes est déclenchée lorsqu’ils entrent en contact avec les exsudats émis par les racines. La pénétration intercellulaire du cortex radiculaire se produit dans les 24 heures suivant la germination. Les hyphes produits colonisent la racine et en quelques jours, commencent à produire de nouveaux microsclérotes. Pendant les périodes de forte humidité et de précipitations, des périthèces de couleur orange peuvent se développer sur la partie supérieure de la racine et au collet des plantes infectées. Ces périthèces produisent des ascospores qui sont disséminées par les éclaboussures d’eau et les courants d’air. Des conidies sont également produites sur les parties aériennes et dispersées par le vent , les courants d’air et l’eau. Ils servent d’inoculum secondaire. Dans le développement de la maladie, les conidies jouent un rôle plus important que les ascospores. Les conidies et les ascospores peuvent également être disséminées sur de courtes distances par des débris végétaux emportés par le vent, le travail du sol et les outils. Les conidies pénètrent dans les feuilles par les stomates ou directement par l’épiderme tandis que l’infection de la tige et du collet se fait probablement par l’intermédiaire d’une toxine émise par le champignon. Cylindrocladium scoparium se développe rapidement lorsque la température est chaude (entre 24 et 28 °C) et humide, tolère une large gamme de pH du sol, mais est sensible à la dessiccation.
Feuille : présence de taches discrètes avec un centre nécrotique et un halo jaune sur les cultivars blancs ou de taches brun pâle à roses sur les cultivars roses ou rouges. À la face inférieure des cultivars colorés, les nervures près des taches sont roses à rouges. Feuillage pâle puis jaune ou brun lorsque le système vasculaire du collet est affecté. Sur les feuilles tombées au sol, lors de conditions favorables, présence d’un mycélium brun ou des conidies blanches sur les zones infectées. Défoliation potentielle.
Fleur : présence d’une moucheture nécrotique sur les pétales.
Tige : présence d’anomalies de coloration ou de taches brun foncé à noires sur l’épiderme. Brunissement du système vasculaire. Présence de pourriture. Présence d’un mycélium brun ou des conidies blanches sur les zones infectées lors de conditions favorables.
Collet : présence d’anomalies de coloration ou de taches brun foncé à noires sur l’épiderme. Présence de pourriture. Brunissement du système vasculaire. Présence d’un mycélium brun ou des conidies blanches sur les zones infectées lors de conditions favorables.
Racine : présence de pourriture. Sur les feuillus, noircissement du cortex racinaire souvent accompagné d'une fente longitudinale sur les jeunes racines. Le regroupement des lésions peut encercler la racine principale et le collet.
Plant : faible croissance, flétrissement et mortalité lorsque le champignon atteint le système vasculaire.
La détection et le diagnostic précoces sont essentiels au succès de la lutte contre cet agent pathogène. Il faut utiliser des boutures qui ont été prélevées sur des plantes saines, des cultivars résistants, limiter le déplacement des plantes entre les pépinières pour réduire la propagation de la maladie, éviter de planter dans des sols infestés par C. scoparium. Augmenter la circulation d'air entre les plants en diminuant la densité ou en effectuant la taille des plants. Assurer une bonne gestion de l’eau et une fertilisation équilibrée. Cultiver dans des sols ou des substrats bien drainés. Utiliser des outils propres et désinfectés. Racler et détruire les feuilles mortes. Éliminer, enlever et détruire les plants infectés. Des fongicides sont disponibles pour lutter contre la fonte des semis en champ et en contenant.
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https://pnwhandbooks.org/plantdisease/host-disease/azalea-rhododendron-spp-cylindrocladium-blight-root-rot