Au Québec, le chancre à Fusicoccum est fréquemment observé chez le bleuet en corymbe mais demeure une maladie mineure. Il est également rapporté chez le bleuet nain mais n’est pas une maladie économiquement importante. Tous les cultivars utilisés au Québec sont sensibles. Le cultivar Rancocas a démontré une certaine résistance. Au champ, les plants affectés sont distribués de manière éparse.
Fusicoccum hiverne sur le collet et les tiges infectés, généralement sous la forme de pycnides. Au printemps, les pycnides éjectent les conidies qui sont dispersées par la pluie et les éclaboussures d’eau. La période pour les infections s’échelonne du débourrement jusqu’à l’automne, avec une période critique à la floraison. Les périodes pluvieuses et fraîches entre le débourrement et la chute des pétales favorisent le développement de la maladie. Les conidies pénètrent dans les tissus par les blessures, les cicatrices foliaires et les lenticelles. Une température oscillant entre 10 et 22 °C et la présence d’eau libre pendant plus de 48 heures sont requis pour amorcer les infections. Au champ, les tiges séchées sont facilement détectables puisqu’elles portent des feuilles d’un rouge vif à brun roux. Ces tiges sont visibles en juillet lorsque les plants portent des fruits et qu’il fait chaud.
Feuille : jaunissement puis rougissement flamboyant de toutes les feuilles. Flétrissement, dépérissement puis chute des feuilles.
Tige : présence de taches rougeâtres localisées dans la partie basale des jeunes tiges de 1 à 2 années. Les taches entourent généralement les cicatrices foliaires. Ces taches évoluent en des chancres grisâtres entourés d’une large marge rougeâtre. En vieillissant, les chancres deviennent complètement gris et peuvent encercler la tige sur une longueur de 1 à 10 cm. La partie supérieure des tiges sèche et meurt. Généralement une à deux tiges meurent par plant, rarement tout le plant.
Ces symptômes peuvent être confondus avec la brûlure phomopsienne (Phomopsis – taches brun foncé à noires devenant grises), des blessures mécaniques, du gel hivernal (absence de lésions grisâtres) et l’anthracnose (Colletotrichum – symptôme sur fruit, trous sur tige).
Pour prévenir le développement du chancre à Fusicoccum dans les bleuetières, il faut éviter les excès de fertilisants azotés et prévenir les dommages de gels hivernaux, éliminer et détruire les tiges affectées, les mauvaises herbes entre les rangs, tailler les plants avant le débourrement des bourgeons par temps sec et désinfecter les outils de taille entre chaque plant. Ne pas tailler sévèrement les jeunes plantations car la taille peut favoriser la maladie. Les fongicides contrôlent partiellement la maladie et doivent être utilisés en prévention tout au long de la saison.
Caruso F. L. & Ramsdell D. C. (Eds) (1995). Fusicoccum Canker (Godronia Canker). Dans Compendium of Blueberry and Cranberry Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 15.
Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). Chancres de tige du bleuet en corymbe. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 207-209.
http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/Documents/CHANCRE.PDF