Chez la vigne, l’anthracnose est une maladie des régions humides et est dommageable les années pluvieuses. Toutes les espèces de vignes sont plus ou moins sensibles, mais elle est plus répandue dans les hybrides américains que les vignes de l’espèce vinifera. Au Québec, le cultivar Vandal-Cliche est le plus sensible tandis que Frontenac et Sainte-Croix peuvent présenter des symptômes. Néanmoins, l’anthracnose est considérée comme une maladie occasionnelle et mineure. Elle réduit la quantité et la qualité des fruits ainsi que la vigueur des plants. Les plants infectés ont une distribution éparse au champ.
L’anthracnose de la vigne est causée par le champignon Elsinoe ampelina. Ce champignon hiverne sous forme de sclérotes dans l’écorce des tiges ou d’ascospores sur les fruits tombés au sol. Au printemps, les conidies, et parfois les ascospores, germent et initient les infections lorsque les températures varient entre 2 et 32 °C et qu’une humidité est présente pendant au moins 24 heures. Les conidies sont disséminées par la pluie ou à la suite d’une irrigation d’au moins 2 mm. Les jeunes feuilles vertes seront les premières infectées. Une fois l’infection initiée, la maladie se développe lorsque la température avoisine 25 °C. Les symptômes apparaissent sur les feuilles 6 à 9 jours plus tard. Notez qu’une tache foliaire de 1 mm de diamètre contient la sporulation maximale du champignon, ce qui représente beaucoup d’inoculum pour la maladie. Sur les jeunes fruits, des taches apparaissent 3 jours après l’infection et 8 jours sur les fruits plus âgés.
Feuille : au début, les taches sont minuscules (1 à 5 mm de diamètre), circulaires à irrégulières, brunes à noires. Elles évoluent en des taches circulaires à ovales, avec un centre blanchâtre à grisâtre et une marge foncée. Le centre des taches peut tomber. Les jeunes feuilles sont plus sensibles et les feuilles entièrement déployées sont immunisées contre l’infection. Lorsque le champignon infecte les nervures des très jeunes feuilles, le développement de celles-ci ne se fait pas normalement. Elles sont déformées et présentent parfois des brûlures.
Fruit : présence de petites taches circulaires, d’abord rouges ou pourpres, puis devenant beiges à brunes et entourées d’une marge noire surélevée d’où l’appellation « oeil d’oiseau ». Les fruits peuvent fendre dans la pulpe. Ultimement, ils s’affaissent, se dessèchent, ratatinent puis tombent au sol. Les baies sont réceptives à la maladie jusqu’à environ quatre semaines après la floraison.
Tige : sur les tiges ou pousses annuelles, les taches sont petites, isolées, circulaires, beiges à brunes avec une large marge brune à noire. Sur les sarments, les taches s’agglomèrent, sont circulaires à ovoïdes, blanchâtres à grisâtres et entourées d’une mince marge noire. Les taches peuvent fendre au centre et deviennent cassantes.
Sur les feuilles, l’anthracnose peut être confondue avec la pourriture noire (Phyllosticta ampelicida - taches brun foncé avec un centre gris et présence de pycnides noires). Sur les fruits, l’anthracnose se manifeste par des taches brunes à noires et les baies momifiées restent accrochées au rachis.
Sur la tige, les taches de l'anthracnose peuvent être confondues avec celles causées par la grêle (taches présentes sur un seul côté de la tige, soit le côté exposé à la grêle). Lorsque les symptômes sont la conséquence de l'anthracnose, des taches devraient être observées sur les feuilles et les fruits. L’anthracnose peut également être confondue avec l’excoriose (Phomopsis viticola - chancres superficiels et pycnides sur les fruits).
Pour limiter le développement de l’anthracose dans les vignobles, il faut acheter du matériel végétal sain, éliminer les tissus végétaux infectés, les mauvaises herbes et tondre régulièrement les entre-rangs enherbés. Il faut assurer une bonne circulation d’air entre les plants, planter dans des sols bien drainés et faire du dépistage, particulièrement sur les jeunes feuilles (stade 3-5 feuilles déployées) surtout lorsque la période de mouillure excède 12 heures. À l’approche des vendanges, dépister les fruits avec des lésions en « oeil d’oiseau ».
Pearson R. C. & Goheen A. C. (Eds) (1998). Anthracnose. Dans Compendium of Grape Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 18-19.
http://www.agrireseau.qc.ca/Rap/documents/b02vig06.pdf
http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/grapes/diseases-and-disorders/anthracnose.html#advanced
http://www7.inra.fr/hyp3/pathogene/3elsamp.htm