Les nématodes sont des vers microscopiques, non segmentés, cylindriques, translucides et invisibles à l’œil. L’utilisation d’un microscope est essentielle afin de pouvoir les observer, car ils ne mesurent que 0,5 à 0,8 mm de longueur. Comme tous les nématodes phytopathogènes, les Meloidogyne sont munis d’un stylet leur permettant de s’alimenter.
Différentes espèces de Meloidogyne affectent la laitue, mais au Québec, seul Meloidogyne hapla a été observé. Il est appelé le nématode cécidogène du nord et cause la nodosité des racines. Il affecte de nombreux légumes cultivés en serre et en champ, dont les légumes-racines, les légumes-feuilles, les légumes-fruits, les crucifères, les légumineuses et les bulbes comestibles. La laitue est parasitée par au moins douze espèces de nématodes, mais seulement quelques-unes sont d’importance économique dont le nématode cécidogène du nord et le nématode des lésions racinaires (Pratylenchus penetrans). Les autres espèces de Meloidogyne (M. arenaria, M. incognita, M. javanica) préfèrent les climats plus chauds ou sont observées en serre. La grosseur des galles est un indicateur de l’espèce de Meloidogyne. Meloidogyne hapla produit de petites galles plutôt rondes (< 2 mm de diamètre) et une abondance de racines latérales (radicelles) tandis que les autres espèces produisent des galles supérieures à 5 mm de diamètre et des chapelets de renflements de galles répartis le long des racines.
Chez la laitue feuille, les pertes de rendement sont liées au faible développement des plants et dans le cas de la laitue pommée, à la perte de la qualité de la pomme. Le nématode retarde la maturité et empêche la formation de la pomme. L’ampleur des dommages est corrélée avec le niveau de nématodes dans le sol lors de la plantation. Plus les populations sont importantes en début de saison, plus les dommages seront importants.
Meloidogyne hapla est un nématode endoparasite sédentaire qui complète son cycle de développement à l’intérieur des tissus. On les trouve principalement dans les sols sableux à cause de leur grande porosité. Meloidogyne hapla est occasionnel dans les sols, mais cause des dommages importants. Au champ, les dommages apparaissent en foyer ou dans le sens de la machinerie. En laboratoire, une coupe transversale des galles racinaires permet de visualiser les femelles matures, qui sont blanches et en forme de poire ou de goutte d’eau.
Le nématode M. hapla hiverne dans les sols infestés (1 à 3 ans), les plantes infectées et les tas de déchets (racines). Leur dissémination est assurée par l’eau (ruissellement, drainage, irrigation), les plants contaminés, le sol, la machinerie, les outils et les travailleurs (mains, pieds). Meloidogyne hapla est un endoparasite sédentaire qui a six stades de développement soit un stade œuf, quatre stades juvéniles (larvaires) (J1 à J4) et un stade adulte. Tous les stades ont la forme d’un ver et sont mobiles (sauf stade œuf). Au printemps, les œufs permettent le développement du stade juvénile 1 (J1) dans l’œuf qui libère éventuellement le stade juvénile 2 (J2) dans le sol. Les J2 se déplacent, sur de courtes distances, dans un film d’eau, sont attirés par des exsudats racinaires et migrent vers les racines où ils piquent leur apex pour y pénétrer. Meloidogyne hapla envahit les racines lorsque la température du sol varie entre 5 et 35 °C (optimum entre 15 et 20 °C). Les J2 se logent ensuite dans la stèle où ils deviennent sédentaires et injectent des sécrétions dans les cellules périphériques pour stimuler la formation de cellules nourricières qui servent à son alimentation tout au long de son développement. Deux stades juvéniles (J3 et J4) se développent dans les racines. Les J4 relâchent, à travers leur vieille cuticule, un adulte, mâle ou femelle. Les mâles ont la forme d’un ver tandis que les femelles sont en forme de poire. Le mâle n’est pas requis pour la reproduction. La femelle pond ensuite ses nombreux œufs (entre 500 et 1 000) dans une matrice gélatineuse à l’extérieur de la racine lorsque la température du sol se situe entre 15 et 30 °C (optimum entre 20 et 25 °C). Cette matrice gélatineuse protège les œufs et permet de les conserver sur une longue période. Les J2 qui sont libérés des œufs peuvent réinfecter les nouvelles racines. Le cycle est complété entre 3 à 8 semaines selon la température du sol. Plusieurs générations ont lieu au cours d'une saison. Meloidogyne hapla, contrairement aux autres espèces de Meloidogyne, se conserve dans les sols qui gèlent (stades œufs et juvéniles).
Les symptômes foliaires sont rares et visibles seulement dans les cas d’une infection sévère et lorsque les plants sont en déficit hydrique.
Plantule : les plantules infectées ne couvrent pas toute la surface des plateaux de semis contrairement aux plants sains.
Feuille : les jeunes feuilles sont plus petites et jaunes. Les vieilles feuilles jaunissent puis sèchent prématurément. Les pommes sont plus petites, pâles et plus lâches.
Racine : présence de petites galles sphériques blanches à beiges sur les grosses racines et les racines latérales, avec une prolifération de racines autour des galles. Les racines sont courtes et ramifiées et les racines latérales sont moins nombreuses. Diminution du volume racinaire.
Plant : nanisme, manque de vigueur et flétrissement aux heures les plus chaudes de la journée. Les plants dépérissent, mais meurent rarement.
Sur les feuilles, le jaunissement causé par le nématode peut être confondu avec celui causé par une carence minérale.
Pour lutter contre M. hapla, il faut faire identifier et dénombrer les nématodes dans des échantillons de sols, particulièrement les sols sableux, en acheminant un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ. En cours de saison, un échantillon composé de sol et de racines peut être prélevé près des plants infectés pour vérifier la présence de nématodes. Pour M. hapla, le seuil de nuisibilité varie selon le type de sol. Une rotation des cultures (1 à 2 ans) avec les céréales (blé, orge, avoine et seigle) et quelques graminées et un contrôle des mauvaises herbes permettent de limiter le développement des populations de Meloidogyne. Les transplants pour le champ sont parfois infectés, s’assurer de produire des transplants de qualité.
Richard C. & Boivin G. (1994). Nématode cécidogène du nord de la carotte. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d'Entomologie du Canada, Canada. p. 82-84. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch6-carotte.pdf)
Subbarao K. V., Davis R. M., Gilbertson R. L. & Raid R. N. (2017). Root-Knot Nematode. Dans Compendium of Lettuce Diseases and Pests. 2è éd. APS Press, The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 96-97.
https://www.agrireseau.net/documents/Document_96635.pdf
http://ephytia.inra.fr/fr/C/5900/Salades-Meloidogyne-spp
http://www.cabi.org/isc/datasheet/33244
https://www.apsnet.org/edcenter/intropp/lessons/nematodes/pages/rootknotnematode.aspx
http://vegetablemdonline.ppath.cornell.edu/factsheets/RootKnotNematode.htm