Le chancre cytosporéen est causé par le champignon Cytospora sp. (stade sexué : Leucostoma sp. ou Valsa sp.). Cette maladie est largement distribuée en Amérique du Nord, en particulier dans les régions au climat frais et humide. Cytospora infecte une gamme d’hôtes variés, dont les feuillus, les conifères, les arbres fruitiers et les arbres d’ornement. Cytospora est considéré comme un agent pathogène de faiblesse qui envahit l’écorce des rameaux, des branches et du tronc des arbres ayant subi un stress par divers facteurs (gel hivernal, insolation, sécheresse, taille inadéquate, etc.). Le chancre cytosporéen n’est pas létal pour l’arbre, mais favorise l’entrée d’agents pathogènes plus virulents. Cette maladie est occasionnelle et mineure dans les peuplements naturels, mais peut occasionner des dommages sévères dans les pépinières forestières, les jeunes plantations et sur les arbres d’ornement utilisés dans les villes.
Chez le peuplier, Cytospora chrysosperma (stade sexué : Valsa sordida) est responsable du chancre cytosporéen, mais également de la maladie du pied noir des semis et des boutures. Aujourd’hui, certains peupliers hybrides sont beaucoup plus résistants à la maladie que les espèces indigènes. Le peuplier de Lombardie est particulièrement sensible et meurt généralement deux à cinq ans après l’infection.
Le champignon hiverne sous forme de mycélium ou de conidies dans les pycnides présentes dans les branches infectées, les chancres, le bois mort et les branches tombées au sol. Au printemps, lors de conditions humides, des pycnides s’ouvrent et libèrent des conidies qui sont contenues dans des vrilles gélatineuses orange. Les conidies sont disséminées par le vent, les éclaboussures d’eau et les insectes. Sous nos conditions, les périthèces contenant les ascospores (stade sexué) sont rarement observés. La germination des conidies requiert une température moyenne de 20 °C et une humidité. Le champignon colonise les sites de blessure, les cicatrices foliaires ou la base des rameaux morts puis se développe sur l’écorce et dans le cambium. Les chancres prennent de l’expansion au printemps et à l’automne.
Feuille : sur les branches infectées, les feuilles jaunissent, flétrissent et sèchent.
Branche et tronc : les jeunes chancres sur l'écorce lisse sont jaune-brunâtre et déprimés. Ils se développent autour des blessures ou des branches mortes et sont bien délimités des tissus sains. En se développant, les chancres prennent la forme d’une cible et la marge devient irrégulière. Plus tard, l'écorce fend à la marge des chancres et l'écorce au centre des chancres devient noire. Le bois sous le chancre est brun rougeâtre à noir et humide. À la surface des chancres, sur l’écorce morte, des pycnides noires peuvent être visibles. Lors de conditions humides, des vrilles gélatineuses ambre à orange, chargées de conidies, sont expulsées des pycnides. L’extrémité de la branche au-delà du chancre meurt sans tuer l’arbre.
Arbre : flétrissement et dépérissement parfois important sur les jeunes arbres. Formation de jeunes pousses (drageons) à la base des arbres infectés.
Le chancre cytosporéen peut être confondu avec d’autres maladies à chancres. Des analyses de laboratoire sont souvent requises pour les distinguer.
Pour prévenir le développement de chancres sur les branches et le tronc, il faut se procurer des arbres sains, exempts de maladies et inspecter le matériel végétal lors de la plantation. Éliminer les sources d’inoculum (bois morts, chancres, branches infectées, etc.), les hôtes alternes et éviter les blessures. Effectuer des coupes franches avec des outils d’élagage bien tranchants. Dépister tout au long de la saison de croissance. Assurer une fertilisation équilibrée et cultiver dans un sol bien drainé et léger.
Pour éradiquer les chancres sur les branches et le tronc, il faut tailler les arbres et enlever les branches infectées durant la période de dormance ou par temps sec, sortir les tissus infectés, les brûler ou les déchiqueter pour activer leur décomposition. Abattre les arbres qui ont des chancres trop importants sur le tronc. Aucun fongicide n’est homologue au Canada contre cette maladie.
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