Pourriture sclérotique
Cottonball
Sur des fruits de canneberge provenant d’un champ, présence d’une pourriture brune et ferme qui débute au niveau du calice et qui progresse sur l’épiderme. L’épiderme prend une teinte jaune avec des stries brunes (voir flèche). Ces symptômes sont caractéristiques du champignon Monilinia oxycocci, responsable de la pourriture sclérotique.
Description

La pourriture sclérotique est une maladie occasionnelle et mineure au Québec. À l’occasion, elle peut causer des pertes de rendement importantes et affecter la qualité des fruits. Elle affecte la canneberge cultivée (Vaccinium macrocarpon) et la canneberge sauvage (V. oxycoccus). Cette maladie a la particularité de présenter deux types d’infection : l’infection primaire (flétrissement des tiges) et l’infection secondaire (pourriture des fruits). Au champ, cette maladie se manifeste par des foyers d’infestation bien délimités ou de manière éparse. Dans ce cas, les tiges affectées sont camouflées par les tiges saines, ce qui rend difficile le dépistage.

Cycle de la vie

Le champignon Monilinia oxycocci hiverne au sol dans les baies momifiées, sous forme de sclérotes noirs. Lorsque la température oscille entre 10 et 16 °C, des apothèces germent sur les fruits momifiés et produisent des ascospores. C’est l’infection primaire et elle coïncide avec le débourrement des bourgeons à fleurs ou le stade pointe verte des bourgeons à feuilles. C’est l’infection la plus néfaste pour la production de fruits, spécialement si plusieurs bourgeons à fleurs sont détruits. Trois à quatre semaines plus tard, des jeunes pousses ou des grappes de fleurs brunies et flétries sont visibles sur les plants. Ces organes se couvrent alors de conidies à l’approche de la floraison, c’est l’infection secondaire. Ces conidies infectent seulement les fleurs ouvertes. Les conidies germent sur le stigmate puis se développent dans le style pour atteindre les cavités de l’ovaire où la maladie se développe. Les fleurs infectées produiront des fruits momifiés. Les conidies sont dispersées par les insectes pollinisateurs, le vent et la pluie.
 
Des printemps pluvieux favorisent la maladie. Cette maladie est plus grave dans les champs mal drainés et dans les endroits où l’air circule moins bien. Les bourgeons exposés à une période de gel deviennent très vulnérables à l'infection. Dans ce cas, l’infection est proportionnelle au temps chaud et humide. Plus il fait chaud et humide, plus l’infection sera rapide.

Symptômes et dommages

Feuille : présence d’un brunissement débutant à la base du limbe et progressant en prenant la forme d’un « V » le long de la nervure centrale. Les feuilles sèchent, meurent puis tombent au sol.
 
Fleur : brunissement et dépérissement des fleurs ouvertes ou non. Présence de spores sur les pédicelles.
 
Fruit : les premiers dommages se manifestent à l’intérieur du fruit. Les locules se remplissent de mycélium blanc du champignon et donnent une apparence de boule de coton. C’est lors du murissement (août et septembre) que les symptômes deviennent visibles à l’extérieur. Une pourriture brune et ferme débute à partir du calice et progresse sur l’épiderme qui devient jaune, strié de brun. Les fruits infectés brunissent, se ratatinent, se momifient puis tombent au sol.
 
Tige : présence du dépérissement de l’apex des nouvelles tiges qui prend une teinte rouille et se courbe. Une coloration brune progresse de l’extrémité de la pousse vers les feuilles. Présence d’une masse poudreuse de spores blanches du champignon sur la tige juste avant ou pendant la floraison. Les tiges infectées flétrissent, cassent et tombent au sol.

Ne pas confondre

Ce symptôme peut être confondu à d’autres maladies fongiques de la canneberge, dont le dépérissement des tiges. La pourriture sclérotique se distingue par ses feuilles qui prennent la forme d’un « V » le long de la nervure centrale.

Méthodes de lutte

Pour limiter le développement de la pourriture sclérotique dans la canneberge, il faut privilégier les sols bien drainés, une bonne aération entre les plants, la décomposition rapide des fruits momifiés tombés au sol et trier les fruits malades lors de la récolte. Certains producteurs inondent de nouveau les champs après la récolte afin de ramasser les débris qui flottent contenant des sclérotes. La lutte chimique est parfois requise si l’infection a été détectée l’année précédente. Elle sera appliquée à l’élongation des tiges et/ou à la floraison selon le degré d’infestation noté l'année précédente.

Références et liens

Caruso F. L. & Ramsdell D. C. (Eds) (1995). Cottonball. Dans Compendium of Blueberry and Cranberry Diseases. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 33-35.

http://longbeach.wsu.edu/cranberries/cottonballdiseaseofcranberry.pdf.pdf

http://www.gnb.ca/0027/60/2011/images/ipm-cranberry-f.pdf