L’ascochytose du pois est une maladie des régions au climat tempéré. Elle peut être causée par trois champignons soit Ascochyta pisi, qui affecte essentiellement les feuilles et les gousses des pois de transformation (pois vert et pois mange-tout), A. pinodes (stade sexué : Mycosphaerella pinodes) qui affecte tous les organes du pois protéagineux (pois sec) et Phoma medicaginis var. pinodella (anciennement A. pinodella) qui affecte surtout les organes souterrains (racines, hypocotyle, cotylédons) en causant une décoloration connue sous l’appellation de la maladie du pied noir. Mycosphaerella pinodes est le plus dommageable des trois champignons. Ascochyta pisi est considéré comme un saprophyte de faiblesse. Il infecte également la gesse commune (Lathyrus sativus), le lupin blanc (Lupinus albus), la luzerne (Medicago spp.), le trèfle (Trifolium spp.) et la vesce (Vinca spp.). Ascochyta pisi est rarement observé sur les organes souterrains de la plante. L’ascochytose du pois est devenue une maladie épisodique depuis l’utilisation de semences traitées avec des fongicides. Les pertes de rendement et de qualité des pois, causées par A. pisi, sont moindres que celles causées par l’ascochytose du pois protéagineux ou la maladie du pied noir.
Le champignon A. pisi est un saprophyte de faiblesse qui hiverne rarement dans le sol et parfois sur les résidus de culture infectée. Il est surtout observé sur les semences de pois (survie environ 6 ans). Il ne produit que des conidies et des pycnides. Lorsque des semences infectées ou non traitées avec des fongicides sont utilisées, les plantules sont tuées ou ont une faible croissance. Les conidies sont éjectées d’une matrice gélatineuse et disséminées par les éclaboussures d’eau (pluie, irrigation) et le vent. Le champignon pénètre directement dans la plante par la cuticule ou les stomates. Le développement de la maladie est favorisé par une température de 22 °C et une humidité relative élevée. Les plants irrigués par aspersion (feuillage toujours mouillé) sont plus sensibles que ceux irrigués par goutte à goutte (feuillage sec). Les semences infectées permettent la dissémination de la maladie sur de longues distances. Les symptômes causés par A. pisi apparaissent six à huit jours après l’infection comparativement à deux à quatre jours pour les deux autres champignons.
Plantule : la tige est noire de la ligne de terre jusqu’à 5 à 15 cm de hauteur. Les plantules ont un faible développement et peuvent mourir.
Feuille : présence de taches circulaires légèrement déprimées dont le centre est beige à brun avec une marge foncée bien définie. De nombreuses pycnides sont observées au centre des taches.
Fleur : sont déformées ou chutent lorsque le champignon affecte les sépales, limitant la production ou la survie des gousses.
Gousse : présence de taches circulaires légèrement déprimées dont le centre est beige à brun avec une marge foncée bien définie. De nombreuses pycnides sont observées au centre des taches. Lors de fortes attaques, les graines sont décolorées. Les gousses sont plus petites, déformées ou tombent lorsque les fleurs sont affectées.
Tige : présence de taches allongées dont le centre est beige à brun avec une marge foncée bien définie. Les taches sont plutôt profondes. De nombreuses pycnides sont observées au centre des taches.
L’ascochytose du pois peut être confondue avec les symptômes de la brûlure bactérienne (Pseudomonas syringae pv. pisi). Les taches foliaires causées par A. pisi sont opaques lorsqu’elles sont placées devant la lumière du jour tandis que celles causées par la brûlure bactérienne sont translucides devant la lumière du jour.
L’ascochytose du pois peut également être confondue avec l’ascochytose du pois de transformation (petite moucheture foncée, tache en anneaux concentriques alternants les zones beiges et brunes, présence de périthèces et d’asques) et la maladie du pied noir (les parties souterraines sont infectées, présence de chlamydospores).
Pour prévenir l’ascochytose du pois, il faut utiliser des semences saines ou traitées avec des fongicides, faire une rotation des cultures (4 à 5 ans) avec des plantes non hôtes et prioriser l’irrigation goutte à goutte. Des traitements fongiques sont disponibles. Il n’y a aucun cultivar résistant de disponible.
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https://www.plantmanagementnetwork.org/pub/php/diagnosticguide/2011/pea/