Le virus de la maladie bronzée de la tomate (TSWV – Tospovirus) est un virus important qui peut infecter plus de 1 000 espèces de plantes réparties dans au moins 86 familles comprenant les solanacées (tomate, poivron, aubergine), différents légumes (haricot, laitue) et légumineuses, de nombreuses plantes ornementales (annuelles et vivaces) et des mauvaises herbes. La floriculture est une source majeure de cette maladie en serre au Canada. Le TSWV est relevé dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées. Il est observé principalement en serre, mais également en champ depuis 1989. Le TSWV est fréquent et sévère chez la tomate. Les pertes de rendement peuvent être très importantes et souvent liées à la maturation inégale des fruits.
Deux des plus grands réservoirs du virus TSWV incluent les mauvaises herbes et les plantes ornementales vivaces. Ce virus et ses vecteurs sont fréquemment propagés lors du transport des plantes ornementales et des transplants, ce qui explique la grande diversité mondiale de plantes liée à ce virus. Le TSWV est transmis essentiellement par une dizaine d’espèces de thrips selon le mode persistant. Au Canada, les infections se font uniquement par le thrips des petits fruits (Frankliniella occidentalis) et le thrips du tabac (F. fresca). Seules les larves peuvent acquérir le TSWV d’une plante infectée en se nourrissant au moins 15 minutes sur celle-ci. La transmission n’est réalisée que par l’adulte en s’alimentant sur les feuilles ou les fleurs. Les thrips sont au maximum de leur capacité infectieuse 22 à 30 jours après avoir acquis le virus et sont porteurs toute leur vie. Chez les thrips, le virus ne se transmet pas d’une génération à l’autre. Les symptômes apparaissent entre 7 et 14 jours après l’inoculation. Le virus peut également être transmis par le greffage et très rarement par la semence.
Les symptômes sont nombreux et varient selon la plante. La sévérité de la maladie dépend de la virulence de la souche du virus, de la sensibilité du cultivar de tomate, du stade de développement de la plante et des conditions environnementales.
Feuille : les jeunes feuilles deviennent jaunes puis brun violacé (bronzage). De nombreuses petites taches brun foncé, concentriques ou non, se développent sur les folioles, parfois sur un seul côté. Les nervures sont brunes à l’occasion. Les parties bronzées s’enroulent vers l’intérieur puis meurent. Parfois présence de lésions brunes sur le pétiole.
Fleur : avortement potentiel, déformation et chute des fleurs.
Fruit : lorsque les plants sont infectés tôt en saison, aucun fruit n’est produit. Si l’infection a lieu après la nouaison, des taches annulaires concentriques se développent. Maturation inégale avec bandes alternantes des plages rouges et jaunes. Sur les fruits verts, la zone affectée est légèrement surélevée avec des anneaux concentriques pâles. Parfois déformation du fruit (forme irrégulière, fentes liégeuses, éclatement de l’épiderme). Un brunissement interne est observé à l’occasion.
Tige : lésions brunes sur l’épiderme.
Plant : rabougrissement, nanisme, flétrissement puis mortalité. La mortalité est rapide lorsque les transplants sont moyennement à fortement infectés tandis que les symptômes se manifestent plus tardivement lorsque l’infection est légère.
Chez la tomate, le TSWV peut être confondu avec une toxicité en manganèse (noircissement des nervures des vieilles feuilles) ou en bore (brûlure à la marge et entre les nervures des vieilles feuilles) et des dommages par le polluant atmosphérique dioxyde de soufre (SO2 – nécrose entre les nervures des vieilles feuilles). Des maladies bactériennes et fongiques causent également des symptômes similaires.
La lutte contre le TSWV est très difficile. Les mesures d’hygiène doivent être strictes. Il faut utiliser des semences et des plants exempts de virus pour briser la relation insecte-maladie, assurer une lutte efficace contre les mauvaises herbes (champ, intérieur et extérieur des serres), éliminer et détruire les plants infectés et les résidus de culture. La résistance variétale des plants de tomate est partielle, car elle ne vise pas toutes les souches du virus. Comme les symptômes sont plus visibles sur les fruits que les feuilles, le dépistage doit être rigoureux sur le feuillage et les pièges observés avec attention.
En champ, le TSWV hiverne dans les résidus de culture infectée et les mauvaises herbes. La dispersion de la maladie par les thrips infectés, sur les plantes saines et les mauvaises herbes, se fait sur une courte période au printemps. Selon la culture, il est préférable de décaler la production au champ pour éviter cette période. La rotation des cultures avec des plantes non hôtes (ex. : maïs) est également efficace.
En serre, il est préférable de respecter un temps d’arrêt d’au moins un mois entre deux cultures et d’accroitre la température (40 °C pendant 10 à 15 jours) pour abaisser ou éliminer la population de thrips. Nettoyer et désinfecter les serres et tout le matériel utilisé (outils, plateaux, pots, sol, etc.). Des pédiluves à l’entrée des serres sont obligatoires. Installer des moustiquaires à mailles très serrées devant les entrées d’air, briser le cycle vital des thrips en appliquant au sol de la chaux hydratée ou de sulfate de cuivre, deux à trois fois par année. Dépister les thrips avec des pièges collants bleus jumelés avec des phéromones et si possible, insérer des pétunias qui sont d’excellentes plantes indicatrices de ce virus. Éviter de produire des plantes ornementales autour ou dans la même serre que les transplants de tomate, car elles attirent les thrips. La lutte biologique est disponible et efficace. Les traitements insecticides ont une certaine efficacité en serre, mais la résistance s’installe rapidement.
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http://www.apsnet.org/publications/apsnetfeatures/Pages/TomatoSpotted.aspx
https://www.eppo.int/QUARANTINE/data_sheets/virus/TSWV00_ds.pdf