Le virus de la mosaïque de la luzerne (AMV – Alfamovirus) est un virus ubiquiste qui peut infecter plus de 150 espèces de plantes réparties dans 21 familles, dont les légumineuses et les solanacées. Ce virus est observé principalement en champ. L’AMV est occasionnel et mineur chez la tomate. Les pertes de rendement sont minimes, mais plus importantes lorsque les champs sont situés près de vieilles luzernières, de champs de trèfle ou de pâturages permanents. Le nombre de fruits est alors réduit et leur qualité est affectée.
Le virus de la mosaïque de la luzerne hiverne dans les luzernières, les champs de trèfle, dans les plantes hôtes vivaces et les mauvaises herbes virosées. Il est transmis essentiellement par les inoculations mécaniques et disséminé par les pucerons (environ 22 espèces), dont la principale espèce est le puceron vert du pêcher (Myzus persicae). Chez la tomate, l’AMV n’est pas transmis par la semence. Les pucerons acquièrent le virus de plantes infectées et transmettent le virus à des plants de tomate sains par le biais de leur stylet. Une fois le virus inoculé, les pucerons doivent se nourrir de nouveau sur des plants infectés pour acquérir le virus et poursuivre la propagation (mode de transmission non persistante). Sur les plantes-réservoirs, les symptômes sont modérés comparativement à ceux observés sur les solanacées qui sont beaucoup plus spectaculaires.
La sévérité de la maladie dépend de la virulence de la souche du virus, de la sensibilité du cultivar de tomate, du stade de développement de la plante et des conditions environnementales.
Feuille : présence de mosaïques ou de taches blanchâtres à jaune pâle à jaune vif sur les folioles, de taches nécrotiques débutant à la base des folioles ou réparties sur tout le limbe, entraînant parfois une nécrose des nervures. Les folioles sont déformées et courbent vers le bas.
Tige : coloration brun rougeâtre des vaisseaux du phloème de la tige principale près du sol. Le symptôme est visible lorsque l’épiderme est pelé. Le brunissement peut s’étendre aux racines et vers les pousses terminales.
Fruit : présence de taches nécrotiques, externes ou internes, qui prennent différentes formes et grosseurs et qui sont déprimées. Les fruits affectés sont moins nombreux, bosselés et peuvent chuter.
Plant : mortalité potentielle lorsque les plants sont infectés tôt en saison.
Sur la tige, la coloration des vaisseaux peut être confondue avec celle causée par le flétrissement fusarien ou verticillien. Dans ces cas, la décoloration est généralement limitée au collet et à la partie basale de la tige.
Pour contrôler le virus de la mosaïque de la luzerne, il faut utiliser des semences et des transplants sains. Éviter de cultiver la tomate à proximité de luzernières ou de champs de trèfle et supprimer les repousses de luzerne, de trèfle, de solanacées, les plants de tomate symptomatiques et les mauvaises herbes. Dépister régulièrement les pucerons. L’emploi d’insecticides de contact et systémique a une certaine action sur les pucerons aptères, qui se déplacent d’un plant à l’autre sur la rangée, mais n’a pas d’impact sur les pucerons ailés qui propagent le virus d’un champ à l’autre. La transmission rapide du virus aux plants de tomate sains n’est pas suffisamment longue pour que l’insecticide agisse sur le puceron. Une fois la plante virosée, il n’existe aucune méthode de lutte curative.
Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Alfalfa mosaic virus. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 80-81.
Richard C. & Boivin G. (1994). Virus de la mosaïque de la luzerne. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 307. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch18-tomate.pdf)
http://www.cabi.org/isc/datasheet/4346
https://books.google.ca/books?id=iPgTGhaGRl4C&lpg=PA361&ots=0nKSfys20z&dq=AMV%20tomato&hl=fr&pg=PA361#v=onepage&q=AMV%20tomato&f=false