Les nématodes sont des vers microscopiques, non segmentés, cylindriques, translucides et invisibles à l’œil nu. L’utilisation d’un microscope est essentielle afin de pouvoir les observer, car ils ne mesurent que de 0,5 à 0,8 mm de longueur. Comme tous les nématodes phytopathogènes, les Pratylenchus sont munis d’un stylet leur permettant de s’alimenter du contenu des cellules des plantes.
Les Pratylenchus sont des nématodes endoparasites migrateurs, ce qui signifie qu’ils vivent une partie de leur vie dans le sol et l’autre dans les racines. Pratylenchus penetrans est le plus redoutable de ces nématodes. Les Pratylenchus attaquent plus de 400 plantes hôtes et de nombreuses mauvaises herbes. Au Québec, ils attaquent essentiellement les petits fruits (fraisiers, framboisiers) et les plantes maraîchères. Avec l’augmentation graduelle du nombre de plantations depuis quelques années, on en recense de plus en plus dans l’argousier. Les arbustes peuvent supporter de grandes populations sans nécessairement présenter de symptômes. Cependant, lorsque les nématodes sont en complexe avec d’autres organismes phytopathogènes ou un autre facteur aggravant (compaction, gel hivernal, sol pauvre, sécheresse importante, dommages mécaniques au tronc ou forte compétition avec la végétation environnante), des baisses de rendement sont observées et la durée de vie des plants est raccourcie. En outre, la présence d’une population de Pratylenchus penetrans dans le sol en plus d’organismes phytopathogènes comme Pythium, Fusarium et Verticillium peut accentuer le dépérissement du système racinaire des plants. Les lésions aux racines causées par le nématode sont une porte d’entrée pour les maladies. Au champ, les dommages apparaissent en foyer et peuvent suivre le trajet de la machinerie si les populations ont été dispersées par celle-ci.
Les Pratylenchus hivernent dans le sol, les racines et les débris végétaux. Ils ont six stades de développement: un stade œuf, quatre stades juvéniles (J1 à J4) et un stade adulte. Tous les stades ont la forme d’un ver et sont mobiles (sauf le stade œuf). Hormis les stades œuf et J1, tous peuvent infecter les racines. Au printemps, les jeunes nématodes migrent jusqu’aux racines des plantes hôtes, surtout dans la zone de la coiffe, où ils commencent à se nourrir. Puis, ils envahissent le cortex et migrent dans les cellules de parenchyme. Dans les racines, ils se multiplient durant toute la saison de croissance. La durée du cycle varie de 4 à 8 semaines, et plusieurs générations peuvent se succéder. Lorsque les conditions sont défavorables, les nématodes migrent hors de la racine et se déplacent librement dans le sol jusqu'à ce qu'ils rencontrent une nouvelle racine hôte. Les populations de nématodes sont plus faibles au printemps et augmentent au cours de la saison de croissance.
Racine : On observe de petites taches brunes sur les racines et une diminution de la masse racinaire.
Plant : La croissance générale ralentit, le plant perd sa vigueur.
Feuille : Le feuillage jaunit, flétrit et se dessèche.
Fruit : Diminution des rendements en fruits.
Les dommages peuvent être confondus avec ceux d’une sécheresse. Les racines affectées par les Pratylenchus sont peu nombreuses et puisent difficilement l’eau et les éléments minéraux, ce qui accroît leur sensibilité à la sécheresse.
La stratégie à adopter contre le nématode des lésions dans un verger établi est de favoriser la vigueur des plants et d’amoindrir les facteurs aggravants connus. Pour ce faire, il faut :
- Apporter une fertilisation adéquate;
- Contrôler les mauvaises herbes (paillis plastique, membrane géotextile, paillis organique, contrôle mécanique, herbicides);
- Tailler pour stimuler la repousse (dans certains cas);
- Éviter les stress hydriques par l’irrigation en période sèche;
- Contrôler les rongeurs;
- Éviter de blesser les troncs.
Pour suivre l’évolution des populations, il faut faire identifier et dénombrer les nématodes dans des échantillons de sols, particulièrement pour les sols sableux et les loams sableux, ou dans les tissus végétaux en acheminant un échantillon à un laboratoire spécialisé. Il n’y a pas de seuil précis pour la culture de l’argousier. Dans les cultures de pommes de terre, de fraises, de tabac et de framboises, le seuil à surveiller varie de 50 à 100 Pratylenchus pour 100 ml de sol.
Par ailleurs, certaines cultures pourraient être semées comme engrais verts avant la plantation ou en intercalaire pour tenter de réduire les populations. Le millet perlé et les engrais verts de crucifères avec de hautes teneurs en glucosinolates auraient un effet sur Pratylenchus penetrans. On rapporte aussi que la culture des œillets d’Inde au pied des plants pourrait être une façon de contrôler les populations de nématodes.
Sinclair W. A. & Lyon H. H. (2005). Disease of tree and shrubs. Second Edition, Cornell University Press, p. 432.
Bastien, D. et Bélair, G. (2017). Savoir lutter contre les nématodes en production maraîchère. Revue Primeurs maraichères, Volume 5, No 4, décembre 2017, p. 5. https://apmquebec.com/fr/publications/156/primeurs-maraicheres/
Bélair, G. (2005). Les nématodes, ces anguillules qui font suer les plantes... par la racine. Revue Phytoprotection, Volume 86, No 1, avril 2005, p. 65–69. https://www.erudit.org/fr/revues/phyto/2005-v86-n1-phyto991/011717ar/
Bélair, G. (2017). Mise à jour sur la gestion des nématodes. Agriculture et Agroalimentaire Canada, 43 p. https://www.agrireseau.net/documents/96635/mise-a-jour-sur-la-gestion-des-nematodes?a=1&r=Pratylenchus.