La tache foliaire du cerisier est une des maladies les plus préoccupantes pour les vergers de cerisiers nains rustiques. Lorsque plusieurs épisodes de pluie se succèdent à la fin du printemps et durant l’été, cette maladie peut causer d’importants dommages aux cerisiers. Le champignon responsable, Blumeriella jaapii, attaque principalement les feuilles. Il peut aussi toucher les pétioles et les pédoncules, mais rarement les fruits.
Cette maladie se développe dès que la température est propice au printemps et se reproduit durant tout l’été. Le champignon survit à l’hiver dans les feuilles mortes au sol et recommence ses cycles d’infections rapidement au printemps suivant. C’est pourquoi il est essentiel de lutter contre cette maladie tôt en saison, dès la chute des pétales de fleurs, et de poursuivre les interventions parfois jusqu’à la fin de la saison.
Lorsque l’infection est grave, les feuilles commencent à tomber en juillet et une défoliation complète peut survenir en août. Une telle défoliation retarde le processus d’endurcissement du bois et des bourgeons qui se déroule à l’automne, ce qui menace la survie hivernale des bourgeons. Les cerisiers qui perdent leurs feuilles au cours de l’été sont moins vigoureux et produisent moins de fleurs la saison suivante. Ils peuvent mourir si l’hiver est particulièrement froid. Selon l’expérience des producteurs du Michigan, les arbustes doivent avoir conservé plus de 50 % de leurs feuilles à la mi-septembre pour survivre à l’hiver.
Tôt au printemps, des structures reproductrices du champignon (apothécies) se développent sur les feuilles infectées tombées au sol. Vers la fin de la floraison, selon la température et le taux d’humidité, les spores sexuées (ascospores) matures sont éjectées durant une pluie, se propagent dans le verger et atteignent les feuilles saines. Le champignon infecte les feuilles par les stomates, des cellules qui assurent les échanges gazeux entre la plante et son milieu. Par la suite, des acervules se développent sur la face inférieure de la feuille infectée et produisent une masse poudreuse de conidies blanches visibles à l'œil nu. Cette phase correspond au stade de reproduction asexuée du champignon et déclenche une série de cycles d’infections secondaires qui ont lieu tout au long de l’été, jusqu’à la chute des feuilles. Lorsque de nouvelles lésions deviennent visibles, plusieurs autres acervules sont déjà en développement. Les spores asexuées (conidies) se propagent rapidement, surtout si les conditions climatiques sont propices. Elles sont transportées d’une feuille à l’autre notamment par les éclaboussures de pluie. Le champignon passe l’hiver sur les feuilles infectées tombées au sol; c’est la période de dormance.
Feuille : Lorsqu’une infection se produit, de petites taches circulaires d’environ 3 mm, au pourtour irrégulier et de couleur brun pourpre apparaissent sur le dessus des feuilles. Sur la face inférieure, les taches présentent une minuscule fructification fongique concave, appelée acervule, recouverte d’un duvet blanchâtre à rose saumon, qui abrite les spores du champignon. Le nombre de taches augmente au fil de la saison, ce qui donne l’impression que les taches initiales s’agrandissent et forment de larges zones brunes. Toutefois, le symptôme le plus évident de cette maladie est le jaunissement des feuilles, ou le rougissement selon la variété, avant qu'elles ne tombent.
Plante entière : Défoliation, perte de vigueur, maturation inégale des fruits, sensibilité au gel accrue.
La tache foliaire du cerisier peut être confondue avec d’autres maladies telles que la tache septorienne (Septoria sp.), la brûlure corynéenne (Wilsonomyces carpophilus) et la coulure bactérienne (Pseudomonas syringae).
La tache foliaire du cerisier est souvent absente des vergers nouvellement implantés et aucun traitement n’est alors nécessaire. Toutefois, le dépistage régulier des symptômes sur les feuilles est essentiel, et ce, chaque année, car la maladie advient tôt ou tard.
Tous les cultivars de cerises acides sont sensibles à la tache foliaire du cerisier, et seule une stratégie d’intervention rigoureuse peut contrôler la maladie. En prévention, ramasser ou broyer les feuilles tombées permet de diminuer la pression de la maladie dans le verger.
Les interventions et la fréquence des traitements fongicides sont ajustées selon le niveau d’infection de l’année précédente (la quantité de taches observées), la période de l’année, les conditions climatiques et la présence de taches au cours de la saison.
DOUCET R. (1992) La Science agricole : climat, sols et productions végétales du Québec, 2e édition, Austin, Éditions Berger Inc., 699 p.
ELLIS M. A. (2008) Cherry Leaf Spot, Ohio State University: Agriculture and Natural Resources, Fact Sheet HYG-3021-08
OGAWA J.M. & autres. (1995) Compendium of Stone Fruit Diseases, St-Paul, APS Press, 98 p.
PENNSYLVANIA STATE UNIVERSITY (2016) Cherry Leaf Spot, PennState Extension: Penn State College of Agricultural Sciences
WILCOX W. F. (1993) Cherry Leaf Spot, Cornell University –Tree Fruit IPM: Diseases, 102GTSTF-D8