Moisissure grise
Pourriture grise
Grey mold
Botrytis blight
Sur des feuilles de fraisier, des pétales se sont déposés et accolés aux feuilles, créant des taches ou des brûlures brunes et un jaunissement du limbe (voir flèches). Ces symptômes sont causés par le champignon Botrytis cinerea, responsable de la moisissure grise. En s’accolant aux feuilles, les pétales ont créé un film d’humidité entre la feuille et les pétales et cette humidité a offert les conditions propices au développement de la moisissure grise. Dans ce cas, les pétales étaient porteurs d’une infection latente de la maladie.
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Fraise - Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Description

La moisissure grise est une maladie importante chez de nombreuses cultures. Chez la fraise, elle est fréquente et sévère. Les infections par Botrytis sont initiées lors de la floraison, mais demeurent latentes jusqu’à la mise à fruits. C’est lors de la maturation des fruits que la maladie s’exprime, car le contenu élevé en sucres des fruits favorise le développement de Botrytis. La maladie se manifeste parfois au champ, mais elle est surtout visible sur les fruits mûrs et récoltés. Les pertes en postrécolte peuvent être très élevées lors de saisons pluvieuses ou humides. Toutes les variétés de fraises sont sensibles à Botrytis, mais certaines le sont plus que d’autres (Annapolis, Glooscap, Kent, Micmac, Redcoat et Sable). Les symptômes apparaissent généralement en foyer et la maladie se propage rapidement.

Cycle de la vie

Le champignon hiverne dans le sol et les débris végétaux sous la forme de mycélium, de conidies ou de sclérotes. Sous la forme de sclérotes, Botrytis peut persister plusieurs années dans le sol, mais sous cette forme, Botrytis a peu d’impact dans les fraisières. C’est le stade conidie qui est la principale source d’inoculum dans les fraisières et elle provient des vieilles feuilles mortes. Le champignon est dispersé par le vent, les courants d’air, l’eau (pluie, irrigation par aspersion, condensation), les outils, les insectes et les travailleurs. Les infections ont lieu lorsque les conditions sont humides (> 90 %), fraîches à tempérées (15 à 25 °C) et lorsqu’un contact est assuré avec de l’eau libre pendant 6 à 24 heures. Le champignon pénètre dans les tissus par des blessures diverses, les tissus sénescents et rarement par les tissus sains. Les fleurs et les fruits sont plus sensibles aux infections que les feuilles saines.

Symptômes et dommages

Feuille : les symptômes apparaissent généralement lorsque des parties de fleur tombent sur les feuilles. Les taches sont circulaires, avec ou sans jaunissement du limbe, débutant près de la marge. Elles se couvrent d’une sporulation grisâtre.
 
Fleur : toutes les parties de la fleur peuvent être affectées et brunir. Une sporulation brunâtre apparait sur ces tissus. Une ou plusieurs fleurs d’une même grappe peuvent être touchées. Les fleurs sont très réceptives aux conidies du champignon 2 à 3 jours après l’ouverture de celles-ci. Botrytis croit rapidement dans le filet des étamines et le réceptacle et plus lentement dans le pistil. C’est pourquoi la pourriture débute souvent dans la zone du calice (sépales). Les fleurs fermées ne sont pas affectées.
 
Fruit : se manifeste n’importe où sur le fruit, mais débute généralement près du calice ou du pédicelle, dans la zone du calice. Les fruits infectés brunissent, sèchent et se momifient. Ils portent souvent une sporulation grisâtre.

Ne pas confondre

Sur les fruits, cette maladie peut être confondue avec la pourriture amère (Phytophthora cactorum), l’anthracnose (Colletotrichum acutatum) et la moisissure chevelue (Rhizopus stolonifer). Dans les deux premiers cas, il y a absence de sporulation grisâtre.

Sur les feuilles, la brûlure phomopsienne (Phomopsis obscurans) et la tache foliaire (Zythia fragariae) causent des symptômes similaires.

Sur les fleurs, les dommages peuvent être confondus avec une carence en calcium, la tache commune (Mycosphaerella fragariae), la tache pourpre (Marssonina fragariae) ou la tache angulaire (Xanthomonas fragariae).

Méthodes de lutte

Pour contrer le développement de la moisissure grise, il faut éliminer les mauvaises herbes, les résidus de culture de toutes les plantes affectées par Botrytis et le vieux feuillage lors de la rénovation. Assurer une bonne circulation d’air entre les plants par la taille, éviter les excès d’engrais azotés et l’irrigation par aspersion. Pour être efficaces, les traitements fongiques doivent être réalisés lors de la floraison et une rotation des familles de fongicides est à privilégier afin de retarder le développement de la résistance. Des traitements biologiques sont également disponibles (ex. : Trichoderma). En postrécolte, les fruits doivent être manipulés avec soin afin d’éviter les blessures et refroidis rapidement. Éviter de cueillir les fruits trop mûrs.

Références et liens

Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). Moisissure grise du fraisier. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 20-22.

Maas J. L. (Eds) (1998). Botrytis Fruit Rot (Gray mold) and Blossom Blight. Dans Compendium of Strawberry Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 28-31.

http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/strawberries/diseases-and-disorders/botrytis.html