L’anthracnose du poinsettia est causée par Sphaceloma poinsettiae. La maladie se manifeste surtout lorsque des boutures infectées sont introduites dans les serres comme ce fut le cas dans des serres américaines où des épidémies ont eu lieu à cause de boutures infectées provenant d'Amérique centrale. Chez le poinsettia, cette maladie est plutôt rare mais les plants présentant des taches sur les feuilles et les bractées sont invendables.
Le développement de la maladie est favorisé sous un climat chaud et humide et lors de conditions de croissance humides. Les éclaboussures d’eau et les insectes propagent facilement les spores de S. poinsettiae. Le champignon produit une substance chimique régulatrice de la croissance qui induit des élongations excessives des tiges même si celles-ci n’ont parfois qu’un seul chancre. Les entre-nœuds sont allongés de manière à ce que les tiges se retrouvent au-dessus du reste des plants. Le manioc (Manihot esculenta) est affecté par un champignon similaire, Sphaceloma manihoticola, et il a été démontré que cet agent pathogène produisait de l’acide gibbérellique (GA4), une hormone végétale qui stimule la croissance des plantes.
Feuille et bractées : présence de petites taches surélevées, beiges avec une marge pourpre, circulaires à allongées, de 1 à 10 mm de diamètre. Un halo jaune est souvent présent. En se développant, le centre des taches devient brun velouté lors de la sporulation du champignon. Les taches ont tendance à se regrouper pour former des brûlures localisées principalement le long des nervures, mais également à l’apex ou à la marge. Les feuilles sont souvent enroulées ou gaufrées. Les taches peuvent se dessécher et tomber. Les pétioles ont des taches déprimées ovoïdes qui apparaissent brun grisâtre lorsque des conidies sont produites.
Tige : présence de lésions surélevées, ovoïdes à allongées, avec un centre beige entouré d’une marge pourpre. Le centre des taches devient brun velouté lors de la sporulation du champignon. Parfois les lésions ceinturent complètement la tige, causant le dépérissement de la partie aérienne des plants. Les tiges sévèrement infectées ont une élongation anormale qui peut représenter deux fois la longueur d’une tige normale.
L’anthracnose du poinsettia peut être confondue avec des symptômes causés par la tache alternarienne (Alternaria spp.) et de l’œdème.
Pour prévenir le développement de l’anthracnose, il faut utiliser du matériel végétal sain (boutures) et d’une provenance fiable, dépister régulièrement les plants pour détecter les plants anormalement hauts, contrôler l’humidité et éviter l’irrigation par aspersion pour diminuer la quantité d’eau appliquée sur le feuillage et le développement de la maladie. Continuer les opérations de pincement qui permettent d’accroître la pénétration de la lumière dans les plants, d’assécher les feuilles et les tiges et de détecter plus facilement les plants infectés. Désinfecter fréquemment les outils, les équipements et les mains des travailleurs, surtout après la manipulation de plants infectés. Éliminer et détruire toutes les parties des plants malades et les débris de culture afin de réduire l’inoculum. Des traitements fongicides sont disponibles.
Daughtrey M. L., Wick R. L. & Peterson J. L. (Eds) (2006). Scab (Spot Anthracnose) of Poinsettia. Dans Compendium of Flowering Potted Plant Diseases. APS Press, The American Phytopathological Society, St-Paul, Minnesota. p. 22.
Ecke III P., Faust J. E., Williams J. & Higgins A. (2004). Scab (Sphaceloma poinsettiae). Dans The Ecke Poinsettia Manual. Ball Publishing, Illinois. p. 225-226.
http://www.apsnet.org/publications/apsnetfeatures/pages/poinsettiaflower.aspx
https://nt.ars-grin.gov/taxadescriptions/factsheets/pdfPrintFile.cfm?thisApp=Sphacelomapoinsettiae
https://ag.umass.edu/greenhouse-floriculture/fact-sheets/diseases-of-poinsettias
https://ag.purdue.edu/btny/ppdl/Pages/POTW_old/10-28-13.html