Tache chocolat
Chocolate spot
Des gousses montrent des taches noires sur l’épiderme. Les tests de laboratoire ont révélé la présence du champignon Botrytis sp., responsable de la tache chocolat chez la gourgane.
Description

La tache chocolat est causée par deux espèces du champignon Botrytis. Botrytis fabae est la cause la plus courante et n'affecte que les fèves. Botrytis cinerea peut provoquer des symptômes très similaires, et ce champignon cause également la moisissure grise sur une très grande variété de plantes. C’est une maladie importante dans les régions fraîches ou tempérées. Elle apparaît à partir du milieu du printemps sur les féveroles ou gourganes semées au printemps. L’infection des fleurs peut entraîner une réduction importante du rendement et les gousses infectées peuvent présenter des graines décolorées, ce qui diminue leur valeur marchande. La coulure des fleurs apparaît par temps trop sec et lorsque la température excède 23 °C. L’excès et le manque d’humidité dans le sol limitent aussi la productivité. Au Canada, la tache chocolat cause peu de dommages.

Cycle de la vie

Le champignon hiverne sur les débris végétaux, les volontaires de gourgane et de vesce commune (Vicia sativa) utilisée comme engrais vert. Il peut également survivre sous la forme de sclérotes dans le sol et être transmis par les semences infectées. Les sclérotes germent, des conidiophores se forment et des conidies sont produites. Les conidies sont dispersées par le vent (sur de longues distances) et les éclaboussures d’eau. La surface des feuilles doit être humide pour assurer la germination des conidies. Le développement de la maladie est favorisé par des conditions fraîches (15 à 22 °C) et humides (H. R. > 90 %), lors de précipitations importantes, lorsque le vent est léger et que la densité de plantation est élevée. Lorsque ces conditions sont présentes à la floraison, les dommages sont importants et la maladie peut évoluer très rapidement en l’espace d’une semaine. Une fois que la maladie est établie, elle se propage rapidement dans la culture et, quatre à cinq jours suivant l'infection, des spores peuvent se former sur les tissus infectés et initier des infections secondaires de la maladie. Après la récolte, le champignon reste à l'état dormant dans les débris végétaux jusqu'à la prochaine saison de croissance. Les semences infectées peuvent être entreposées avec des semences saines et infecter une nouvelle culture.

Symptômes et dommages

Les symptômes se manifestent essentiellement sur le feuillage et à l’occasion sur la tige, les fleurs et les gousses.
 
Feuille : au début, présence de petites taches brun chocolat de 2 à 3 mm de diamètre (phase « non agressive »). Lors d’une longue période d’humidité, les taches évoluent, deviennent beiges au centre avec une marge brun foncé, sont irrégulières et allongées (phase « agressive »). Lorsque la maladie est sévère, les taches se propagent à toute la feuille qui prend une teinte noire. Une défoliation partielle est souvent observée. Des spores se forment sur les tissus morts et propagent l'infection à d'autres plants.
 
Fleur : avortement des fleurs lorsque la maladie est sévère ou que la température est élevée.
 
Gousse : avortement potentiel des gousses déjà pollinisées, ouverture de la ligne de suture et décoloration des graines lorsque la maladie est sévère.
 
Tige : les taches sur les tiges peuvent causer le dépérissement des plants. Présence parfois de petits sclérotes noirs dans les tiges des plants gravement malades.

Ne pas confondre

La tache chocolat peut être confondue avec l’ascochytose (Didymella fabae (syn. Ascochyta fabae) – taches sur feuilles et gousses avec présence de pycnides noires au centre des taches, lésions brun rougeâtre sur tige) et des brûlures causées par des herbicides (feuilles basales, sans progression vers le haut du plant, absence d’agent pathogène, plantes avoisinantes affectées également).

Méthodes de lutte

La tache chocolat est contrôlée en empêchant le développement de la phase « agressive ». Il faut utiliser des semences de qualité ou traitées avec un fongicide, des cultivars résistants, lorsque disponibles, cultiver dans des sols frais et profonds (loam, loam argileux, terres noires), faire une rotation des cultures (> 2 ans) avec des plantes non hôtes et assurer une fertilisation adéquate, principalement en phosphore et en potassium. Éviter les sites humides et les peuplements trop denses afin de favoriser la circulation de l'air entre les plants. Contrôler les mauvaises herbes, car la gourgane est une piètre compétitrice et éliminer les débris de culture.