L’anthracnose est une des maladies les plus importantes chez le haricot à travers le monde. Elle se manifeste surtout dans les régions au climat tempéré et pluvieux et lorsque des variétés anciennes ou sensibles sont utilisées. À l’occasion, elle peut causer des pertes de rendement pouvant atteindre 100 % quand des semences contaminées ont été utilisées et que les conditions sont favorables au développement de la maladie. Aujourd’hui, l’anthracnose est considérée comme une maladie occasionnelle, car des cultivars résistants à une ou plusieurs races sont disponibles, mais encore sévères, car de nouvelles races du champignon sont parfois observées. L’anthracnose affecte également le haricot d’Espagne, la féverole, le haricot de Lima, le haricot mungo (ambérique ou soya vert) et le dolique. La forme parfaite du champignon, Glomerella lindemuthianum, est rarement observée chez le haricot. Les premiers foyers de la maladie se forment autour des plantules issues de semences infectées.
Le champignon hiverne sous la forme de mycélium dans les résidus de culture infectée, mais il est surtout présent dans les semences contaminées. Au printemps, le champignon est dispersé par l’eau (pluie, irrigation par aspersion) et le vent sur les tissus de la plante. Les conidies germent rapidement, en six à neuf heures, sous des conditions favorables. Le champignon germe à la surface des tissus et forme des appressoria qui pénètrent directement à travers la cuticule et l’épiderme. Une fois à l'intérieur des tissus, le champignon se développe, les symptômes apparaissent et les acervules émergent à la surface des tissus. Le cycle de la maladie prend entre quatre et neuf jours selon la température, l’âge des tissus et la variété de haricot. Les conidies sont produites dans une masse gélatineuse et servent d’inoculum secondaire. Elles sont dispersées par les éclaboussures d’eau, les équipements et les travailleurs. La production et la germination des conidies se font lorsque la température se situe entre 13 et 26 °C avec un optimum de 17 °C. La germination des conidies, l’infection et la sporulation nécessitent une humidité relative supérieure à 92 % ou la présence d’eau libre. Les épidémies surviennent lorsque des pluies modérées surviennent à des intervalles fréquents et qu’elles sont accompagnées de vent, assurant la dissémination locale des conidies et le développement de la maladie.
La maladie peut affecter toutes les parties aériennes de la plante, mais les symptômes sont plus fréquemment observés sur les feuilles et les pétioles.
Plantule : les cotylédons portent de petites taches brun foncé à noires. L’hypocotyle montre une minuscule moucheture couleur rouille qui évolue en lésions allongées et déprimées. Ces lésions peuvent causer la pourriture de l’hypocotyle.
Feuille et pétiole : les symptômes débutent toujours à la face inférieure par des lésions le long des nervures. Elles sont allongées, angulaires, rouge brique à rouge pourpre, devenant brun foncé à noires. Plus tard, elles apparaissent à la face supérieure sous la forme de lésions brunes de taille variée sur le limbe, habituellement autour des nervures.
Gousse et grains : au début, présence d’une moucheture brune qui évolue en taches brunes déprimées d’un à dix millimètres de diamètre. Les taches matures sont délimitées par une marge brun rougeâtre à noire avec un centre noir grisâtre. Les gousses peuvent devenir ratatinées et séchées si elles sont sévèrement affectées, exposant du même coup les grains. Les grains peuvent être décolorés et avoir des taches déprimées brun foncé à noires. En conditions humides, des fructifications noires sont visibles (acervules, setae) au centre des taches et les conidies sont contenues dans une masse gélatineuse beige à saumon.
Tige : présence de lésions rougeâtres à brunes, allongées et déprimées, pouvant atteindre 5 à 7 mm de longueur.
Pour lutter contre l’anthracnose du haricot, le principal moyen de lutte est l’utilisation de cultivars résistants, mais ce moyen de lutte doit être jumelé à d’autres puisqu’un cultivar de haricot n’est pas résistant à toutes les races du champignon. Il faut sélectionner les cultivars en fonction de ceux disponibles dans la région de production. Les autres méthodes de lutte consistent à utiliser des semences saines enrobées de fongicides, favoriser la rotation des cultures (2 à 3 ans) avec des plantes non hôtes (céréales, maïs), enfouir profondément les résidus de culture pour favoriser leur décomposition et limiter les déplacements (machinerie, travailleur) dans les champs lorsque le feuillage est mouillé. Un traitement fongique préventif est homologué. Il est recommandé de traiter au début et à la fin de la floraison et lors du remplissage des gousses.
Bailey K. L., Couture L., Gossen B. D., Gugel R. K. & Morral R. A. A. (Eds) (2004). Anthracnose. Dans Maladies des grandes cultures au Canada. 1ère éd. La Société Canadienne de Phytopathologie, Saskatoon. p. 195-196.
Richard C. & Boivin G. (1994). Anthracnose du haricot. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d'Entomologie du Canada, Canada. p. 234-235. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch15-pois-haricot.pdf)
Schwartz H. F., Steadman J. R., Hall R. & Forster R. L. (Eds) (2005). Anthracnose. Dans Compendium of Bean Diseases. 2nd éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 25-27.
http://vegetablemdonline.ppath.cornell.edu/factsheets/Beans_Anthracnose.htm
https://www.plantwise.org/KnowledgeBank/Datasheet.aspx?dsid=14918
https://www.gov.mb.ca/agriculture/crops/plant-diseases/anthracnose-dry-beans.html
https://www.ipmimages.org/browse/subthumb.cfm?sub=9543
http://learningstore.uwex.edu/assets/pdfs/A3374.PDF