Les champignons causant les blancs (oïdium) sont des parasites obligatoires. Ils tuent rarement leurs hôtes puisqu’ils sont nécessaires à leur survie. Il existe plusieurs genres de blanc et une gamme d’hôtes très variée. Les blancs sont généralement occasionnels et mineurs, principalement parce que le champignon ne s'attaque qu’à la couche superficielle des feuilles.
Le champignon Erysiphe cichoracearum (syn. Golovinomyces cichoracearum) est très polyphage et affecte, entre autres, les astéracées qui inclues la chicorée, l’endive, la laitue, la laitue scariole (Lactuca serriola), le tournesol, et de nombreuses plantes ornementales. Sous certaines conditions, il peut causer une réduction des rendements, affecter les porte-graines destinés à la production de semences ou diminuer la qualité esthétique des cultures. Les laitues pommées fortement atteintes sont rabougries et invendables ou nécessitent un parage important des feuilles extérieures à la récolte. Au Canada, la laitue cultivée en champ est rarement affectée et la maladie est occasionnelle en culture hydroponique en serre. La laitue Boston et de type feuille serait plus tolérante au blanc que la laitue romaine et pommée. Les vieilles feuilles (externes) et les plants matures sont les plus sujets à l’infection et les symptômes apparaissent tôt en été jusqu’au début de l’automne.
Au champ, la survie du champignon est assurée essentiellement par le mycélium présent sur les tissus infectés, les mauvaises herbes mais également par les spores de survie (cléistothèces) qui se sont formées dans les débris de culture de la saison précédente. Les cléistothèces d'oïdium se conservent peu de temps dans le sol. Après s’être imbibés d’eau, les cléistothèces se rompent et éjectent des ascospores qui infectent le feuillage sain de la laitue. C’est l’infection primaire. Les spores sont disséminées sur de longues distances par le vent et occasionnellement par l’eau (pluie et éclaboussure). La germination des spores requiert une température variant entre 18 et 25 °C et une humidité relative élevée (95 à 98 %). La germination peut également se produire entre 5 et 30 °C et sous des conditions moins humides (50 %), conférant au champignon la possibilité de se développer sous des conditions plus ou moins humides. Lorsque l’humidité relative est saturée, la germination est arrêtée. La présence d’eau libre à la surface des feuilles diminue la germination des spores et la croissance du champignon.
Le champignon pénètre directement dans les cellules épidermiques des feuilles grâce à un appressorium. Le développement du champignon est favorisé lors de périodes sèches avec des journées chaudes et des nuits fraîches. Sur les feuilles infectées, un deuxième type de spores, les conidies, se développent et apparaissent sous la forme de baril et sont accolées en chaîne. C’est ce qui donne à la feuille infectée une apparence poudreuse. C’est l’infection secondaire. L’éjection des conidies nécessite des variations de l’humidité relative. À la fin de l'été, les cléistothèces se forment à la surface des feuilles et assureront les nouvelles infections l’année suivante. Les symptômes se manifestent 4 à 6 jours après l’infection.
En serre, le cycle de la maladie est le même qu’au champ, mais il n’y a pas ou peu de cléistothèces et l’inoculum est dispersé par les courants d’air et les travailleurs.
Feuille : au début, présence de petites taches rondes blanches qui se multiplient rapidement et se regroupent pour couvrir presque entièrement d’un duvet blanc de mycélium les faces supérieure et inférieure de la feuille. Les colonies plus âgées demeurent blanches. Les feuilles gravement atteintes jaunissent, brunissent et se recroquevillent. Des cléistothèces sont parfois apparents près des nervures. Les feuilles de laitue sauvage ne montrent aucun symptôme. En serre, les symptômes se manifestent lorsque les feuilles ont environ huit semaines.
Plant : retard de croissance, mais rarement la mortalité.
Cette maladie peut être confondue avec le mildiou (Bremia lactucae). Contrairement au blanc, le mildiou sporule essentiellement à la face inférieure de la feuille et produit des sporanges attachés un à un à des sporangiophores ramifiés. De plus, la présence d’eau libre est requise pour causer les infections. Le blanc peut également être confondu avec des dépôts de pesticides.
En champ, pour prévenir le développement de la maladie, il faut cultiver la laitue dans un site ensoleillé et aéré, assurer une fertilisation équilibrée pour éviter la croissance luxuriante et dense, la rotation des cultures est plutôt inefficace, il faut surtout éviter de cultiver la laitue en continu, contrôler les mauvaises herbes, utiliser des cultivars résistants ou tolérants si possible, dépister régulièrement les plants et davantage à l’approche de la récolte et récolter les laitues lorsqu’elles sont à point. Incorporer au sol les déchets de culture. La lutte chimique et quelques produits biologiques sont disponibles. Les traitements sont réalisés dès les premiers symptômes de la maladie.
En serre, en plus des précautions requises en champ, il faut éviter les arrosages excessifs surtout en fin de journée, éliminer les zones de faible luminosité, les tissus infectés et les mauvaises herbes dans et autour des serres. Utiliser la brumisation pour assurer la présence d’eau libre à la surface des feuilles, ce qui diminue la germination des spores et la croissance du champignon. Maintenir les conditions climatiques adéquates pour la culture. Nettoyer et désinfecter les serres entre chaque culture en prévoyant un vide sanitaire de quelques semaines.
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