Rouille brune
Brown leaf rust
Sur une feuille de blé d’automne, présence de nombreuses petites pustules rondes rouge orangé à rouge brique. Elles sont réparties aléatoirement à la face supérieure de la feuille. Sous chaque pustule, présence d’une petite tache jaune. Les observations microscopiques ont confirmé la présence d’urédospores du champignon Puccinia triticina, responsable de la rouille des feuilles (rouille brune) chez le blé.
Description

Les rouilles sont des maladies complexes causées par des champignons qui sont des parasites obligatoires. Elles sont autoïques ou hétéroïques. Dans sa forme la plus complexe, les rouilles ont cinq types de spores (spermatie, écidiospore, urédospore, téliospore et basidiospore).

La rouille des feuilles est la maladie la plus fréquente du blé. Elles causent des dommages particulièrement importants dans les régions productrices de blé où la température se situe entre 25 et 30 °C lors de la maturité de la culture. Au Canada, elle se manifeste chaque année, mais elle est davantage présente dans les Prairies. La rouille des feuilles est une rouille hétéroïque dont le cycle de la maladie se produit partiellement au Canada. Elle affecte les feuilles de blé, d’orge et de seigle, jamais la tige. Les céréales de printemps qui sont semées tardivement et les cultivars de blé d'automne qui parviennent à maturité tardivement sont les plus à risque.
 
La rouille des feuilles est considérée comme une maladie fréquente et mineure, mais le degré de sévérité est variable selon les années et dépend du stade de développement de la culture quand l’infection se produit et de la résistance du cultivar. Au Québec, cette rouille a peu d’impact sur le rendement, car elle survient généralement après la floraison.

Cycle de la vie

La rouille des feuilles nécessite deux hôtes pour compléter son cycle. Le champignon hiverne sous forme de télies sur le chaume. Au printemps, les télies matures éjectent des téliospores qui germent et forment des basides et des basidiospores qui vont infecter les feuilles du pigamon des prés (Thalictrum spp.). Des pycnies se développent sur les feuilles et forment, au début de l’été, des écidies sur le pigamon des prés. Ces écidies libèrent des écidiospores qui sont transportées par le vent vers le blé. Elles vont alors germer et pénétrer les tissus de la plante à travers les stomates. Les urédies se forment à la face inférieure des feuilles et forment des urédospores qui provoquent des infections secondaires tout au long de l’été. À l’approche de la maturité, les urédospores sont remplacées par les télies contenant des téliospores. Ces spores, de couleur noire, sont le mode de conservation du champignon durant la période hivernale.
 
Au Canada, les espèces de Thalictrum indigènes sont très résistantes à la rouille des feuilles et ne contribuent pas à sa propagation. Au printemps, les télies qui ont hiverné sur le chaume se développent normalement et éjectent des téliospores qui germent et forment des basides et des basidiospores. Comme le pigamon des prés est résistant à la rouille des feuilles, le cycle de la maladie avorte. Au Canada, les urédospores de la rouille des feuilles sont transportées par le vent en provenance du Mexique et du sud des États-Unis où la rouille des tiges hiverne sur le blé sous la forme d’urédies. Des infections successives sur le blé se produisent au printemps et en été. La maladie est favorisée lorsqu'elle survient tôt dans la saison (épiaison surtout) et que les conditions climatiques sont douces le jour (20 à 25 °C), fraîches la nuit (15 à 20 °C) et qu’un film d’eau est présent à la surface des feuilles pendant au moins 6 heures. Les symptômes sont visibles 8 à 14 jours après l’infection.

Symptômes et dommages

Feuille : présence de pustules rouge orange, rondes à elliptiques, devenant noires avec la maturité de la culture. Les pustules sont distribuées de manière éparse ou en petits ilots à la face supérieure. L'épiderme couvert de pustules finit par se rompre laissant apparaître une masse poudreuse d'urédospores rouge orange. Dans les cas graves, les feuilles jaunissent et brunissent.

Ne pas confondre

La rouille des feuilles peut être confondue avec la rouille des tiges (Puccinia graminis), mais les pustules de la rouille des feuilles sont presque rondes et beaucoup plus petites que celles de la rouille des tiges.

Méthodes de lutte

Pour contrôler la rouille des feuilles, il faut employer des cultivars résistants et faire un semis précoce afin d’éviter ou de diminuer les infections à partir des urédospores provenant du sud. La majorité des fongicides utilisés sur le blé sont efficaces pour lutter contre cette rouille. Un dépistage rigoureux permet de détecter la rouille des feuilles qui se manifeste en premier sur les deux feuilles du haut avant la sortie de l'épi et sur la feuille de l'épi durant la sortie de l'épi.

Références et liens

Bailey K. L., Couture L., Gossen B. D., Gugel R. K. & Morral R. A. A. (Eds) (2004). Rouille des feuilles (rouille brune) du blé. Dans Maladies des grandes cultures au Canada. 1ère éd. La Société Canadienne de Phytopathologie, Saskatoon. p. 109-110.
 
Bockus W. W., Bowden R. L., Hunger R. M., Morrill W. L., Murray T. D. & Smiley R. W. (2010). Leaf Rust. Dans Compendium of Wheat Diseases and Pests. 3è éd. APS Press, The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 53.

http://www.ars.usda.gov/Main/docs.htm?docid=9915

http://naldc.nal.usda.gov/download/27938/PDF