Dans les sols, le bore se retrouve majoritairement dans la matière organique et devient disponible lorsque la matière organique est décomposée par l’activité microbienne. La majorité du bore est disponible dans les dix premiers centimètres de sol pour le prélèvement par les plantes. Dans la solution du sol, le bore est présent sous la forme non ionique, il n’est donc pas lié aux colloïdes du sol. À cause de cette particularité, le bore est un élément du sol très mobile, mais facilement lessivable. De plus, il est fortement absorbé par les hydroxydes de fer ou d’aluminium. Chez les dicotylédones, le bore est l’élément mineur le plus fortement sollicité. Par contre, la carence en bore est rarement observée excepté sur des cultures sensibles comme certains légumes (brocoli, betterave sucrière, carotte, rutabaga), la fraise, quelques plantes ornementales (impatiente, verveine), la luzerne et le tabac.
Dans la plante, le bore joue un rôle essentiel dans le développement des parois cellulaires, la division cellulaire, le transport et l’utilisation des sucres, la pollinisation et le développement des fruits et des graines. Le bore est relativement immobile dans la plante et difficilement acheminé vers les points de croissance (bourgeons, jeunes feuilles et fleurs). Le bore et le calcium ont un comportement similaire dans la plante.
En général, la carence en bore est occasionnelle et mineure chez la majorité des plantes. Certaines plantes sont plus exigeantes que d’autres (crucifères, maïs) et à l’occasion, elle peut causer des pertes économiques importantes. Chez la vigne, les cépages Ste-Croix, Seyval et St-Pepin montrent une certaine sensibilité à cette carence. Au champ, une méthode simple permet de vérifier si le bore est responsable des symptômes. Il s’agit de faire une application foliaire de bore sur un groupe de plants et d’effectuer un suivi sur les parties apicales au cours des jours suivants et de voir si les plants se rétablissent.
Bourgeon terminal : peut brunir, être déformé, desséché et mourir. Parfois chute prématurée des bourgeons. Chez la vigne, les plants carencés l’année précédente auront, le printemps suivant, des bourgeons pouvant donner des pousses stériles, courtes ou déformées.
Feuille : présence d’un jaunissement à rougissement de la marge des jeunes feuilles qui progresse entre les nervures. Des brûlures succèdent aux anomalies de coloration. Les feuilles sont petites, déformées et le pétiole est plus épais.
Fleur : peuvent être plus petites, déformées, desséchées et mourir. Diminution du nombre de fleurs et parfois chute prématurée.
Fruit : peuvent être petits, déformés, bosselés et allongés et avec des anomalies de coloration. Chez la vigne, le fruit peut être mou et avoir une pelure ridée. Parfois avortement des raisins (millerandage) ou non-homogénéité du calibre sur une même grappe. Parfois chute prématurée des jeunes fruits (coulure).
Tige : fragile, cassante et courte. Épinastie et entrenœuds courts. La partie terminale est affectée en premier. Prolifération de tiges donnant un aspect de « balai de sorcière » ou de "zipper".
Vrille : renflement en forme de bouton brun à noir, dessèchement et mort. Seules les vrilles à l’extrémité des pousses sont affectées.
Plant : ont une croissance réduite, avec la mort des points de croissance. Mauvais aoûtement.
La carence en bore chez la vigne peut être confondue avec la carence en magnésium (feuilles en cuillère) ou en fer (jaunissement internervaire), la brûlure bactérienne (Xanthomonas ampelina), des dommages d’insectes (thrips et acariens) et le virus de la mosaïque en rosette du pêcher (PRMV).
Pour éviter la carence en bore, il faut irriguer pour maintenir une humidité constante du sol, cultiver dans des sols bien drainés, faire des analyses de sol régulièrement, maintenir un pH adéquat selon la culture et augmenter le niveau de matière organique des sols. On peut lutter contre la carence en bore par des applications au sol ou des traitements foliaires de bore soluble (Solubor, Borax). Il faut faire attention avec ces produits, car les taux d'application sont très faibles et il est facile d'en appliquer de façon excessive.
Pearson R. C. & Goheen A. C. (Eds) (1998). Boron. Dans Compendium of Grape Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 66.
http://www.vignevin-sudouest.com/publications/fiches-pratiques/carence-toxicite-bore.php
http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/english/grapes/plant-nutrition/boron.html
https://www.awri.com.au/wp-content/uploads/4_nutrition_trace_elements.pdf