Le cuivre (ou sulfate de cuivre tribasique) est un fongicide (et bactéricide) à action préventive, devant être appliqué sur la culture avant la germination des spores. Il appartient à la famille chimique des substances inorganiques M1. Il s’agit d’un fongicide de contact (action multi-sites par contact) mais qui ne possède aucune propriété curative. Le cuivre, le mancozèbe et le chlorothalonil sont des exemples de fongicides multisites communément utilisés.
Le cuivre est utilisé pour lutter contre diverses maladies dans les arbres fruitiers, les petits fruits, les cultures légumières (haricots, betterave, carotte, céleri, crucifères, cucurbitacées, solanacées (pomme de terre, épinard), le houblon et le rosier.
Chez le pommier, le cuivre est efficace pour combattre le feu bactérien, la tavelure du pommier et plusieurs maladies secondaires. Il peut cependant être phytotoxique : les ions de cuivre (ou cuivreux, Cu++), qui sont toxiques aux bactéries et aux champignons, peuvent également causer des dommages aux feuilles et aux fruits du pommier.
Des essais réalisés aux États-Unis démontrent que les produits à base de « cuivre fixe » (hydroxide, oxychlorure) sont à privilégier par rapport aux produits à base de cuivre soluble (ex : sulfates) et causent moins de phytotoxicité. Le « cuivre fixe » (peu importe sa formulation) est conçu pour laisser un résidu peu soluble à la surface des feuilles. Lorsque le feuillage est mouillé, les ions cuivreux (Cu++) s’échappent lentement de ces dépôts et s’attaquent aux organismes phytopathogènes. Cette libération graduelle du cuivre maintient une efficacité pendant une plus longue période et évite que la concentration d’ions ne devienne trop grande et provoque alors un effet phytotoxique.
Les fongicides du groupe M ont une activité multisite et présentent un risque faible de développement de la résistance. Aucun cas de résistance n’est connu actuellement.
Feuille : présence de nombreuses taches rougeâtres et d’un rougissement du limbe; anthocyanisation (teinte anormalement violacée) des tissus.
La phytotoxicité au cuivre peut être confondue avec des dommages causés par une carence minérale (phosphore).
Les traitements au cuivre pendant les périodes chaudes sont les plus efficaces et comme la bouillie sèche généralement plus rapidement par temps chaud, le traitement provoque habituellement moins de phytotoxicité sur feuillage. À l’inverse, les traitements effectués avant une période de gel entraînent davantage une phytotoxicité assez grave sur feuillage. Les applications lorsque les feuilles sont humides ou lors de températures fraîches sont donc à éviter.
Compte tenu de la toxicité du cuivre et de son accumulation dans les premiers cm de sol (accentuée en sol acide et avec un taux élevé de matière organique), il est préférable de s’en tenir à un maximum d’un traitement par année, selon la dose de l’étiquette. L’utilisation de cuivre doit être effectuée judicieusement afin de pouvoir le conserver comme outil de lutte tout en prévenant la contamination des sols.
Pour augmenter l’efficacité fongicide et bactéricide du cuivre et économiser un passage au verger, il est possible de combiner le cuivre et l’huile dans un même traitement. Cette pratique pourrait cependant causer une légère phytotoxicité sur feuillage, mais pas au point de se priver de l’économie d’un passage au verger.
Chouinard et coll. 2015. Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. - GUIDE DE RÉFÉRENCE EN PRODUCTION FRUITIÈRE INTÉGRÉE 2021 – Production fruitière intégrée (irda.qc.ca)
Tomlin, C.D.S. The Pesticide Manual, 14th éd., The British Crop Protection Council, 2006. 1276 pp.