Rhizosphaera kalkhoffii (syn. Rhizosphaera pini)
Le rouge est une maladie foliaire commune dans les plantations d’arbres de Noël. Il est causé par plusieurs espèces de champignons dont les plus répandues sont Rhizosphaera spp., Lirula spp. et Isthmiella spp. Ces organismes causent des symptômes similaires, mais une identification précise est importante afin de mettre en place les bonnes méthodes de prévention et de lutte.
Les Rhizosphaera sont des parasites facultatifs qui agissent en premier comme des agents pathogènes. Ils peuvent être des saprophytes lorsque les arbres sont affaiblis, stressés par d’autres agents pathogènes ou par des conditions environnementales adverses (gel hivernal, ozone (O3), dioxyde de soufre (SO2), etc.). Il existe neuf espèces de Rhizosphaera dont les plus connues sont R. kalkhoffii et R. pini.
La sensibilité des sapins varie selon l’espèce. Les espèces indigènes peuvent subir des dommages importants. Généralement, cette maladie ne provoque pas de problèmes sérieux, mais les arbres qui en sont atteints plusieurs années consécutives ou qui subissent d’autres stress environnementaux peuvent être plus gravement touchés. Le rouge des aiguilles constitue une préoccupation importante pour les producteurs de sapin de Noël, car il peut affecter l’esthétique des arbres et en déprécier la valeur. Il en est de même pour les résineux utilisés en aménagements urbains. La gravité des dommages exige parfois une intervention phytosanitaire.
Le champignon hiverne sous la forme de mycélium dans les pycnides présentes sur les aiguilles vivantes, récemment mortes ou tombées au sol. Du printemps jusqu’à l’automne, les conidies sont dispersées par la pluie sur les aiguilles. Le champignon entre dans les aiguilles par les stomates et il a besoin de 48 heures pour coloniser et infecter les aiguilles humides des sapins à une température avoisinant 25 °C. Une fois le champignon à l’intérieur des aiguilles, il peut demeurer latent plusieurs semaines tant que les conditions ne sont pas propices à sa germination. Les symptômes apparaissent souvent après des périodes de pluies et de températures fraîches, durant toute la saison. Les spores contenues dans les pycnides sont éjectées et dispersées par la pluie dès le printemps et durant toute la saison. Rhizosphaera sp. a un cycle biologique qui dure un an (contrairement au cycle biologique des champignons Lirula spp. et Isthmiella sp. qui dure 2 ans).
Rhizosphaera sp. peut infecter les aiguilles de tous âges. Les jeunes aiguilles des branches inférieures sont généralement infectées en premier. Le jaunissement des aiguilles débute sur celles qui sont les plus près du tronc, puis elles deviennent brunes vers la fin de l’été et à l’automne. Les aiguilles touchées demeurent fermement attachées aux branches. Des pycnides noires se développent à la face inférieure des aiguilles le printemps suivant lorsque les aiguilles commencent à tomber. Dans des conditions propices, les symptômes progressent vers le haut des arbres.
Semis :
Jaunissement, ralentissement de la croissance et mort des semis.
Aiguilles :
Le champignon peut infecter autant les jeunes aiguilles de l’année que les plus vieilles. Les jeunes aiguilles resteront vertes alors que les aiguilles de deuxième année vont se décolorer, passant du jaune au rouge avant de brunir à l’automne. Elles pourront persister dans l’arbre pendant plusieurs semaines, voire plus d’une saison, avant de tomber au sol.
Rhizosphaera spp. va se différencier des autres genres de rouge par ses structures de reproductions typiques, qui vont émerger des stomates des aiguilles. Sur les aiguilles brunies, le rouge causé par Rhizosphaeria spp. se manifeste par l’apparition de petits points noirs et ronds (pycnides) alignés sur la face inférieure et supérieure des aiguilles. Ces fructifications peuvent être observées sur des aiguilles encore vertes ou décolorées. Dans sa forme asexuée du champignon, des cirrhes blancs émergent des pycnides. Ces structures sont facilement visibles à la loupe.
Les symptômes apparaissent souvent après des périodes de pluies et de températures fraîches, durant toute la saison.
Arbre :
Généralement, les dégâts s’observent d’abord au bas de l’arbre et progressent ensuite vers le haut. Lorsque l’infection progresse au fil des ans, la partie des branches près du tronc (partie proximale) se dénude et l’arbre prend une apparence clairsemée. Si les vieilles aiguilles tombent au sol chaque année, les branches peuvent mourir après 3 à 4 années consécutives de graves infections.
Cette maladie peut être confondue avec du gel ou une sécheresse, mais dans ces cas, l’anomalie de coloration serait uniforme d’une branche à l’autre ou localisée dans une portion complète de l’arbre. Le champignon Stigmina sp., qui cause également le rouge sur les conifères, cause des symptômes similaires. La seule différence qui permet de les distinguer est la sporulation de Stigmina sp. sur les aiguilles vertes. Rhizosphaera sp. ne sporule que sur des aiguilles brunes. Ces deux champignons causent fréquemment une co-infection sur les mêmes aiguilles. Finalement, faut aussi faire attention de ne pas confondre les pycnides du champignon avec les stomates des aiguilles.
Les symptômes peuvent aussi être semblables aux dégâts causés par le longicorne noir (l’écorce sera grignotée sous la pousse), la brûlure des pousses du sapin (aiguilles flétries), la brûlure phomopsienne (dépérissement de l’ensemble de la pousse), les rouilles des aiguilles et la chute automnale des vieilles feuilles (absence de fructifications sur les aiguilles des rameaux de quatre à cinq ans).
Les plantations à densité élevée vont être plus sensibles au rouge. Il faut donc favoriser une bonne aération, élaguer les branches à 30 cm à partir du sol et contrôler les mauvaises herbes sur le rang. Éviter de cultiver près des brise-vent qui peuvent renfermer des hôtes sensibles. Espacer les arbres afin de permettre aux aiguilles de sécher rapidement. Arroser les arbres en matinée pour favoriser l’assèchement au cours de la journée et tailler les arbres lorsque les aiguilles sont sèches. Les arbres situés à l’ombre s’assèchent moins rapidement et demandent un plus grand suivi.
Dans les pires scénarios, il peut être nécessaire de couper et retirer de la plantation les arbres très infectés afin de réduire l’inoculum du champignon sur le site de production.
Considérant que d’autres ravageurs et des problèmes environnementaux peuvent aussi provoquer le brunissement et la chute prématurée des aiguilles, il est important de bien identifier les fructifications fongiques dans les stomates et d’évaluer le niveau d’infestation afin de déterminer si une intervention phytosanitaire s’impose.
Pettigrew, A., Choquette, D. & Briand N. (2014). Ravageurs, maladies et ennemis des arbres de Noël au Québec. Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec. 130 pp.
Sinclair W. A. & Lyon H. H. (2005). Rhizosphaera and Isthmiella Needle Casts. Dans Diseases of trees and shrubs. 2e éd., Cornell University Press, Ithaca N.Y. p. 56-57.
Landscape: Rhizosphaera Needle Cast | Center for Agriculture, Food, and the Environment at UMass AmherstRAP – Arbre de Noël, Rouge des aiguilles, Bulletin d'information N° 6, 7 juin 2017
Why are my interior conifer needles turning yellow? - MSU Extension
https://www.ag.ndsu.edu/cpr/forestry/needle-cast-diseases-of-spruce-diagnosis-and-treatment