La cercosporose est la maladie foliaire la plus fréquente et la plus sévère des betteraves. Elle affecte également l’épinard, la poirée (bette à feuilles), les plantes ornementales (pensée) et certaines mauvaises herbes (amarante, chénopode, mauve, etc.). Elle cause davantage de dommages à la betterave sucrière que la betterave potagère et l’épinard. Les pertes de rendement sont importantes (jusqu’à 40 %) lorsque la défoliation est prématurée, car elle affecte la récolte mécanisée. La maladie débute en foyer et finit par être répartie assez uniformément dans le champ.
Le champignon hiverne sous la forme de conidies (1 à 4 mois) et de stroma (1 à 2 ans) sur les résidus de culture infectée, les mauvaises herbes, particulièrement les chénopodiacées, la semence et en serre, sur le matériel mal nettoyé. Les conidies sont produites au printemps et dispersées par le vent, les courants d’air, l’eau (éclaboussures, irrigation), les insectes, les équipements et les travailleurs. Les infections se font généralement par le mycélium qui pénètre par les stomates. Les infections et le développement de la maladie commandent un film d’eau ou une humidité importante la nuit (90 à 100 %) et des températures élevées et sèches le jour (20 à 26 °C). La maladie peut se transmettre d’une feuille infectée à une feuille saine. Les symptômes apparaissent environ 7 à 8 jours après l’infection. Les premiers symptômes apparaissent au début de l’été (juin ou juillet).
Feuille : les vieilles feuilles sont affectées en premier et la maladie progresse ensuite vers les jeunes feuilles. Les taches sont beiges au centre, bordées d’une marge pourpre à brun, circulaires et mesurent entre 2 et 5 mm de diamètre. En vieillissant, les taches deviennent grises et se regroupent. Les feuillent jaunissent et meurent rapidement. Les feuilles mortes demeurent attachées à la plante. Des fructifications noires du champignon sont parfois visibles à la face inférieure des feuilles ou au centre des taches. Sur les pétioles, les taches sont elliptiques.
La cercosporose peut être confondue avec la tache ramularienne (Ramularia beticola) dont les taches sont angulaires, brun pâle avec un halo brun foncé et la tache bactérienne (Pseudomonas syringae pv. aptata) qui produit des lésions rondes à irrégulières, beiges à brunes au centre et bordées d’un halo brun foncé à noir. Il y a absence de stroma sur les lésions. Finalement, elle peut être confondue avec la tache phoméenne (Phoma betae) dont les taches sont brunes, rondes à ovales, avec des anneaux foncés concentriques qui portent de nombreuses petites pycnides. Le champignon Phoma cause également la pourriture noire sur les racines.
Pour prévenir le développement de la tache cercosporéenne, il faut privilégier la rotation des cultures (2 à 3 ans) avec les céréales, l’utilisation de semences saines traitées avec un fongicide avant ou au semis, l’éradication des mauvaises herbes, une fertilisation adéquate, l’irrigation par aspersion le matin, l’enfouissement des résidus de cultures infectées et l’usage de labours profonds. Des cultivars résistants, des modèles prévisionnels et la lutte chimique sont également disponibles.
Harveson, R. M., Hanson L. E. & Hein G. L. (Eds) (2009). Cercospora Leaf Spot. Dans Compendium of Beet Diseases and Pests. 2e éd. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 7-10.
Richard C. & Boivin G. (1994). Cercosporose de la betterave. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 55-56. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch5-betterave.pdf)
https://ag.umass.edu/fact-sheets/cercospora-leaf-spot-of-swiss-chard-beets-spinach
http://www.ag.ndsu.edu/pubs/plantsci/rowcrops/pp1244.pdf