Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques et généralement spécifiques à leur hôte et à leur famille. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore).
Chez les plantes ornementales, les rouilles sont plutôt rares, hormis la rouille du géranium, et ont peu d’impact économique, contrairement à la rouille chez les céréales. Les plants affectés meurent rarement, c’est surtout la qualité esthétique qui est affectée, les rendant invendables. Chez la monarde, la rouille est causée essentiellement par P. menthae (rouille autoïque). Les champignons P. augustata (rouille hétéroïque avec les cypéracées comme hôte alterne) et P. monardae (rouille autoïque) sont parfois observées. Ces trois espèces de Puccinia affectent la famille des Lamiacées ou Labiées (marjolaine, menthe, monarde, origan, pycnanthemum, thym etc.). Les feuilles basales sont infectées en premier.
Le champignon se conserve sous la forme de télies dans les débris végétaux, les plantes sauvages ou les volontaires. Lorsque la température se réchauffe au printemps, les télies matures éjectent des téliospores qui germent et forment des basides et des basidiospores qui vont infecter les feuilles de monarde. Les basidiospores sont dispersées par le vent, les courants d’air, les éclaboussures d’eau, les outils et lors de la manipulation des plants. L'infection par les basidiospores semble entraîner une infection systémique des pousses. Ces infections donnent lieu aux stades pycnie (spermogonie) et écidie. Les écidiospores sont produites dès le début du printemps jusqu’au début de l'été, avec la production la plus importante au printemps. La germination des spores et l’infection nécessitent de l’eau libre sur les feuilles (rosée, pluie, irrigation) et sont favorisées lorsque la température est fraîche (entre 10 et 20 °C) et humide. Les écidiospores se dispersent sur de courtes distances, généralement à l’intérieur d’un mètre, et infectent les nouvelles feuilles émergentes, entraînant la formation du stade urédie. Les urédospores sont responsables de la propagation sur de longues distances. Des téliospores brun foncé se forment sur les tiges et les feuilles à l’automne.
Feuille : présence de petites taches jaunes qui se regroupent pour former de grandes taches jaunes à la face supérieure. Lors de fortes infestations, des taches brunes surélevées se développent sur les taches jaunes. À la face inférieure, des taches se forment directement sous celles observées à la face supérieure. Des urédies prennent la forme de pustules surélevées de couleur orange à brunes. Des télies brunes sont également observées. Les feuilles affectées sont nécrosées, sèchent et une défoliation prématurée s’en suit. L’infection des feuilles entraîne la destruction des glandes contenant les huiles chez la menthe et la monarde.
Tige : présence de taches surélevées jaune pâle à brunes.
Plant : la vigueur des plants est affectée.
Chez la monarde, les taches jaunes ou brunes à la face supérieure et les pustules (urédies) contenant des urédospores orange à la face inférieure permettent de distinguer la rouille des autres maladies foliaires.
La rouille est contrôlée en utilisant du matériel végétal sain et des cultivars tolérants. Les plants doivent être inspectés lors de l’achat et de la plantation. Gardez les nouvelles plantes isolées des plantes établies pendant trois à quatre semaines pour permettre le développement de la rouille, le cas échéant. Assurer une bonne ventilation et un bon espacement entre les plants pour favoriser la circulation d’air. Dépister régulièrement. Maintenir l’humidité inférieure à 80 %. Prioriser l’irrigation goutte à goutte et éviter l’irrigation par aspersion. Si l’irrigation par aspersion est requise, arroser tôt le matin afin de permettre au feuillage de sécher rapidement. Éliminer et détruire les feuilles et les plants infectés. Nettoyer et désinfecter les serres entre chaque production. Aucun traitement fongique n’est homologué contre cette maladie au Québec.
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