Les Pythium sont des oomycètes (règne des Chromistes) susceptibles de s'attaquer aux organes de nombreuses plantes cultivées en champ et en serre. Ils causent une grande variété de symptômes. Cette maladie est fréquente et sévère lors de saisons fraîches et pluvieuses. La maladie évolue rapidement et peut causer des pertes économiques importantes, même en postrécolte. Chez les crucifères, Pythium cause généralement de la fonte des semis. Les infections par Pythium sur des plants bien développés sont plutôt rares, mais les conséquences sont plus graves, car elles se produisent habituellement au début de la pommaison, affectant la qualité du produit. Cette maladie devient une porte d’entrée pour la pourriture molle (Pseudomonas spp.). Les plants affectés sont distribués en foyer, en rangée lorsque la plasticulture est utilisée ou de manière éparse dans les serres.
Pythium hiverne principalement sous la forme d’oospores ou de sporanges, selon l’espèce, dans le sol et la matière organique. Les oospores demeurent viables dans le sol plusieurs années. Au printemps, lorsque le sol est saturé en eau, les oospores germent et produisent des sporanges. Ces sporanges germent sur les tissus ou relâchent des zoospores biflagellées mobiles. Les sporanges sont dispersés par le vent et l’eau (pluie, irrigation par aspersion, éclaboussure) tandis que les zoospores sont attirées par des exsudats émis par les racines et nagent vers elles pour les envahir. Une fois à l’intérieur des racines, ils forment des oogones et accélèrent la dégradation des tissus. Les Pythium pénètrent les tissus via des blessures. En serre, Pythium peut être introduit par les transplants, les milieux de culture, le matériel, les travailleurs, l’eau d’irrigation et les résidus de culture. Il peut également être transmis par les larves de sciarides (Bradysia spp.) et la mouche du rivage (Scatella stagnalis). La pourriture pythienne est favorisée dans les sols très humides, peu ou mal drainés, trop irrigués et lors de périodes pluvieuses et fraîches à tempérées (15 à 20 °C). Les premiers foyers de contamination ont souvent lieu dans des baissières où l’eau séjourne longtemps. Les symptômes apparaissent environ 3 jours après l’infection.
Feuille : jaunissement, flétrissement et dépérissement des feuilles. Parfois présence d’une pourriture humide débutant à la base des feuilles externes qui sont en contact avec le sol.
Tige : sur l’épiderme, présence de taches ou de lésions brunes et aqueuses s’étendant parfois sur plus de 10 cm. Présence d’une pourriture humide et/ou de chancre dans la partie basale de la tige. Ramollissement de la tige à la hauteur ou juste au-dessus de la surface du sol.
Collet : présence d'une pourriture humide ou d'un étranglement.
Racine : présence de quelques petites lésions brunes qui s’agglomèrent pour former de longues lésions humides, parfois ratatinées. Le système racinaire devient brun-orangé à rouille et les racines peuvent pourrir. Le système racinaire est faiblement développé, avec peu ou pas de racines latérales et de radicelles. Le cortex peut se séparer facilement de la stèle qui demeure intacte. Les radicelles et les racines latérales sont les portes d’entrée pour les Pythium.
Plante entière : flétrissement soudain ou non et mortalité rapide des plants affectés sans nécessairement montrer de jaunissement du feuillage.
Sur les plants, la pourriture pythienne peut être confondue avec les symptômes causés par d’autres champignons du sol (Fusarium spp., Phytophthora spp., Rhizoctonia solani, Sclerotinia spp. et Verticillium spp.) et des problèmes non parasitaires (excès d’engrais, excès d’eau, sécheresse, etc.).
Pour diminuer l’incidence de Pythium dans les sols et les substrats, il faut privilégier les sols bien drainés et aérés, une rotation des cultures (2 à 4 ans) avec des plantes non hôtes, la culture sur billon, l’utilisation de matériel végétal sain et un bon espacement entre les plants pour assurer une meilleure aération. Il faut également éliminer les plantes malades et les débris de culture, éviter la contamination des substrats, des outils et de l’équipement utilisés dans les serres, les éclaboussures d’eau et les substrats trop humides. La lutte chimique et biologique est disponible et efficace. Traiter les substrats contre la sciaride et la mouche du rivage.
Rimmer S. R., Shattuck V. I. & Buchwaldt L. (Eds) (2007). Phytophthora and Pythium Damping-Off. Dans Compendium of Brassica Diseases. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 35.
Snowdon A. L. (2010). Pythium Rot. Dans Post-Harvest Diseases and Disorders of Fruits and Vegetables : Volume 2. Manson Publishing Ltd. p.166. (http://books.google.ca/books?id=WK-Scwl9skYC&pg=PA166&lpg=PA166&dq#v=onepage&q=Pythium&f=false)