Le chancre botryosphaerien affecte surtout les jeunes plants de bleuets en corymbe de un à deux ans. Il est également rapporté chez le pommier, le mûrier (ronce), le saule, l’aulne, le houx et certaines plantes tropicales dont le citronnier. En Amérique du Nord, c’est une maladie importante dans le sud-est des États-Unis et son apparition a coïncidé avec l’utilisation de cultivars sensibles (Bluechip, Blueray et Jersey) et la récolte mécanique. Au Québec, cette maladie demeure occasionnelle et mineure. Au champ, les symptômes sont distribués de manière éparse.
Botryosphaeria hiverne dans les tiges infectées ou mortes. Au printemps, les spores sont dispersées par le vent et la pluie et pénètrent dans la plante par des blessures mécaniques, des dommages causés par les insectes ou le gel. Les spores germent et envahissent le système vasculaire de la plante, ce qui leur permet d’être véhiculées dans toute la plante. La majorité des infections se produisent en début de saison (mai et juin). La croissance mycélienne est optimale à 28 °C (entre 10 et 32 °C). Les symptômes apparaissent 4 à 6 semaines après l’infection. Le mode de pénétration et le stade de développement de plante influencent le type et l’ampleur du développement de la maladie. Il affecte surtout les jeunes bleuetières et cause un flétrissement rapide des tiges individuelles et éventuellement de tout le plant.
À des fins de diagnostic, une infection peut être détectée au champ sur les tiges portant des feuilles brun roux. Il s’agit de peler l’écorce et de vérifier la présence de lignes longitudinales brunes côtoyant des lignes blanches. La tige infectée peut également être coupée longitudinalement et montrer une coloration brun pâle et uniforme du bois comparativement au bois blanc d’une partie saine.
Il est possible de trouver différents stades de la maladie sur un même plant et par conséquent, différents symptômes.
Feuille : les jeunes feuilles deviennent jaunes puis rouges à brun roux puis sèchent.
Tige : décoloration beige à brune du bois sous l’écorce, souvent sur un seul côté de la tige. Le brunissement est visible sur quelques cm de tige, mais parfois sur toute la longueur de la tige.
Collet : brunissement du système vasculaire. Dépérissement rapide des plants sans l’apparition de symptômes aériens.
Plante entière : quelques tiges par plant peuvent être affectées. Le feuillage devient brun roux, mais demeure attaché aux tiges. C’est le symptôme le plus caractéristique de la maladie. Parfois il y a un dépérissement complet du plant.
Ces symptômes peuvent être confondus avec des chancres de tige causés par différents champignons (Godronia (Fusicoccum), Cytospora et Colletotrichum) ou la brûlure phomopsienne (Phomopsis sp.). Lorsque les infections sont près du collet, elles peuvent être confondues avec des blessures causées par du gel hivernal.
Pour empêcher le développement du chancre botryosphaerien, il faut avoir un bon programme de fertilisation afin d’éviter la formation de tiges succulentes. Dans les sols à forte teneur en matière organique (5 %), les nouvelles plantations doivent être établies sans fertilisation. L’utilisation de cultivars résistants à cette maladie est à considérer lors de l’établissement de bleuetières. Éviter toutes blessures permettant l’entrée du champignon dans le système vasculaire. Finalement, lorsque les plants sont infectés, il faut couper les tissus endommagés au moins 15 à 20 cm sous le symptôme ou jusqu’à l’apparition des tissus sains. Les fongicides sont peu efficaces.
Caruso F. L. & Ramsdell D. C. (Eds) (1995). Botryosphaeria stem blight. Dans Compendium of Blueberry and Cranberry Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 10-11.
http://www.ces.ncsu.edu/depts/pp/notes/Fruit/fdin009/fdin009.htm
http://articles.extension.org/pages/29307/stem-blight-of-blueberry