L’alternariose est fréquente chez la tomate cultivée en zone de production tropicale, subtropicale et tempérée. Elle est observée plus couramment en champ qu’en serre. Lors d’une infection sévère, elle peut causer des pertes importantes. Elle affecte essentiellement la partie aérienne des plants. Elle est notée également chez la pomme de terre, les adventices de la famille des solanacées et plus rarement sur l’aubergine et le poivron.
L’alternariose sur la tomate est maintenant causée par deux espèces d’Alternaria morphologiquement comparable soit A. solani et A. tomatophila. Cette dernière serait plus virulente qu’A. solani. Alternaria tomatophila est observé chez la tomate, mais pas chez la pomme de terre.
La co-infection entre l’alternariose et la tache septorienne (Septoria lycopersici) est souvent remarquée. Lorsqu’elles sont présentes simultanément sur le feuillage, les dommages sont accrus. La sensibilité des plants augmente avec l’âge des plants et les charges en fruit. Le champignon fructifie essentiellement sur les fruits. La faible sporulation du champignon sur les taches foliaires permet de limiter la vitesse de propagation de la maladie. Ainsi, la maladie progresse lentement au fur et à mesure que les plantes vieillissent et devient plus grave en fin de saison.
Les pertes de rendement sont observées lors d’une défoliation sévère et rapide des plants à la suite d’excès d’humidité sur les feuilles et des températures élevées, ce qui expose les fruits à de l’insolation. Les fruits sont de moindre qualité, le nombre et la grosseur sont limités. Les pertes en fruits immatures peuvent se situer entre 30 et 50 %. Les lésions qui sont causées ou non par A. solani sont fréquemment colonisées par Alternaria alternata, qui est un champignon pathogène peu virulent chez la tomate, qui affecte les tissus blessés ou sénescents.
Le champignon survit principalement dans les résidus de culture infectée et le sol, mais également à la surface des semences, les volontaires de plants de tomates et d’autres plantes de la famille des solanacées (pomme de terre, aubergine et mauvaises herbes) sous la forme de conidies et de mycélium. Au printemps, les conidies sont produites sur les résidus de culture, c’est l’infection primaire. La sporulation et la dispersion des spores sont favorisées par l’alternance de conditions sèche et humide. Les conidies sont dispersées par le vent et l’eau (éclaboussures, irrigation par aspersion) sur les feuilles basales ou colonisent les feuilles qui sont en contact avec le sol. Les spores contaminent les plants d’un même champ ou d’un champ à l’autre, car elles peuvent être dispersées sur de longues distances.
Les conidies germent entre 6 et 34 °C, en présence d’eau et pénètrent directement au travers de la cuticule, les stomates ou les blessures. Le développement du champignon exige une température se situant entre 15 et 30 °C et une humidité importante sous la forme de rosées, de faibles pluies fréquentes (5 mm), d’irrigation par aspersion ou d’une humidité relative élevée (> 90 %). Les symptômes sont visibles 5 à 7 jours après l’infection. La brûlure alternarienne est une maladie avec plusieurs cycles de nouvelles infections secondaires par saison.
Si l’alternariose est sévère, des symptômes peuvent être observés sur la tige, les fleurs et les fruits. Sinon, seul le feuillage est affecté.
Plantule: lors de l’émergence, si le collet est affecté, un chancre est présent et la maladie est appelée pourriture du collet ("collar rot"). Sinon, la tige porte de petites taches foncées légèrement déprimées. Elles deviennent rondes à allongées, avec des anneaux concentriques et un centre clair. Le chancre finit par encercler la tige et la plantule meurt.
Feuille : au début, les taches sont brun foncé, petites, rondes, et composées d’anneaux concentriques à l’intérieur des taches, causant un aspect de taches en cible (tache zonée). Ce symptôme est caractéristique de la maladie. Les taches deviennent irrégulières et affectent le centre et le bord des feuilles. Les taches sont entourées d’un halo jaune. En se développant, les taches deviennent angulaires seulement lorsqu’elles touchent aux nervures principales. La maladie progresse des vieilles feuilles vers les jeunes feuilles. Dans le cas d’infections sévères, tout le feuillage est couvert de taches et devient jaune. Les feuilles affectées tombent au sol.
Tige et sépale des fleurs : présence de lésions ou de taches noires, rondes à allongées, avec des anneaux concentriques bruns. Les lésions finissent par circonscrire la tige.
Fruit : présence de zones noires déprimées et coriaces autour du pédoncule, des sépales, des blessures ou des fissures. Les zones sont assez grandes et couvrent parfois tout le fruit et des anneaux concentriques sont visibles. Noircissement de la chair et pourriture potentielle. Présence de fructifications noires du champignon. Les fruits peuvent être infectés à n’importe quel stade de maturité. Les fruits infectés tombent au sol.
Plant : défoliation parfois sévère et rapide lors de conditions prolongées de mouillure des feuilles et des températures élevées.
Sur les feuilles, l’alternariose peut être confondue avec la tache septorienne (Septoria lycopersici – taches noires plus petites, au contour indéterminé, dont le centre est brun pâle et ponctué de pycnides). Au printemps, lorsque le sol est sec, l’alternariose peut être confondue avec la moucheture bactérienne (Pseudomonas syringae) et la gale bactérienne (Xanthomonas campestris pv. vesicatoria).
Sur les fruits, l’alternariose peut être confondue avec les maladies qui se développent dans la zone pédonculaire (mildiou (Phytophthora infestans), moisissure olive (Fulvia fulva)) et avec des dommages de pourriture apicale (carence en calcium)).
Pour diminuer l’alternariose, il faut utiliser des cultivars tolérants, irriguer par aspersion le matin pour que le feuillage puisse sécher durant le jour ou utiliser l’irrigation goutte à goutte, faire une longue rotation des cultures (3 à 4 ans) avec des plantes non hôtes (céréales, maïs, soya) et minimiser les blessures. Assurer une lutte efficace contre les volontaires et les mauvaises herbes de la famille des solanacées, une bonne fertilisation et un bon drainage des sols et maintenir les plants vigoureux. Éliminer les débris végétaux. Des fongicides foliaires sont disponibles (champ et serre), ainsi que des modèles prévisionnels pour le champ.
En serre de polyéthylène (plastique), des semences certifiées saines et des terreaux pasteurisés doivent être utilisés. Idéalement, les serres doivent être couvertes d’un matériau absorbant le rayonnement ultraviolet (UV).
Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Early Blight. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 23-25.
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http://www.extension.umn.edu/garden/fruit-vegetable/plant-diseases/early-blight-tomato/
http://www.missouribotanicalgarden.org/gardens-gardening/your-garden/help-for-the-home-gardener/advice-tips-resources/pests-and-problems/diseases/fungal-spots/early-blight-of-tomato.aspx