La gale verruqueuse est causée par Synchytrium endobioticum, un parasite obligatoire qui nécessite des tissus vivants de l’hôte pour croître. C'est une maladie à déclaration obligatoire dans de nombreux pays, dont le Canada et les États-Unis. Au Canada, toute détection soupçonnée doit donc être rapportée à l’Agence canadienne d’inspection des aliments en vertu de la loi sur la protection des végétaux. Généralement, les symptômes sont restreints aux parties souterraines et sont reconnaissables par une malformation importante (tumeurs) des tubercules. Actuellement, il n’y a aucun moyen de lutte reconnu et il peut survivre dans le sol jusqu'à 50 ans. De plus, les structures de survie du champignon peuvent résister à des températures élevées et au passage dans le système digestif animal. Les zones de production au climat frais et humide sont propices à son développement. La maladie est originaire des Andes et se serait propagée en Europe dans la deuxième moitié du 19e siècle. Le premier cas rapporté en Amérique du Nord a eu lieu à Terre-Neuve en 1909. Depuis, la gale verruqueuse a été retrouvé au pays à l’Île-du-Prince-Édouard en 2000. Quelques mentions de la maladie ont été rapportées depuis dans cette province, notamment en 2021. La maladie n’est pas répertoriée au Québec. La pomme de terre est l’hôte principal du champignon. Des inoculations du champignon ont menées à des infections sur d’autres solanacées (ex.: morelle noire), mais leur réelle implication dans la dissémination de celui-ci apparaît être mineur.
Synchytrium endobioticum, grâce à des sporanges de conservation, peut survivre jusqu’à 50 ans dans le sol. Au printemps, lorsque les conditions d’humidité sont favorables, les sporanges présents sur les débris végétaux et dans le sol vont germer et libérer des zoospores. Ces spores mobiles vont pouvoir infecter une plante hôte et mener au développement des tumeurs caractéristiques de la maladie. Cela correspond au cycle de reproduction asexuée du champignon. Les sporanges qui sont produits lors de cycle de reproduction asexué n’ont pas le potentiel de survivre longtemps, mais vont amorcer d’autres cycles de reproduction asexuée. Ces cycles, d’une durée de 10 à 12 jours, vont se poursuivre aussi longtemps que les conditions sont favorables. Lorsque les conditions deviennent défavorables (conditions trop sèches pour la germination des sporanges), le cycle de reproduction sexué du champignon va s’amorcer. Ce cycle va mener à la formation de sporanges de conservation qui peuvent survivre dans le sol jusqu’à 50 ans à une profondeur allant jusqu’à 50 cm. La reproduction sexuée se déroule généralement en automne ou en hiver.
Les symptômes sont observés essentiellement sur les tubercules et les stolons. Ils sont donc rarement observables avant la récolte. Les plants infectés tôt en saison peuvent montrer des symptômes plus importants.
Tubercules et stolons : Présence d’excroissances (gales), généralement de 1 à 8 cm de diamètre, de couleur blanche à brune et noircissant avec le dépérissement des parties infectées.
Parties aériennes : Bien que rares, des gales peuvent parfois se former sur la tige, les feuilles ou les fleurs. Celles-ci sont vertes à brunes, noircissant avec le dépérissement des parties infectées.
Dans sa forme sévère, la gale poudreuse peut induire la formation de protubérances sur les tubercules qui peuvent s’apparenter aux excroissances associées à la gale verruqueuse. Les symptômes de la gale verruqueuse peuvent aussi s’apparenter à certains des symptômes causés par le désordre physiologique Proliferation of eyes.
Il n’existe aucune mesure de lutte bien documenté. La prévention de l’introduction du champignon demeure le meilleur moyen de lutte actuellement. Cette situation explique que Synchytrium endobioticum soit réglementé dans la majorité des pays producteurs de pommes de terre. Diverses mesures peuvent toutefois être prises afin de limiter les risques d’introduction du champignon :
- S’assurer, lors d'un achat de machinerie usagée, qu'elle a été lavée et est exempte de terre avant son déplacement.
- Ne pas épandre dans les champs des résidus ou du compost produit à partir de résidus de pommes de terre présentant un risque de présence de l’organisme.
- Ne pas épandre dans les champs du fumier ou compost de fumier d’animaux qui auraient pu être nourris avec des pommes de terre présentant un risque de présence de l’organisme.
- Tenir un registre de la provenance des semences de pommes de terre et équipements acquis. Ces informations pourraient permettre de réagir plus efficacement en cas de doute quant à la contamination de ceux-ci.
Franc, G. 2007. Potato wart, American phytopathology society, https://www.apsnet.org/edcenter/apsnetfeatures/Pages/PotatoWart.aspx
Agence canadienne d’inspection des aliments. 2021. « Gale (tumeur) verruqueuse de la pomme de terre – Synchytrium endobioticum ». https://inspection.canada.ca/protection-des-vegetaux/especes-envahissantes/maladies/gale-verruqueuse-de-la-pomme-de-terre/fra/1327933703431/1327933793006 [consulté le 29 novembre 2021].
United States Department of Agriculture Animal and Plant Health Inspection Service. 2020. Synchytrium endobioticum (Schilb.) Percival Potato Wart Disease, New Pest Response Guidelines, Plant Protection and Quarantine, https://www.aphis.usda.gov/plant_health/plant_pest_info/potato/downloads/pvy/nprg-synchytrium-endobioticum.pdf, [consulté le 29 novembre 2021].
Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes. 2017. PM 7/28 (2) Synchytrium endobioticum. Bulletin OEPP. PM 7/28 (2) Synchytrium endobioticum - 2017 - EPPO Bulletin - Wiley Online Library Vol. 47 issue 3, Pages 420-440