Blanc
Powdery mildew
Cet échantillon de feuilles de camérisier infectées par le blanc a été reçu au laboratoire un 30 juillet. Le mycélium blanc et poudreux du champignon a probablement été balayé à la suite d'une pluie, laissant apparaître des brunissures intenses sur le limbe. Les conidies de Erysiphe lonicerae ont tout de même pu être observées sur les feuilles.
Taches jaune orangé sur la face inférieure d’une feuille de camérisier qui indiquent le début d'une infection par Erysiphe lonicerae. Le symptôme apparaît d’abord entre les nervures et donne aux taches une forme angulaire.
Le léger duvet blanc que l'on peut observer sur la face supérieure de la feuille de camérisier correspond au mycélium de Erysiphe lonicerae. Des taches circulaires chlorotiques apparaissent progressivement aux sites d'infection.
Deux taches duveteuses et circulaires causées par le blanc (Oïdium). Le centre feutré et blanc correspond au mycélium du champignon Erysiphe lonicerae qui croît dans les cellules épidermiques de la feuille et fait progressivement jaunir, puis brunir le limbe.
Taches duveteuses et circulaires causées par le blanc (Oïdium). Le centre feutré et blanc correspond au mycélium du champignon Erysiphe lonicerae qui croît dans les cellules épidermiques de la feuille et fait progressivement jaunir, puis brunir le limbe.
Taches jaune orangé sur la face inférieure d’une feuille de camérisier qui indiquent le début d'une infection par Erysiphe lonicerae. Le symptôme apparaît d’abord entre les nervures et donne aux taches une forme angulaire.
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Camerise - Blanc (Erysiphe lonicerae)
Description

Au Québec, la majorité des plantations de camerises connaissent annuellement des épisodes d’infection par la maladie du blanc. Cette maladie fongique causée par Erysiphe lonicerae est facilement identifiable par le duvet blanc d’aspect poudreux qu’elle laisse sur le feuillage. Ce symptôme, qui se manifeste de quatre à six jours après l’infection, est souvent accompagné de taches brunâtres sous les feuilles. L’oïdium apparaît début juillet lorsque les conditions sont propices et il continue d’évoluer tout au long de la saison. Puisque les infections par Erysiphe lonicerae ont généralement lieu après la récolte, les fleurs et les fruits n’en sont généralement pas affectés. Toutefois, la présence du champignon sur les feuilles nuit à la photosynthèse, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la production à plus long terme. Cette hypothèse reste encore à être démontrée. Des cultivars tels que ‘Aurora’, ‘Honey bee’ et ceux appartenant à la série Boréal (‘Beast’, ‘Beauty’ et ‘Blizzard’) sont plus résistants à cette maladie.

Cycle de la vie

Erysiphe lonicerae est un parasite obligatoire, c'est-à-dire qu’il se reproduit uniquement sur les tissus vivants de son hôte. Le cycle de développement du champignon se fait en deux phases, soit la phase de reproduction sexuée et la phase de reproduction asexuée.
 
La reproduction sexuée correspond à la phase de formation des cléistothèces, les structures de conservation qui permettent au champignon d’hiverner et de survivre sans tissus vivants, notamment dans les anfractuosités de l’écorce et les débris de culture de la saison précédente. Les cléistothèces se conservent peu de temps dans le sol. Ces fructifications sphériques formées en fin de saison sont visibles à l’œil nu sur les organes de la plante infectée. Au début de leur maturation, ils sont blancs, puis jaunes, puis marron, pour être finalement noirs à maturité. Chacun contient une ou plusieurs ascospores qui sont libérées au printemps lorsque les cléistothèces se rompent sous l’action de l’eau. Les ascospores issues de cléistothèces matures et déhiscents sont disséminées par le vent et les éclaboussures de pluie. Elles atteignent ultimement le nouveau feuillage sain et l’infectent : il s’agit de la phase d’infection primaire. Il est à noter que l’infection primaire peut aussi être initiée à partir du mycélium dormant dans les bourgeons latents, qui se réactive lorsque la température y est propice au printemps. La germination des ascospores en filaments mycéliens ramifiés permet au champignon de coloniser superficiellement le feuillage. Cette étape requiert une température entre 18 °C et 25 °C et une humidité relative élevée (> 95 %). Lorsque l’humidité relative est saturée, la germination cesse. La présence d’eau libre à la surface des feuilles nuit à la germination des spores et la croissance du champignon.
 
La reproduction asexuée correspond à la phase de formation des conidiophores, l’organe qui assure la formation des conidies dans le cycle de multiplication asexuée. Au printemps, les hyphes mycéliens se développent sur le nouveau feuillage (à partir des ascospores ou du mycélium dormant) et pénètrent dans les cellules épidermiques grâce à un appressorium. Ce mycélium forme rapidement des conidiophores à l’extrémité, desquels naîtra en chaînette un deuxième type de spores, les conidies. Ce signe fongique peut être observé à partir de l'été et jusqu'à la fin de l'automne, et il donne aux organes végétaux infectés une apparence blanche et poudreuse. Ces conidies constituent un foyer d’infection qui assure la dissémination de la maladie sur d’autres organes (feuilles, fleurs, fruits) et sur d’autres plantes. Il s’agit du cycle d’infection secondaire. De nombreux cycles de contamination secondaire ont lieu tout au long de la saison. L’éjection des conidies nécessite des variations de l’humidité relative. Le développement du blanc est favorisé dans les zones ombragées ou à faible luminosité, lorsque la densité de plants est élevée et lorsque de grands écarts de température entre le jour et la nuit sont enregistrés. À la fin de l'été, le cycle recommence : les cléistothèces se forment à la surface des feuilles et assurent les nouvelles infections l’année suivante. Pour sa part, le mycélium présent sur les tissus vivants de la plante et des mauvaises herbes hôtes survivra aussi à l’hiver dans les bourgeons latents.
Puisqu'il s’agit d’un champignon biotrophe, cet organisme phytopathogène ne pousse pas sur les milieux nutritifs artificiels en laboratoire. Pour réaliser son diagnostic, on doit l’observer à l’aide d’un microscope ou l’identifier par des techniques de biologie moléculaire.

Symptômes et dommages

Feuille : Le blanc apparaît sous forme de taches blanches diffuses d’aspect cotonneux ou duveteux sur la face supérieure de la feuille. Elles sont plus ou moins circulaires et de l’ordre d’un centimètre. Le duvet blanc reste généralement quelques jours pour ensuite être balayé par la pluie. Par la suite, la feuille devient en partie ou entièrement bronzée, ou alors couverte de taches brunes. Parfois, les feuilles affectées se recourbent et laissent leur face inférieure plus exposée au soleil, ce qui occasionne des coups de soleil et l’apparition de taches de couleur brune ou bronzée. Les feuilles fortement infectées peuvent devenir jaunes et tomber.
 
Plant : Le blanc peut occasionner un retard de croissance après plusieurs infections consécutives et sévères qui mènent à la défoliation.

Ne pas confondre

L’oïdium peut être confondu avec les coups de soleil que peut subir le feuillage des camérisiers. Dans ce cas, le feuillage face au côté sud le plus exposé aux rayons sera plus abîmé. Les coups de soleil peuvent survenir en raison d’une infection causée par le blanc, suivant la pose de filets contre les oiseaux ou simplement à cause d’une exposition trop forte aux rayons lumineux. Ce désordre entraîne le noircissement des feuilles en fin de saison. Au mois d’août, les plants sévèrement affectés par l’oïdium et les coups de soleil ont un feuillage presque entièrement brun. Lors des épisodes d’infection importante par Erysiphe lonicerae, les feuilles gravement atteintes peuvent se dessécher et tomber prématurément. La défoliation peut occasionner plus de dommages lorsqu’elle survient l’année d’implantation. 

Méthodes de lutte

Puisque les fruits sont rarement affectés avant la récolte et que les plants conservent une bonne vigueur le printemps suivant malgré la maladie, l’oïdium ne semble pas avoir d’incidence économique. Il est quand même conseillé d’inspecter les champs à compter de la fin mai jusqu’au mois d’août et, parfois, d’appliquer un traitement en prévention. Les fongicides à base de soufre semblent donner les meilleurs résultats comme traitements préventifs selon des essais réalisés à l’Université de Saskatchewan. Si le blanc est déjà présent sur les feuilles, il est inutile de faire des applications de fongicides puisqu’ils ne feront pas disparaître l’infection.
 
Plusieurs gestes peuvent être posés pour mieux contrôler ce champignon, tels que : sélectionner des cultivars plus résistants, choisir un site de culture idéal avec une bonne orientation et un bon drainage, implanter les camérisiers avec une densité adéquate et favoriser la circulation de l’air avec une taille optimale. De plus, un bon contrôle des mauvaises herbes ainsi qu’une fertilisation équilibrée réduisent les risques d’infection grave.