La brûlure des dards est une des maladies les plus importantes du framboisier avec l’anthracnose. Elle est spécifique au Rubus (framboisier rouge, pourpre, noir, jaune, et mûrier) mais affecte particulièrement le framboisier rouge. Elle est fréquente et mineure, mais devient importante avec le vieillissement des framboisières. Elle constitue tout de même un danger dès les premières années de production, particulièrement lors des années pluvieuses. La brûlure des dards affecte le rendement, rend les plants plus sensibles aux températures froides de l’hiver et raccourcit la durée de vie des framboisières.
Le champignon hiverne sur les tiges infectées sous la forme de pseudothèces (ascospores), de pycnides (conidies) ou de mycélium (conidies). Au printemps, lorsque les tiges annuelles atteignent environ 30 à 50 cm de longueur, des spores et des conidies sont libérées et infectent les bourgeons, les jeunes feuilles mais surtout les jeunes tiges. Ces structures fongiques sont dispersées par l’eau (la pluie et les éclaboussures d’eau) et le vent. Les premières infections se développent à la jonction du pétiole et de la tige, là où l’eau séjourne plus longtemps. Les ascospores sont libérées entre avril et août avec une éjection maximale en mai. Les premiers symptômes apparaissent en juin ou juillet dans la partie basale des primocanes. Les conditions favorables au développement du champignon sont une humidité élevée, des pluies fréquentes et une température chaude. La maladie se développe surtout dans le tiers inférieur des tiges car l’humidité y est plus élevée.
Bourgeon : sont petits, fanent ou ne débourrent pas. Les dards latéraux infectés présentent un nombre réduit de fleurs et sont sensibles au froid de l’hiver.
Feuille : à l’apex des folioles des tiges annuelles, présence d’une brûlure brune en forme de « V » et bordée d’un jaunissement. La brûlure progresse sur la nervure centrale puis vers le point d'attache des feuilles dans la région du nœud portant le bourgeon. La partie la plus large du « V » est tournée vers la pointe de la foliole. Les feuilles jaunissent puis tombent ne laissant sur la tige que les pétioles.
Tige : présence de taches brunes ou bleutées à la base des nouvelles tiges, en dessous ou autour du point d’attache des feuilles au niveau d’un nœud. Ces taches s’agrandissement vers le haut et le bas et peuvent s’étendre d’un nœud à l’autre couvrant ainsi de grandes sections de la tige. Lors de printemps très pluvieux, l’infection peut gagner toute la tige et détruire la plupart des bourgeons qui donnent naissance aux tiges latérales productrices. Les rendements de l’année suivante sont alors hypothéqués. Durant l’automne et l’hiver, les parties affectées deviennent gris argent et se couvrent de pycnides et de pseudothèces. La brûlure des dards affecte l’écorce superficiellement et les tissus vasculaires sous-jacents sont intacts. Parfois l’écorce éclate dans le sens de la longueur.
Sur les feuilles basales, la brûlure des dards peut être confondue avec la sénescence. Contrairement à la sénescence où les feuilles entières tombent au sol, les feuilles infectées par la brûlure des dards tombent au sol mais le pétiole demeure attaché à la tige.
Sur les tiges de framboisier, la brûlure des dards peut être confondue avec la moisissure grise (Botrytis cinerea). Dans le cas de la brûlure des dards, l'anomalie de coloration a une teinte initiale variant du brun foncé à pourpre alors qu'elle paraît brune pour la moisissure grise.
Pour empêcher le développement de la brûlure des dards dans les framboisières, il faut éviter toutes les pratiques culturales qui favorisent la croissance végétative, dont les excès d’azote. Il faut favoriser la circulation d’air entre les plants en maintenant une bonne densité de plants (12 à 15 tiges par mètre de rang, tailler après la récolte), éliminer les mauvaises herbes, les framboisiers sauvages, les tiges fructifères et les primocanes infectées. Dans les framboisières avec un historique de la maladie, il faut éviter l’irrigation par aspersion. Les traitements fongiques sont efficaces si ils sont réalisés dans la bonne fenêtre de traitement soit au débourrement jusqu’à la pointe verte, lorsque les tiges ont entre 25 et 30 cm de hauteur ou à l’automne. Des cultivars résistants sont disponibles.
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