Rouille vésiculeuse du pin blanc
White pine blister rust
Duvet orangé formé de nombreuses télies de Cronartium ribicola sur la face inférieure d’une feuille de cassissier fortement atteinte par la rouille vésiculeuse du pin blanc.
Duvet orangé formé de nombreuses télies de Cronartium ribicola sur la face inférieure d’une feuille de cassissier fortement atteinte par la rouille vésiculeuse du pin blanc. De près, les télies ressemblent à de petites cornes gélatineuses.
Ces feuilles de cassissier sont atteintes par la rouille vésiculeuse du pin blanc. Des taches jaunâtres sont présentes à la face supérieure et des taches duveteuses orangées à la face inférieure des feuilles. 
Cassis - Rouille vésiculeuse du pin blanc (Cronartium ribicola)
Cassis - Rouille vésiculeuse du pin blanc (Cronartium ribicola)
Cassis - Rouille vésiculeuse du pin blanc (Cronartium ribicola)
Description

La rouille vésiculeuse du pin blanc est une maladie complexe causée par le champignon Cronartium ribicola, un parasite obligatoire introduit accidentellement en Amérique du Nord au début des années 1900. C’est une rouille hétéroïque, c’est-à-dire qu’elle nécessite deux hôtes non apparentés pour compléter son cycle de vie. Dans le cas présent, il s’agit du pin blanc (Pinus strobus), l’hôte principal, et des arbustes du genre Ribes (groseilliers, gadeliers, cassissiers), les hôtes alternatifs. Le champignon peut être mortel pour le pin blanc, mais son impact sur les arbustes du genre Ribes est plus faible. Cronartium ribicola est l’espèce la plus commune chez les groseilliers.

Cycle de la vie

Le cycle de la rouille vésiculeuse du pin blanc est complexe et se produit sur une période minimale de quatre ans, en alternance sur deux hôtes différents: les plantes du genre Ribes et les pins à cinq aiguilles. C’est un parasite obligatoire, c’est-à-dire qu’il ne survit que dans les tissus vivants de ses hôtes.

 À la fin de la saison, des télies se forment sur le revers des feuilles des Ribes. Ce sont des structures brunes à orangé ressemblant à des poils. À partir du mois de juillet, les spores produites par les télies, appelées téliospores, germent et produisent des basidiospores. Ces basidiospores, qui sont dispersées par le vent, s’attaquent aux aiguilles des pins blancs qui se trouvent dans un rayon d’environ 300 m. Pour que les basidiospores puissent infecter les arbres avoisinants, il faut une période minimale de deux semaines pendant lesquelles la température se maintient en-dessous de 20 °C, suivie d’une période minimale de 48 heures où l’air est saturé d’humidité. Lorsque ces conditions sont rencontrées, le champignon pénètre les aiguilles par les stomates et y passe l’hiver. Le printemps suivant, le champignon commence à s’étendre lentement dans les branches, sans causer de symptômes apparents. Des chancres apparaissent progressivement seulement 12 à 18 mois plus tard. L’écorce devient boursouflée et prend une coloration jaune orangé, au même rythme que le champignon croît dans le phloème de l’arbre. Au printemps de la troisième ou quatrième année suivant le début de l’infection, des spermagonies (ou pycnies) germent sur l’écorce nécrosée. Elles se manifestent sous la forme de minuscules pustules orangées qui suintent un liquide contenant les spermaties. Le printemps suivant, de grosses cloques blanches (écidies) remplies d’écidiospores orange leur succèdent. Entre mai et juin, les écidies blanches sont faciles à dépister. Le moment venu, elles se rompent et libèrent les écidiospores qui se dispersent par le vent et vont infecter les feuilles des Ribes. Elles germent sous ces feuilles et forment des urédies environ 10 jours plus tard. Plusieurs générations d’urédospores se succèdent pendant l’été et infectent les feuilles d’autres groseilliers et cassissiers. À la fin de l'été ou au début de l’automne, des télies se forment à la face inférieure des feuilles de Ribes. Les télies produisent des téliospores puis les basidiospores qui infectent les aiguilles des pins, complétant ainsi le cycle de la maladie.

Symptômes et dommages

Sur le pin:

Feuille (aiguille) : Présence de points jaunes qui apparaissent sur les aiguilles à la suite de l’infection par les basidiospores l’automne précédent.

Tige/tronc :
Un ou deux ans après le début de l’infection des aiguilles, on peut voir apparaître les premiers symptômes sur les branches et le tronc. À ce stade, on observe aisément des renflements sur l’écorce, qui prend une couleur jaune orangé. Ce symptôme précède la formation d’un chancre fusiforme et l’apparition de gouttelettes orangées, les spermagonies, sur les tissus nécrosés. De la résine suinte abondamment des zones affectées. Des fructifications fongiques qui ressemblent à de grosses pustules blanches se développent sur les chancres à la troisième année du cycle d’infection. Ces cloques globuleuses correspondent aux écies du champignon. Le moment venu, les écies se rompent et libèrent un nuage de poudre orangée, les éciospores. Si les branches malades ne sont pas coupées, le chancre peut atteindre le tronc, le ceinturer complètement et faire mourir l’arbre. À distance, on observe des chicots (flagging branch). Le feuillage jaunit, devient brun rougeâtre et fléchit.

Sur les Ribes:

Feuille : Durant l’été, de petites taches jaune pâle apparaissent sur la face supérieure des feuilles infectées. Elles correspondent à des cloques jaune orangé (urédies) situées sur la face inférieure. À la fin de l'été, les feuilles présentent des taches et des zones nécrotiques plus développées, et s'enroulent légèrement. De minuscules cornes orangées et gélatineuses se forment progressivement sur les lésions des urédies. Il s’agit des télies, un autre type de structure de reproduction du champignon, qui sont visibles à l'œil nu.

 Fruit : Il y a présence de taches jaunes et diminution de la production.

Ne pas confondre

Les structures fongiques orangées sous les feuilles des Ribes sont très typiques de la rouille vésiculeuse du pin blanc et permettent de reconnaître la maladie assez aisément.

Méthodes de lutte

Prévention : Étant donné que la rouille vésiculeuse du pin blanc occasionne d’importantes pertes économiques pour l’industrie forestière, il est recommandé de planter les groseilliers et les cassissiers à au moins 1,6 km des pins blancs. Lors de la plantation de cassissiers, il est fortement recommandé d’opter pour des cultivars résistants à la rouille vésiculeuse du pin blanc. En Amérique du Nord, plusieurs cultivars de Ribes sont résistants à cette maladie.