Phytophthora est un oomycète (règne des Chromistes) qui affectionne l’eau. Les dommages s’observent sur les plants cultivés dans les sols lourds, compactés, à drainage déficient ou dans les baissières. Il affecte une vaste gamme d’hôtes et différents organes. Phytophthora fragariae var. fragariae est spécifique au fraisier, il ne cause pas de symptôme sur le framboisier. La stèle rouge est une maladie occasionnelle, mais sévère. Les cultivars montrent une sensibilité variable. Plusieurs variétés sont résistantes (Annapolis, Brunswick, Cabot, Cavendish, Mira, Sable, Sparkle), d’autres sont tolérantes (Wendy et Mohawk) et certaines variétés sont sensibles (Veestar, Glooscap, Jewel, Kent, Micmac). Les plants affectés par la stèle rouge sont généralement regroupés en foyers qui s’agrandissent pour former de larges zones où les plants dépérissent.
Phytophthora hiverne principalement sous la forme d’oospores dans le sol ou dans les racines (oospores ou mycélium). Ces oospores sont résistantes à la dessiccation et aux températures froides et peuvent demeurer viables dans le sol plusieurs années (2 à 12 ans). Au printemps, lorsque le sol est saturé en eau, les oospores germent et produisent des sporanges. Ces sporanges germent directement sur les tissus ou relâchent des zoospores biflagellées mobiles. Les sporanges sont dispersés par le vent et l’eau tandis que les zoospores sont attirées par des exsudats émis par les racines et nagent vers elles pour les envahir. Il se nourrit en premier de ces exsudats racinaires avant d’attaquer l’extrémité des racines, détruisant ainsi les poils absorbants. Par la suite, il colonise la racine. Il peut également être introduit au champ lors de la plantation de plants asymptomatiques, mais infectés, par l’apport de sol contaminé, la machinerie agricole et l’eau de surface.
Les infections se produisent lorsque la température du sol varie entre 1 et 10 °C. Par la suite, Phytophthora fragariae var. fragariae se développe dans les tissus lorsque la température du sol varie entre 10 et 15 °C, sous une humidité relative élevée et lorsque de l’eau est présente sous différentes formes. Les symptômes s’observent généralement lorsque les conditions climatiques sont chaudes et sèches, car la perte d’eau par le feuillage ne peut être compensée par les racines affaiblies. Le dépérissement est souvent observé lors de la fructification.
Les symptômes caractéristiques sont observés sur les racines.
Feuille : anomalies de colorations variées sur les feuilles basales. Dessèchement, flétrissement et dépérissement des feuilles basales. Les jeunes feuilles sont petites mais demeurent vertes.
Collet : les plants gravement affectés montrent une coloration rouge à brunâtre du système vasculaire et parfois de la moelle.
Racine : coloration rougeâtre, pourpre ou brunâtre de la stèle. Les racines principales présentent une pourriture brune à noire débutant à l’extrémité et ont une apparence de « queue-de-rat » étant donné la destruction complète des radicelles.
Plant : ont une croissance ralentie et demeurent nains. Flétrissement et faible production de stolons et de fruits.
La stèle rouge peut être confondue avec la verticilliose (Verticillium – stèle intacte et collet sain), la pourriture noire des racines (complexe fongique – racines noires et stèle intacte), le pourridié phytophthoréen (Phytophthora cactorum – racines blanches et collet rougeâtre à brun), des dommages causés par le nématode des racines (Pratylenchus – dans des sols légers), le charançon de la racine du fraisier (Otiorhynchus ovatus - présence de larves) et des problèmes non parasitaires comme le gel hivernal (brunissement du collet débutant à la base) et un excès d’eau causant une asphyxie racinaire (pourriture des racines).
Pour diminuer l’incidence de Phytophthora dans les fraisières, il faut cultiver sur des sols bien drainés et sur billons, éviter les baissières, s’assurer de la qualité de l’eau d’irrigation, acheter du matériel végétal sain et certifié et choisir des cultivars résistants. Un bon dépistage au printemps et au début de l’été permet de déceler les plants flétris lors des journées chaudes. Une coupe longitudinale des racines principales permet parfois d’observer la stèle rouge directement au champ. La lutte chimique donne des résultats mitigés.
Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). La stèle rouge du fraisier. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec) (Ed). p. 30-32.
Maas J. L. (Eds) (1998). Red Stele Root Rot. Dans Compendium of Strawberry Diseases. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 48-50.
http://www.agrireseau.qc.ca/lab/documents/Phytophthora%20petits%20fruits%20E.pdf
http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/strawberries/diseases-and-disorders/red-stele.html#advanced