Le champignon responsable de la tache helminthosporienne affecte le blé, l’orge et le seigle, mais davantage l’orge. Il cause également le piétin commun (pourriture sèche), la brûlure des semis, et il est un des facteurs responsables de la mélanose sur les épis et grains d’orge. Bipolaris sorokiniana aime les conditions moyennement chaudes et humides et se développe principalement dans le sud de l’Ontario, les Prairies, les provinces maritimes et au Québec. La tache helminthosporienne peut survenir à n’importe quel stade de développement de la plante. Elle est fréquente et sévère. Les pertes de rendement sont tributaires de la proportion de la surface foliaire atteinte, de la qualité (poids et calibre) des grains et si l’infection est hâtive ou affecte la feuille étendard.
Le champignon hiverne sous la forme de conidies à paroi épaisse ou de mycélium dans les débris végétaux, le sol, sur les semences et certaines graminées mauvaises herbes (chiendent). Il peut survivre plusieurs années dans le sol. Le stade sexué (Cochliobolus sativus) est rarement observé dans la nature. Au printemps, les spores sont produites, lorsque le temps est pluvieux, et dispersées par le vent sur les jeunes plants. Lorsque les semences sont contaminées, les plantules sont infectées ce qui cause la brûlure des semis et la tache helminthosporienne. Les infections foliaires requièrent de longues périodes (> 16 heures) chaudes (> 20 °C) et humides. Les symptômes sont visibles 3 à 6 jours après l’infection. La fréquence d’infection des grains est élevée lorsque l’humidité persiste après l’épiaison.
Les symptômes varient selon le cultivar d’orge, le stade de développement, la souche de Bipolaris et son environnement.
Jeune plant : fonte des semis en pré et postémergence. Brunissement du coléoptile et décoloration des cotylédons et du limbe. Brûlure des semis.
Feuille : au début de l’infection, petites taches ovales brunes qui s’agrandissent pour devenir brun foncé, elliptiques, d’une longueur variable (5 à 10 mm), avec une marge foncée bien définie. Elles sont délimitées ou non par un halo jaune, peuvent se regrouper pour former de très grandes taches. Elles se manifestent en premier sur les feuilles basales puis progressent vers le haut pour atteindre l’épi. Lors d’infections sévères, les feuilles meurent prématurément et les plants flétrissent.
Épi : les grains sont petits et noirs à leur extrémité (moucheture et mélanose).
Racine : faible développement du système racinaire, brunissement puis pourriture des racines.
Cette maladie peut être confondue avec la rayure réticulée de l’orge (Pyrenophora teres). Contrairement à la rayure réticulée, la tache helminthosporienne montre des taches brunes elliptiques, d’une longueur variable, avec une marge foncée bien définie. Les taches sont parfois longitudinales et délimitées par les nervures, mais ne forment jamais de réseau.
Pour prévenir la tache helminthosporienne, il faut utiliser des semences saines traitées avec des fongicides, des cultivars qui ont une tolérance à la maladie puisqu’aucun cultivar n’est complètement résistant, favoriser la rotation des cultures avec des plantes non hôtes, enfouir les résidus de culture et éliminer les graminées mauvaises herbes, particulièrement le chiendent (Elymus repens). Les traitements fongiques sont efficaces, mais parfois dispendieux.
Bailey K. L., Couture L., Gossen B. D., Gugel R. K. & Morral R. A. A. (Eds) (2004). Taches helminthosporiennes de l’orge. Dans Maladies des grandes cultures au Canada. 1ère éd. La Société Canadienne de Phytopathologie, Saskatoon. p. 40-41.
http://www.agroatlas.ru/en/content/diseases/Hordei/Hordei_Bipolaris_sorokiniana/
https://projects.ncsu.edu/cals/course/pp728/Cochliobolus/Bipolaris_sorokiniana.htm
http://eap.mcgill.ca/CPCP_2.htm