L’anthracnose est une des maladies foliaires les plus communes des plantes ornementales (herbacées et ligneuses) et des plantes d’intérieur. Selon la plante, différents champignons peuvent causer de l’anthracnose (Colletotrichum spp., Discula spp., Apiognomonia spp., Sphaceloma spp., etc.). Chez les plantes herbacées ornementales, différentes espèces de Colletotrichum sont responsables de la majorité des dommages, mais la plus fréquemment rapportée est C. gloeosporioides (stade sexué : Glomerella cingulata). L’anthracnose est une maladie fréquente et sévère dans les régions au climat chaud et humide mais surtout observée sur les boutures cultivées en serre ou produites dans les pépinières de multiplication des plants. La maladie est plus importante en hiver lorsque les serres sont mal ventilées ou que l’eau dégoute sur les plants, ce qui augmente les stress sur les plants et favorise l’infection par Colletotrichum.
Le champignon hiverne dans le sol, sur les débris végétaux et sur les plants infectés sous forme de mycélium, de conidies ou de périthèces. Au printemps, les conidies germent et sont dispersées par les éclaboussures d’eau (pluie et irrigation), la machinerie, les outils et les travailleurs. L’infection se fait sur les plants lorsque la température est chaude et humide. Sur la plante, les conidies germent et produisent un appressorium qui adhère aux tissus sans les pénétrer, assurant sa survie jusqu’à ce que les conditions deviennent propices à l’infection. Lorsque la température est chaude (optimum entre 20 et 24 °C, selon l’espèce de Colletotrichum) et humide (humidité relative près de la saturation, présence d’un film d’eau sur le feuillage, etc.), un hyphe de pénétration est formé, le champignon envahit les tissus et l’infection se produit. Le champignon pénètre directement à travers la cuticule ou par des blessures. Le développement de la maladie est étroitement lié aux conditions climatiques. Elle se développe généralement à la suite de pluies fréquentes, sous une température oscillant entre 26 et 32 °C, avec un optimum à 29 °C et lorsque l’humidité relative est près de la saturation (environ 100 %). Des acervules noires ou des périthèces se forment environ 30 à 40 jours après l’infection.
Chez les plantes ornementales, les symptômes varient selon l’hôte. Voici des symptômes généraux observés sur les plantes herbacées ornementales et les plantes d’intérieur.
Feuille : présence de lésions humides débutant à la marge ou autour des blessures. Les lésions évoluent rapidement et prennent une forme circulaire à irrégulière, grise à noires, sur la plupart des hôtes. Sur certains hôtes (Cissus spp.), des lésions angulaires délimitées par les nervures sont parfois observées. Des acervules (stade asexué) ou des périthèces (stade sexué) peuvent être observés directement sur les tissus affectés. Les lésions demeurent discrètes ou se regroupent pour former de larges plages d’aspect sec ou brûlé qui sont bien délimitées des tissus sains. Présence de setae. Sous des conditions humides, un exsudat rose crème à saumon, contenant des conidies gris pâle à noires, se développe au centre des taches. Des lésions déprimées, ovoïdes à allongées, brun à brun foncé sont parfois observées sur les pétioles.
Tige : présence de nombreuses petites taches brun rougeâtre qui évoluent en de larges lésions déprimées ovoïdes à allongées. Des conidies sont présentes sur les taches. Lorsque les conditions sont humides, les taches sont nombreuses et peuvent circonscrire les tiges, causer un étranglement et du flétrissement.
L’anthracnose peut être confondue avec des symptômes de stress hydrique ou de sécheresse, de l’insolation, du gel ou une salinité élevée du sol.
Pour prévenir le développement de l’anthracnose, il faut diminuer l’humidité et la quantité d’eau appliquée sur le feuillage, favoriser la circulation d’air entre les plants et la rotation des plantes chaque année, utiliser des semences certifiées ou traitées, des cultivars résistants lorsque disponibles et minimiser les blessures. Éliminer et détruire toutes les parties des plants malades et les débris de culture afin de réduire l’inoculum. Des traitements fongiques sont disponibles selon la plante hôte.
Chase A. R. (Ed) (1997). Colletotrichum Leaf Spot (Anthracnose). Dans Compendium of Ornamental Foliage Plant Diseases. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 20-21.
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http://www.pestid.msu.edu/PlantDiseases/Anthracnose/tabid/90/Default.aspx