Tumeur du collet
Crown gall
Le système racinaire d’un pommetier décoratif (cv 'Makamik') présente des tumeurs brun pâle, d’une grosseur variable (2 à 50 mm), sur la racine principale et les racines secondaires. Ces symptômes sont caractéristiques de la tumeur du collet causée par la bactérie Agrobacterium tumefaciens. La moitié des jeunes arbres importés de la France étaient affectés.
Le point de greffe d’un pommier montre une grosse tumeur brune d’aspect lignifié. Ce symptôme est caractéristique de la tumeur du collet causée par la bactérie Agrobacterium tumefaciens.
Ces deux bases de pommier montrent une grosse tumeur brune d’aspect lignifié au point de greffe ou au niveau racinaire. Ces symptômes sont caractéristiques de la tumeur du collet causée par la bactérie Agrobacterium tumefaciens.
Pomme - Tumeur du collet (Agrobacterium tumefaciens)
Pomme - Tumeur du collet (Agrobacterium tumefaciens)
Pomme - Tumeur du collet (Agrobacterium tumefaciens)
Description

La bactérie Agrobacterium tumefaciens affecte de nombreuses plantes herbacées et ligneuses réparties dans 93 familles. Les plantes de la famille des rosacées sont particulièrement sensibles (pommier, poirier, cerisier, rosier et framboisier). Aujourd’hui, les tests de détection utilisés en biologie moléculaire (PCR) permettent de déceler plus facilement la bactérie Agrobacterium dans les jeunes et les vieilles tumeurs. Au champ, la tumeur du collet est généralement très localisée ou distribuée de manière éparse. Dans les vergers de pommiers, la tumeur du collet est occasionnelle et mineure et cause rarement des pertes importantes. Les plus grandes pertes sont enregistrées dans les pépinières sur les jeunes arbres et les épidémies de la tumeur du collet sont influencées par les cultivars et les sites de plantation. Certains porte-greffes (M.7, M.9 et M.26) sont particulièrement sensibles.

Cycle de la vie

La bactérie vit naturellement dans le sol près des racines et elle est attirée par les exsudats racinaires émis par les racines blessées. Elle est disséminée aux nouveaux plants et dans le sol par les éclaboussures d’eau, l’eau d’irrigation, la machinerie agricole et les outils, le vent, les insectes et les parties végétales utilisées pour la multiplication des plants. Les blessures sont essentielles pour initier les infections et amorcer le cycle de la maladie (ex. : taille, dommages hivernaux, émergence de nouvelles racines latérales, etc.). Les tumeurs sont produites une fois que la bactérie a transféré une partie de son matériel génétique (plasmide Ti (Tumor-inducing)) à la cellule végétale. Le plasmide accélère la production d’hormones de croissance qui se reflète par une croissance désordonnée et illimitée engendrant l’apparition de tumeurs 2 à 4 semaines suivant l’infection. Par la suite, les tumeurs continuent de grossir et les plants sont de moins en moins productifs, car la circulation de la sève et des éléments minéraux sont perturbés par la présence de la bactérie dans le système vasculaire. Les tumeurs continuent de se développer en l’absence de la bactérie. Le pommier est sensible à l’infection et au développement de la maladie lorsque la température est supérieure à 20 °C. La maladie se développe plus lentement et peut même demeurer latente à des températures inférieures à 15 °C.

Symptômes et dommages

Feuille : présence de petites feuilles jaunes.
 
Tige, collet et racine : présence de tumeurs blanches à jaunâtres, plutôt rondes ou ressemblant à l’inflorescence d’un chou-fleur, spongieuses ou fermes. En vieillissant, elles deviennent brunes ou noires, se lignifient et fendent. Elles sont parfois d’une forme allongée ou irrégulière. Les tumeurs varient en grosseur (quelques millimètres à près de 15 cm) et sont parfois nombreuses sur le même organe. Elles font irruption au travers de l’épiderme, de l’écorce ou du point d’attache des racines latérales sur la racine principale. Les tumeurs peuvent entourer complètement les racines ou le collet ou se manifester sur un seul côté. Les tissus de l’écorce infectée sont souvent plus pâles que les tissus sains environnants.
 
Plant : retard de croissance.

Ne pas confondre

La tumeur du collet peut être confondue avec des cals de cicatrisation qui se développent à la suite d’une blessure mécanique, des dommages de gels hivernaux (absence de tumeur), le point de greffe (pas de pelage de l’écorce) ou des galles induites par les nématodes ou les insectes.

Méthodes de lutte

Afin de limiter l’introduction et la propagation d’Agrobacterium, la prévention demeure la meilleure méthode de lutte, car une fois la plante infectée, il n’existe aucune méthode de lutte curative. Dans un premier temps, il faut éviter d’établir un verger de pommiers sur un site ayant des antécédents de la maladie et de replanter des cultivars sensibles aux endroits où des pommiers infectés ont été enlevés, car les populations de bactéries peuvent demeurer actives plusieurs années dans le sol. Sinon, une rotation des cultures (4 à 5 ans) avec des plantes non hôtes (avoine, graminées, maïs, oignon) doit être pratiquée avant l’établissement de la culture. Le sol doit être bien drainé. Les jeunes plants provenant des pépinières doivent être inspectés lors de la transplantation. Ils doivent être sains et exempts de tumeurs et de blessures. Les plants affectés doivent être détruits (brûlés) et non compostés. Assurer un bon contrôle des populations d’insectes et de nématodes. Éviter l’apport de sol contaminé par Agrobacterium.

Il est recommandé de choisir un porte-greffe avec une faible sensibilité à la tumeur du collet et minimiser les blessures au tronc au niveau du sol lors des pratiques culturales. Sur les végétaux nécessitant une taille, celle-ci doit être réalisée par temps sec. La désinfection des outils de travail est primordiale.

Références et liens

Jones A. L. & Sutton T. B. (1984). Crown Gall. Dans Diseases of Tree Fruits. Cooperative Extension Service, Michigan State University. p. 50-51.
 
Sutton T. B., Aldwinckle H. S., Agnello A. M. & Walgenbach J. F. (Eds) (2014). Crown Gall. Dans Compendium of Apple and Pear Diseases and Pests. 2nd éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 93-94.

http://web2.irda.qc.ca/reseaupommier/?p=13564

http://www.apsnet.org/edcenter/intropp/lessons/prokaryotes/pages/crowngall.aspx

https://ohioline.osu.edu/factsheet/plpath-fru-19