Au Québec, l’excoriose est une maladie occasionnelle et mineure de la vigne causé par le champignon Diaporthe neoviticola, mieux connu sous son ancien nom, Phomopsis viticola. Dans le monde, elle est présente dans la majorité des zones viticoles. L’excoriose est surtout problématique durant la phase de débourrement et de croissance des jeunes tiges annuelles dans les zones de production où le climat est humide. Au Québec, les cultivars De Chaunac et Sainte-Croix sont très sensibles à sensibles alors que Baco Noir, Maréchal Foch, Seyval blanc et Vandal-Cliche sont moyennement sensibles. L’excoriose a un impact sur les rendements, sur la qualité des fruits, en plus d’affaiblir les vignes et d'augmenter leur sensibilité au gel. Dans le vignoble, les plants infectés apparaissent en foyers, puisque la maladie se développe surtout à l’intérieur d’un même plant plutôt qu’un plant à l’autre. Le diagnostic de l’excoriose à partir des symptômes visuels est difficile et nécessite souvent l’utilisation d’un microscope pour confirmer la présence du champignon.
Diaporthe neoviticola hiverne dans l’écorce des rameaux sous la forme de mycélium et de pycnides et parfois dans les bourgeons dormants (mycélium). Au printemps, les pycnides matures font irruption au travers de l’écorce, sur le pétiole des feuilles et d’autres tissus morts. Lors de conditions humides et pluvieuses, les spores sont éjectées des pycnides et dispersées sur de courtes distances par la pluie et les éclaboussures d’eau.
Diaporthe neoviticola produit des spores alpha (α) et bêta (β). Seules les spores α sont très actives. Elles germent entre 1 et 37 °C, avec un optimum à 23 °C. À cette température, les infections sont initiées en quelques heures lorsque de l’eau libre est présente ou que l’humidité relative est près de la saturation. Les spores pénètrent dans les tissus par les stomates, les blessures ou les lenticelles. Seuls les très jeunes tissus sont infectés. Les symptômes apparaissent 21 à 30 jours après l’infection. Lors des étés chauds et secs, le champignon devient inactif, mais reprend vit à l’automne lorsque la température rafraîchie. Une période de pluie prolongée et des températures clémentes (23 °C) sont les principaux facteurs du développement des épidémies d’excoriose.
Feuille : au début, les taches sont petites, circulaires à irrégulières, vertes à jaunes avec un centre noir. Elles sont généralement réparties près des nervures. Les taches deviennent brun foncé à noires, d’aspect nécrotique, et sont visibles le long des nervures principales et secondaires et sur le pétiole. Les taches nécrotiques peuvent tomber. Le limbe affecté devient jaune puis brun. Les feuilles et les pétioles très affectés tombent au sol.
Fruit : les fruits verts peuvent être infectés, mais l’infection demeure latente jusqu’à la maturité. Les fruits matures sont bruns, pourris et ratatinés. Des pycnides et de cirrhes sont présents sur l’épiderme.
Rafle (grappe) : présence de taches allongées noires. Des sections de la grappe peuvent se dessécher et tomber.
Tige : sur les tiges annuelles, présence de taches jaunes avec un centre foncé. Les taches se regroupent, s’allongent et deviennent brun foncé à noires. Des stries perpendiculaires d’aspect liégeux se forment sur l’épiderme. Lorsque la croissance est rapide, les taches craquent et se fissurent donnant à la tige l’aspect d’une « tablette de chocolat ». Les symptômes sont localisés dans les 3 à 4 premiers entrenoeuds, à la base des tiges annuelles.
Sur les fruits, l’excoriose peut être confondue avec les dommages causés par la moisissure grise (Botrytis cinerea – absence de pycnides).
Pour limiter le développement de l’excoriose, il est essentiel de combiner les bonnes pratiques culturales à une lutte chimique efficace. La période de sensibilité maximale de la vigne se situe entre le débourrement et le stade 2-3 feuilles étalées. Une protection continue peut être nécessaire pendant la période post-floraison précoce pour protéger les futurs fruits si le temps reste humide dans les sites à haut risque.
La maladie peut se propager par les boutures, les insectes, les outils de taille et la machinerie agricole. Il est donc important d’acheter du matériel végétal sain pour la réalisation des plants greffés. L’utilisation de cépages moins sensibles, la configuration d’un bon espacement entre les plants pour favoriser l’aération, l’enherbement des allées, la maîtrise de la fertilisation — en particulier l’azote — ainsi que l’épamprage régulier des ceps contribuent à limiter la progression de la maladie.
En cas de présence avérée d’excoriose, tailler les parties végétales atteintes et retirer tout matériel contaminé du vignoble. Les traitements fongiques, lorsqu’ils sont bien appliqués, s’avèrent généralement très efficaces.
Pearson R. C. & Goheen A. C. (Eds) (1998). Phomopsis Cane and Leaf Spot. Dans Compendium of Grape Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 17-18.
http://ohioline.osu.edu/factsheet/HYG-3031-11
http://www.arec.vaes.vt.edu/alson-h-smith/grapes/pathology/extension/factsheets/phomopsis-cane.pdf
https://www.agrireseau.net/Rap/documents/b01vig08.pdf
https://www.vignevin-occitanie.com/fiches-pratiques/excoriose/