Les champignons causant les blancs (oïdium) sont des parasites obligatoires. Ils tuent rarement leurs hôtes puisqu’ils sont nécessaires à leur survie. Il existe plusieurs genres de blanc et une gamme d’hôtes très variée. Chez le pommier et le pommetier, Podosphaera leucotricha (syn. Sphaerotheca leucotricha) est le principal champignon rapporté. Le poirier et le cognassier sont également affectés par ce blanc, mais à un degré moindre. Toutes les parties aériennes de l’arbre peuvent être affectées. La sensibilité au blanc varie grandement et certaines variétés sont très sensibles ('Cortland', 'Honeycrisp', 'Idared' et 'Paulared'). Le blanc ralentit la croissance, diminue la rusticité au froid et la productivité. Des températures hivernales inférieures à – 24 °C tuent la plupart des bourgeons infectés tandis que les bourgeons sains peuvent tolérer des températures froides variant entre – 26 et – 30 °C. Lors de la floraison, les fleurs qui sont infectées tôt prédisposent les fruits à la roussissure réticulée, ce qui cause leur déclassement. Les traitements préventifs assurent un bon contrôle de la maladie. Le blanc du pommier est occasionnel et mineur, mais une certaine recrudescence a été observée à la suite du retrait de certains fongicides employés pour contrôler la tavelure et indirectement le blanc. Les pertes économiques sont liées à la sensibilité variétale, aux conditions climatiques et à l’état sanitaire du verger. Les pertes sont généralement plus importantes dans les pépinières à cause de leur croissance en continu jusqu’à l’automne.
Le champignon hiverne dans les bourgeons en dormance sous la forme de mycélium. Au printemps, lors du débourrement des bourgeons, les bourgeons infectés ouvrent 5 à 8 jours plus tard que les bourgeons sains, ce qui signifie que les tissus sensibles au blanc sont déjà présents lors de leur débourrement, ce qui facilite l’infection des jeunes feuilles, des fleurs et des pousses. C’est l’infection primaire. Les infections sont initiées par les conidies et apparaissent sous la forme de baril et sont accolées en chaîne. C’est ce qui donne aux tissus infectés une apparence poudreuse. Les organes infectés fourniront par la suite l’inoculum secondaire pour infecter les feuilles et les fruits. L’inoculum secondaire (conidies) est dispersé par le vent. Au Québec, l’infection des fruits est rare.
Les conditions nécessaires à l’infection sont une température variant entre 10 et 25 °C avec un optimum variant entre 19 et 22 °C et une humidité relative supérieure à 90 %. Une humidité relative faible le jour favorise la dispersion des spores par le vent tandis qu’une humidité relative élevée la nuit favorise les infections. Contrairement à la majorité des maladies, la présence d’eau libre n’est pas requise pour causer les infections par le blanc. Au contraire, l’eau réduit la germination et tue les spores du blanc. Les infections précoces par le blanc des boutons floraux (entre les stades prébouton rose et calice) compromettent la nouaison ou favorisent l’apparition d’une roussissure sur les fruits. Les symptômes apparaissent généralement 4 à 5 jours après l’infection, parfois à l’intérieur de quelques jours. Le champignon cesse de se propager lorsqu’il n’y a plus de jeunes tissus. Toutes les infections cessent environ un mois après la formation des bourgeons terminaux et juste avant la subérisation des écailles des bourgeons. Le cycle se perpétue lorsque les bourgeons sont infectés au cours de l’été (bourgeon à fruits) ou à la fin de l’été (bourgeon terminal) et que le champignon demeure latent jusqu’au printemps suivant.
La gravité des symptômes peut varier selon la sensibilité variétale.
Bourgeon : au printemps, les bourgeons sont recouverts d'un duvet blanc, ouvrent plus tard (5 à 8 jours) que les bourgeons sains et sont plus sensibles au gel hivernal et printanier. Ils manquent de vigueur et il y a risque d’avortement.
Feuille : à la face inférieure des jeunes feuilles, présence d’un duvet blanc (mycélium et conidies). Les feuilles sont étroites, pliées longitudinalement, enroulées en forme de cuillère, avec des anomalies de coloration et cassantes. Les infections le long des nervures mènent à la formation de feuilles gaufrées ou en forme de cuillère. La marge des feuilles enroulées est rose à rouge. Au cours de l’été, les feuilles brunissent puis chutent prématurément. Lorsque les conditions sont très favorables au développement du champignon, la face supérieure et le pétiole peuvent être infectés. Chez les variétés moins sensibles, le blanc se manifeste sous la forme de taches diffuses jaune pâle dont la marge est rouge ou couleur lavande.
Fleur : l’éclosion des fleurs infectées est retardée (5 à 8 jours). Les pétales sont jaune pâle ou vert pâle, déformés, fanés et couverts d’un mycélium blanchâtre.
Fruit : lors d’une infection sévère, les fruits sont plus petits, parfois déformés et l’épiderme montre une roussissure réticulée ou une anomalie de coloration. Certaines variétés peuvent montrer un mycélium blanchâtre. La production de fruits est parfois réduite.
Pousse terminale : lors d’une infection sévère, la pousse est couverte d’un mycélium gris argent qui devient brun avec le temps et les entrenoeuds sont courts. La pousse peut flétrir.
Sur les feuilles, le blanc peut être confondu avec la maladie du plomb (Chondrostereum purpureum), mais il n’y a pas de mycélium blanchâtre sur les feuilles de cette maladie.
Lorsque les fruits sont infectés tôt en saison, la roussissure réticulée peut être confondue avec des dommages de phytotoxicité par des produits phytosanitaires, mais elle se distingue par la forme en réseau observée sur l’épiderme.
Pour limiter le développement de la maladie en verger, il faut se procurer des cultivars offrant une bonne résistance ('Délicieuse rouge', 'McIntosh', 'Northern Spy', etc.), assurer un dépistage dès le débourrement, une bonne circulation d’air dans le verger et dans les arbres et traiter en prévention. Les traitements doivent débuter dès le stade prébouton rose.
Carter K. (2009). Blanc (oïdium). Dans Lutte intégrée contre les ennemis du pommier. Publication 310F. Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO), Ontario. p. 146-149.
Sutton T. B., Aldwinckle H. S., Agnello A. M. & Walgenbach J. F. (Eds) (2014). Powdery Mildew. Dans Compendium of Apple and Pear Diseases and Pests. 2nd éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 12-14.
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https://www.apsnet.org/edcenter/intropp/lessons/fungi/ascomycetes/Pages/ApplePowderyMildew.aspx
http://agriculture.vic.gov.au/agriculture/pests-diseases-and-weeds/plant-diseases/fruit-and-nuts/pome-fruit-diseases/powdery-mildew-of-apples
http://apples.ahdb.org.uk/apple-powdery-mildew-additional-information.asp