Le chancre cytosporéen est causé par le champignon Cytospora sp. (stade sexué : Leucostoma sp. ou Valsa sp.). Cette maladie est largement distribuée en Amérique du Nord, en particulier dans les régions au climat frais et humide. Cytospora infecte une gamme d’hôtes variés, dont les feuillus, les conifères et les arbres fruitiers (cerisier, pêcher, pommier, prunier), mais surtout le pêcher. Cytospora est considéré comme un agent phytopathogène opportuniste qui envahit l’écorce des rameaux, des branches et du tronc des arbres ayant subi un stress par divers facteurs (gel hivernal, insolation, sécheresse, taille inadéquate, etc.). Le chancre cytosporéen n’est pas létal pour l’arbuste, mais peut favoriser l’entrée d’agents phytopathogènes plus virulents et d’autres organismes opportunistes.
Le champignon hiverne dans les branches infectées, les chancres, le bois mort et les branches tombées au sol. Au printemps, lors de conditions humides, des pycnides s’ouvrent et libèrent des conidies qui sont contenues dans des vrilles gélatineuses orange. Les conidies sont disséminées par le vent, les éclaboussures d’eau et les insectes. Sous nos conditions, les périthèces contenant les ascospores (stade sexué) sont rarement observés. La germination des conidies requiert une température moyenne de 20 °C et de l’humidité. Le champignon colonise les sites de blessure et les chicots de taille, puis se développe sur l’écorce et dans le cambium. Les chancres prennent de l’expansion au printemps et à l’automne.
Feuille : Sur les branches infectées, les feuilles jaunissent, flétrissent et se dessèchent.
Tige : Les tiges symptomatiques et la bordure des chancres se couvrent de protubérances noires de la taille d’une tête d’épingle. Ces protubérances, qui traversent l’écorce, sont nommées pycnides : il s’agit de structures fongiques asexuées. L’écorce au centre des chancres devient rugueuse et écailleuse. Lors de conditions humides, des vrilles gélatineuses ambre à orange, chargées de conidies, sont expulsées des pycnides. Le bois sous les chancres est brun. L’extrémité de la branche au-delà du chancre meurt sans causer le dépérissement de l’arbuste en entier. Les infections touchant le tronc et les branches débutent généralement dans les blessures de taille ou dans les tissus affectés par le froid.
Le chancre cytosporéen peut être confondu avec d’autres maladies à chancres sur les tiges. Des analyses de laboratoire sont souvent requises pour les distinguer.
Pour prévenir le développement de chancres sur les branches et le tronc, il faut :
- Se procurer des arbustes sains et exempts de maladies, et inspecter le matériel végétal lors de la plantation;
- Éliminer les sources d’inoculum (bois mort, chancres, branches infectées, etc.) et éviter les blessures;
- Effectuer des coupes franches avec des outils de taille bien tranchants;
- Dépister les chancres tout au long de la saison de croissance;
- Assurer une fertilisation équilibrée et cultiver l’aronia dans un sol léger et bien drainé.
Les plants d’aronia cultivés sur paillis de plastique semblent plus enclins à subir du gel hivernal sur les tiges lors d’hivers rigoureux (puis à développer le chancre cytosporéen au printemps) en raison de leur croissance plus forte que celle des plants cultivés sur copeaux de bois.
Pour éradiquer les chancres sur les branches et le tronc, il faut tailler les arbustes et enlever les branches infectées durant la période de dormance ou par temps sec. Il faut aussi sortir les tissus infectés et les brûler ou les déchiqueter pour activer leur décomposition. Il est recommandé d’abattre les arbustes qui ont des chancres trop importants sur le tronc. Aucun fongicide contre cette maladie n’est homologué au Canada.
Jones A. L. & Sutton T. B. (1984). Perennial Canker, Diseases of Tree Fruits. Cooperative Extension Service, Michigan State University. p. 46-47.
Myren D. T., Laflamme G., Singh P., Magasi L. P. & Lachance D. (Eds) (1994). Chancre cytosporéen. Dans Maladies des arbres de l’est du Canada. Groupe communication Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Ottawa. p. 84-87.
Réseau-pommier IRDA - Chancre cytosporéen, guide d'identification