Rhizoctonia solani est un champignon ubiquiste qui affecte de nombreuses cultures et différents organes. Il se manifeste particulièrement sur les organes qui sont en contact avec le sol froid et humide. Les plus grands dommages surviennent principalement au printemps, les semaines suivant la plantation, lorsque le sol est froid et humide. Le champignon se tient généralement dans la couche supérieure du sol (15 à 20 premiers centimètres) où il colonise la matière organique. Une fois colonisé, le sol demeure infecté de façon permanente. Chez le haricot, le rhizoctone commun est une des maladies les plus importantes économiquement, car il affecte surtout les plantules et les jeunes plants. Il peut provoquer de la fonte des semis en pré- et postémergence, de la pourriture (tige, collet, racine) et des chancres (collet et tige). Les symptômes apparaissent en foyer ou en rangée. Sa présence sur des plants plus âgés est occasionnelle et mineure.
Le champignon hiverne sous la forme de mycélium ou de sclérotes dans le sol, dans les résidus de cultures et la matière organique. On peut également le retrouver sur et à l’intérieur des semences. Rhizoctonia peut également survivre très longtemps comme saprophyte dans les sols en colonisant des déchets végétaux des plantes hôtes infectées. Rhizoctonia solani possède un mycélium stérile, il ne produit donc aucune spore. Au printemps, les sclérotes germent et produisent du mycélium qui peut infecter directement la cuticule et l’épiderme des jeunes tissus succulents ou pénétrer par les blessures ou les ouvertures naturelles (hydatodes, stomates). La dissémination du champignon se fait par le vent, l’eau (pluie, éclaboussure et irrigation), les particules de sol contaminées et la machinerie. Rhizoctonia solani cause la destruction rapide des tissus par le biais d’une action vive et destructrice de ses enzymes. Le réseau mycélien formé sur les tissus et le sol progresse pour envahir les organes sains et assurer sa propagation. La température du sol et la compaction du sol jouent un rôle plus important que l’humidité dans le développement de la maladie. L’infection et le développement de la maladie se produisent lorsque la température se situe entre 15 et 18 °C. Ces conditions ralentissent le développement de la plante et accentuent celui du champignon. La sensibilité des plants au rhizoctone diminue avec la maturité des plants.
Rhizoctonia solani affecte essentiellement les organes situés dans ou près du sol.
Plantule : fonte des semis en pré et postémergence. Les graines germées montrent des taches brun rougeâtre et la mort de l’apex racinaire. Après l’émergence, des lésions allongées, déprimées, brun rougeâtre à brunes apparaissent au niveau du sol. L’hypocotyle est fragile et montre une constriction, ce qui cause éventuellement la mort de la plantule.
Feuille : présence d’un jaunissement partiel ou complet du feuillage.
Tige : présence d’une coloration rougeâtre à brunâtre, sèche et ferme dans la partie basale de la tige, près du sol. Les plants matures montreront des chancres rugueux et secs. Parfois présence d’un mycélium brun ou de petits sclérotes bruns à noirs.
Collet : présence de taches ou de lésions déprimées, profondes, brun rougeâtre à brun foncé de l’épiderme conduisant à la formation de chancres rugueux et secs qui progressent vers le système racinaire.
Racine : présence de taches brun rougeâtre à brun foncé, profondes et fendues, qui causent des retards de croissance ou la mortalité.
Plante entière : les plants affectés peuvent casser au niveau du sol, montrer une pourriture importante des tissus atteints, flétrir et s’affaisser.
Pour contrôler le rhizoctone commun dans les sols, il faut privilégier l’utilisation de semences saines ou traitées avec des fongicides, offrir des conditions de croissance optimale (fertilisation adéquate, circulation d’air entre les plants, irrigation optimale, sol bien drainé, semer près de la surface du sol, diminuer la compaction des sols), éviter les blessures et faire une rotation des cultures avec des plantes non hôtes (céréales, maïs, graminées fourragères). Des cultivars tolérants sont disponibles. Des traitements fongicides biologiques sont homologués.
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