L’anthracnose est une des maladies les plus importantes du framboisier avec la brûlure des dards. Les dommages sont importants lors de printemps et de début d’été frais et pluvieux. L’anthracnose est fréquente et sévère. Elle affecte le rendement, rend les plants plus sensibles aux températures froides de l’hiver et raccourcit la durée de vie des framboisières. La maladie devient plus importante avec le vieillissement des framboisières. Au Québec, les cultivars Boyne et Killarney sont particulièrement sensibles. La maladie est répartie au hasard.
Le champignon Elsinoe veneta hiverne au champ sur les tiges infectées sous la forme d’ascospores et de conidies. Au printemps, les ascospores, mais surtout les conidies, sont produites et relâchées durant la pluie. Les conidies sont dispersées par les éclaboussures d’eau et le vent. Les structures fongiques prennent entre 3 et 12 heures à germer et infectent seulement les jeunes tissus verts, car le champignon affecte les tissus vasculaires immatures. La majorité des infections se produisent tôt en saison. Par la suite, l’infection peut se manifester sur d’autres parties de la plante en développement, produire de nouvelles conidies et de nouvelles infections. Les conditions favorables au développement du champignon sont une température variant entre 10 et 26 °C, avec un optimum entre 20 et 26 °C et un printemps humide et pluvieux. Les symptômes apparaissent environ une semaine après une pluie importante.
Les tiges sont les plus affectées, mais parfois les feuilles, les fleurs et les fruits le sont aussi.
Feuille : présence de petites taches rondes de 2 à 3 mm de diamètre, avec un centre clair et une marge foncée. Les taches peuvent se dessécher et tomber. Les taches sont localisées entre les nervures principales. En effet, lorsque les feuilles de framboisier prennent de l'expansion, elles se déploient comme un accordéon à partir des nervures principales. La partie centrale située entre les nervures principales est saillante et exposée en premier aux intempéries et aux infections. Dans le cas de grave infection, il peut y avoir défoliation.
Fruit : sont rarement infectés, mais peuvent le devenir lorsque des infections sévères surviennent sur les tiges latérales fructifères. Les fruits sont petits, grisâtres, mûrissent lentement, sèchent et s’affaissent. Dans le cas de grave infestation, le pédoncule devient chancreux (regroupement de petites taches) et grisâtre et les fruits sont secs et « granuleux » à maturité.
Tige : sur les jeunes tiges, présence de petites taches brunes, circulaires à elliptiques, avec un centre clair (blanchâtre à grisâtre) et une marge foncée. Les taches s’agglomèrent et deviennent grises, avec une étroite marge pourpre, déprimées, peuvent se fendre et encercler toute la tige. Dès l’automne, de petits points noirs (ascospores) sont formés sur les taches grises. L’encerclement de la tige et l’éclatement des taches réduisent le passage de la sève et des éléments nutritifs vers les fruits. Les tissus des tiges affectés se dessèchent et sont moins résistants aux conditions hivernales. Les symptômes sont localisés principalement au centre des tiges.
Sur les feuilles, cette maladie peut être confondue avec la tache septorienne (Septoria darrowii - taches rondes avec des points noirs au centre).
Sur les fruits, elle peut être confondue avec des piqûres de punaise terne (Lygus lineolaris - quelques drupéoles seulement, aucun symptôme d’anthracnose sur les tissus adjacents), de l’insolation (côté exposé au soleil seulement) et des dommages causés par la pluie ou le vent (aucun symptôme d’anthracnose sur les tissus adjacents).
Pour empêcher le développement de l’anthracnose dans les framboisières, il faut éviter toutes les pratiques culturales qui favorisent la croissance végétative, dont les excès d’azote. Il faut favoriser la circulation d’air entre les plants en maintenant une bonne densité de plants (12 à 15 tiges par mètre de rang, tailler après la récolte), éliminer le framboisier rouge sauvage (Rubus idaeus), les tiges fructifères et les primocanes infectées. Dans les framboisières avec un historique de la maladie, il faut éviter l’irrigation par aspersion. Les traitements fongiques sont efficaces si ils sont réalisés dans la bonne fenêtre de traitement soit au débourrement jusqu’à la pointe verte, lorsque les tiges ont entre 25 et 30 cm de hauteur ou à l’automne. Des cultivars résistants sont disponibles.
Ellis M. A., Converse R. H., Williams R. N. & Williamson B. (Eds) (1991). Anthracnose. Dans Compendium of Raspberry and Blackberry Diseases and Insects. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 3-5.
Lambert L., Laplante G. H., Carisse O. & Vincent C. (2007). L’anthracnose du framboisier. Dans Guide de maladies, ravageurs et organismes bénéfiques du fraisier, du framboisier et du bleuetier. CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec). p. 112-113.
http://www.agrireseau.qc.ca/Rap/documents/b14pf04.pdf
http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/pub360/notes/raspanth.htm