Bremia lactucae est un parasite obligatoire de la classe des oomycètes rapporté pour causer le mildiou chez un grand nombre de plantes de la famille des astéracées. Il tue rarement ses hôtes puisqu’ils sont nécessaires à sa survie. Le mildiou est une des maladies les plus importantes de la laitue à travers le monde. Il affectionne les périodes prolongées d’humidité (pluie, rosée, brouillard, irrigation par aspersion) et de temps frais. Chez la laitue, le mildiou est fréquent et sévère, autant en champ qu’en serre, mais la laitue de serre, cultivée sous des conditions froides ou modérément chauffées, l'est davantage. Bremia a de grandes facultés d’adaptation qui conduisent à l’apparition de nouvelles races de Bremia et au développement de souches de Bremia résistantes aux matières actives des fongicides. Il y a également plusieurs races physiologiques du champignon qui sont spécifiques à une culture. À titre d’exemple, les races pathogènes pour la laitue ne le sont pas pour l’artichaut et vice versa. Les plants affectés sont distribués en foyer ou de manière éparse. Les dommages sont essentiellement observés tôt au printemps ou tard à l’automne. Les attaques sont généralement graves et peuvent compromettre la récolte. Lors d’une infection sévère, la maturité des laitues est retardée ou la qualité est inférieure la rendant invendable. Lorsque l’infection est faible, le parage des laitues est plus important à la récolte, la laitue baisse de grade et la durée de conservation en postrécolte est diminuée.
Bremia lactucae se conserve sous la forme d’oospore ou de mycélium dans les tissus morts de la culture infectée, les débris végétaux et les laitues cultivées ou sauvages (Lactuca serriola). Au printemps, les oospores germent et produisent des sporanges dont la durée de vie est courte (4 à 6 jours). Les sporanges sont dispersés par le vent et les éclaboussures d’eau sur les feuilles de laitue ou autres astéracées. L’eau sur les feuilles ou une humidité élevée favorise la germination des sporanges. Les sporanges germent directement sur la feuille, entre 5 et 24 °C (optimum à 15 °C), en produisant un haustorium qui leur permet de pénétrer directement la cuticule et les cellules épidermiques de la plante hôte. Il pénètre rarement par les stomates. Le champignon demeure latent dans les feuilles tant que les conditions ne sont pas propices à son développement.
Les infections secondaires sont initiées sur les feuilles humides lorsque le champignon sporule à la face inférieure de la feuille. Les sporangiophores émergent à partir des stomates durant la nuit en présence de forte humidité (près de 100 %) et d’une température variant entre 5 et 10 °C. Les sporanges sont relâchés tôt le matin à la faveur de la diminution de l’humidité relative (50 et 90 %) et de l’augmentation de la température (13 à 20 °C). Ils sont facilement dispersés par le vent, les courants d’air et les éclaboussures d’eau sur des courtes ou de longues distances. Les sporanges sont responsables de la grande majorité des contaminations. Leur germination est favorisée lorsque la température se situe entre 10 et 15 °C, favorisant un nouveau cycle de la maladie. La survie des sporanges est fonction de la température et de l’intensité de la radiation solaire. Le cycle de la maladie est d’environ 4 à 7 jours, au terme duquel le duvet blanc apparait. En fin de culture, les oogones se forment dans les tissus de culture infectée et sont les organes de survie de l’agent pathogène. Lorsque toutes les conditions sont réunies, cette maladie peut causer de graves épidémies. À l’opposé, une brève exposition du champignon au soleil et à une humidité relative basse peut le rendre inactif.
Les symptômes sont visibles essentiellement sur les feuilles, mais parfois sur la tige et les racines lors d’une infection systémique.
Plantule : présence d’un duvet blanc sur les cotylédons puis sur les vraies feuilles. Les feuilles jaunissent avec parfois un enroulement de la marge. Les plantules rabougrissent et meurent. Lors d’une forte attaque, les deux faces des cotylédons sont complètement colonisées par le champignon. Les plantules sont plus sensibles que les plants matures et leur infection se fait en 2 à 3 heures en présence d’humidité ou d’eau sur les feuilles.
Feuille : à la face supérieure, présence de taches vert pâle à jaune sur le limbe ou à la marge, plutôt angulaires, étant délimitées par les nervures secondaires. Les taches se dessèchent précocement et deviennent brun pâle. À la face inférieure, vis-à-vis les taches visibles ou non à la face supérieure, présence de fructifications blanches, composées de sporangiophores émergeant des stomates, ce qui cause l’apparition d’un feutrage ou duvet blanc, plus ou moins dense. Les symptômes se manifestent en premier sur les feuilles extérieures puis sur les feuilles médianes et les feuilles du cœur. Les taches peuvent se regrouper, causer des nécroses puis la mortalité des feuilles.
Tige et racine : brunissement à noircissement du système vasculaire.
Le mildiou peut être confondu avec des symptômes de blanc (oïdium). Le mildiou se différencie du blanc par son besoin absolu d’eau libre pour causer les infections. Contrairement au mildiou, le blanc se retrouve autant à la face supérieure qu’inférieure et ne requiert pas d’eau libre pour sa germination.
Pour prévenir le développement du mildiou de la laitue, il faut utiliser des transplants de qualité, des variétés de laitue résistantes aux races présentes dans sa région ce qui permet de limiter et de retarder l’apparition de nouvelles races de Bremia et effectuer des traitements fongiques en prévention. Choisir judicieusement les matières actives, car des souches de Bremia sont résistantes à certains fongicides. La laitue doit être cultivée dans des sols bien drainés, sur buttes, sur des sites ensoleillés, sans ombrage ni humidité, qui favorisent l’assèchement rapide du feuillage (bonne aération). Faire du dépistage rigoureux des plants surtout sur les vieilles feuilles, assurer un bon espacement entre les plants pour diminuer l’humidité entre les plants. Dans la mesure du possible, éviter l’irrigation par aspersion, sinon l’utiliser en après-midi, et les sites ombrageux. Assurer une fertilisation équilibrée, une longue rotation des cultures (> 3 ans) avec des plantes non hôtes. Éliminer la laitue sauvage et les déchets de culture et les enfouir profondément dans le sol. Éviter de planter des cultures hâtives ou tardives dans des champs où le mildiou a déjà sévi, sur des sols mal drainés ou dont la circulation de l’air entre les plants est mauvaise.
En serre, en plus des méthodes préconisées pour le champ, il faut contrôler les facteurs climatiques pour éviter la condensation de l’eau sur les feuilles, soit en combinant le chauffage et la ventilation, soit en augmentant la température de la serre la nuit (> 16 °C). Dans la mesure du possible, prévoir des plantations moins denses, éviter d’irriguer le matin et en fin de journée et nettoyer et désinfecter les serres entre chaque culture.
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