Le virus du sommet touffu de la pomme de terre (Potato Mop-Top Virus ou PMTV - Furovirus) est présent dans toutes les régions productrices de pommes de terre. Il affecte les solanacées (plantes cultivées et adventices) et les chénopodiacées. Le PMTV est occasionnel et mineur parce que son vecteur vit dans le sol, ce qui limite la dissémination du virus à des surfaces de production plus restreintes. Par contre, chez certains cultivars, il peut causer des baisses importantes de rendement et de qualité des tubercules, principalement dans les régions au climat plus frais avec des sols plus humides (régions côtières). Le PMTV est réparti très irrégulièrement dans la plante de sorte que des tiges infectées peuvent avoir des feuilles saines ou des feuilles infectées avec certaines folioles saines. Les pertes de rendement sont liées à la perte de la qualité des tubercules.
Le PMTV est transmis par le champignon responsable de la gale poudreuse de la pomme de terre, Spongospora subterranea. Le PMTV hiverne plusieurs années (environ 18 ans) dans le sol à l’intérieur des spores de conservation du champignon ou sur les plantes hôtes. Lorsque les conditions du sol sont fraîches (12 à 20 °C) et humides, les spores de conservation de S. subterranea germent et libèrent des zoospores mobiles qui servent de vecteur au virus. En présence d’un film d’eau, les zoospores nagent sur de courtes distances vers les organes souterrains (racines, stolons et jeunes tubercules) pour y pénétrer. Le PMTV est alors introduit dans les organes. Les infections se produisent seulement lors de la formation des stolons et de la tubérisation, période qui s’échelonne sur 3 à 4 semaines.
Le développement des symptômes est favorisé par des variations importantes de température. Les tubercules près de la surface du sol montreraient plus de symptômes à cause de la variation de la température et les tubercules passant du champ aux entrepôts. La maladie est présente dans les sols mal drainés ou à texture lourde (ex. : sols argileux). Le taux de transmission du virus entre le plant porteur et la descendance est relativement faible (entre 20 et 50 %) et en l’absence du vecteur, le PMTV s’élimine lui-même après trois générations. L’utilisation de tubercules de semence issus de plants virosés par le PMTV ne contaminerait qu’un nombre limité de tubercules la saison suivante. Par conséquent, les nouvelles contaminations se font essentiellement par la terre ou le transport de la terre entre les champs.
Les symptômes sont fonction des cultivars de pomme de terre et des conditions de croissance. Parfois, les plants expriment des symptômes et d’autres fois, ils sont asymptomatiques. Les symptômes foliaires et sur les tiges sont liés uniquement à l’utilisation de tubercules de semence infectés.
Feuille : présence de taches jaune vif, en anneaux ou sous la forme de lignes sur les feuilles basales ou médianes. Occasionnellement, les jeunes feuilles montrent du jaunissement en forme de « V » appelé chevrons chlorotiques ou mosaïque. Elles peuvent également être plus petites avec une marge gaufrée ou enroulée. Des feuilles entières ou des folioles d’une ou de quelques tiges seulement montrent des symptômes.
Tige : présence d’entrenoeuds courts au sommet de la tige, ce qui donne un aspect touffu au sommet.
Tubercule : dans la chair, présence de nécroses annulaires composées de lignes, d’arcs ou d’anneaux nécrotiques brun rougeâtre, presque continus (appelé "spraing"). Sur les cultivars très sensibles, le périderme montre la présence d’anneaux concentriques superficiels, mais en relief, ou de lignes brun rougeâtre. Présence parfois de déformations (crevasses, peau réticulée).
Plant : présente du nanisme et l’aspect d’une touffe.
Sur les tubercules, le PMTV peut être confondu avec le virus du bruissement du tabac (TRV – dans la chair des tubercules, présence de lignes ou d’arcs discontinus causés par des nématodes), le virus de la mosaïque de la luzerne (AMV – dans la chair des tubercules, présence d’arcs ou d’anneaux concentriques débutant au talon) et le virus Y de la pomme de terre (souche nécrogène) (PVYntn – absence d’arcs nécrotiques dans la chair des tubercules).
Le contrôle du PMTV passe par la gestion du virus et du champignon Spongospora. Il faut utiliser des semences certifiées exemptes de maladie, des cultivars tolérants ('Russet Burbank', 'Shepody', 'Yukon Gold', etc.) et faire une rotation des cultures (> 6 ans) avec des plantes non hôtes. Cultiver dans des sols ayant un bon drainage et une texture grossière (sableux) et enlever les plants de pommes de terre infectés. Éviter de trop irriguer, de cultiver la pomme de terre dans des champs avec des antécédents de la maladie ou avec un mauvais drainage et de transporter du sol d’un champ infesté à un champ sain. Au Québec, la lutte chimique contre Spongospora est inexistante. Conserver les tubercules selon les conditions d’entreposage recommandées.
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http://www.inspection.gc.ca/vegetaux/phytoravageurs-especes-envahissantes/maladies/vstpt/fiche-de-renseignements/fra/1327452784025/1327452899956
http://plantdepommedeterre.org/index/virus-du-mop-top-pmtv
https://extension.umaine.edu/publications/2437e/
https://www.ag.ndsu.edu/publications/crops/potato-tuber-viruses-mop-top-management
https://potatoes.ahdb.org.uk/media-gallery/detail/13214/2659