La pourriture sclérotique est la maladie la plus fréquemment observée dans les bleuetières. Elle est fréquente et sévère. Elle peut causer des pertes de rendement importantes et affecter la qualité des fruits. La pourriture sclérotique affecte toutes les espèces de Vaccinium. Cette maladie a la particularité de présenter deux types d’infection : l’infection primaire (flétrissement des tiges) et l’infection secondaire (pourriture des fruits). Les cultivars Berkley et Blueray sont très sensibles à la pourriture sclérotique tandis que les cultivars Bluecrop, Duke, Northland et Patriot sont un peu plus résistants. Au champ, cette maladie se manifeste par des foyers d’infestation bien délimités.
Le champignon Monilinia vaccinii-corymbosi hiverne au sol dans les baies momifiées, sous forme de sclérotes noirs. Lorsque la température oscille entre 10 et 16 °C, des apothèces germent sur les fruits momifiés et produisent des ascospores. C’est l’infection primaire et elle coïncide avec le débourrement des bourgeons à fleurs ou le stade pointe verte des bourgeons à feuilles. C’est l’infection la plus néfaste pour la production de fruits, spécialement si plusieurs bourgeons à fleurs sont détruits. Trois à quatre semaines plus tard, des jeunes pousses ou des grappes de fleurs brunies et flétries sont visibles sur les plants. Ces organes se couvrent alors de conidies à l’approche de la floraison, c’est l’infection secondaire. Ces conidies infectent seulement les fleurs ouvertes. Les conidies germent sur le stigmate et se développent dans le style pour atteindre les cavités de l’ovaire où la maladie se développe. Les fleurs infectées produiront des fruits momifiés. Les conidies sont dispersées par les insectes pollinisateurs, le vent et la pluie.
Des printemps pluvieux favorisent la maladie. Cette maladie est plus grave dans les champs mal drainés et dans les endroits où l’air circule moins bien. Les bourgeons exposés à une période de gel deviennent très vulnérables à l'infection. Dans ce cas, l’infection est proportionnelle au temps chaud et humide. Plus il fait chaud et humide, plus l’infection sera rapide.
Feuille : présence d’un brunissement débutant à la base du limbe et progressant en prenant la forme d’un « V » le long de la nervure centrale. Les feuilles sèchent et meurent rapidement puis tombent au sol.
Fleur : brunissement et dépérissement des fleurs ouvertes ou non. Présence de spores sur les pédicelles.
Fruit : les premiers dommages se manifestent à l’intérieur du fruit. Pour vérifier la présence de la maladie au champ, il s’agit de couper des fruits verts en deux et s’ils sont infectés par le champignon, une ou des plaques blanches sont visibles dans les locules. C’est lors du murissement que les symptômes deviennent visibles à l’extérieur. Les fruits infectés prennent une coloration caractéristique variant du beige à saumon. À un stade plus avancé de la maladie, les fruits durcissent et ressemblant à une petite citrouille noire. Les fruits infectés blanchissent, ratatinent, se momifient puis tombent au sol.
Tige : présence du dépérissement de l’apex des nouvelles tiges qui prend une teinte rouge à brune et se courbe. Une coloration brune progresse de l’extrémité de la pousse vers les feuilles. Présence d’une masse poudreuse de spores blanches du champignon sur la tige juste avant ou pendant la floraison. Les tiges infectées flétrissent, cassent et tombent au sol.
Sur les fleurs et/ou les fruits, la pourriture sclérotique peut être confondue avec la moisissure grise (Botrytis cinerea – absence d’un duvet grisâtre), le virus de la brunissure nécrotique (BlScV - brûlures des fleurs, absence de fruits momifiés), l’anthracnose (Colletotrichum sp. - fruits mous et présence de spores orange) et des dommages de gel printanier (épisode de gel).
Pour limiter le développement de la pourriture sclérotique dans les bleuetières, il faut privilégier les sols bien drainés, une bonne aération entre les plants, la décomposition rapide des fruits momifiés tombés au sol et trier les fruits lors de la récolte. La lutte chimique est parfois requise si l’infection a été détectée l’année précédente. Elle sera appliquée à l’élongation des tiges ou à la floraison selon le degré d’infestation noté l’année précédente.
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