Les herbicides du groupe 15 inhibent la croissance et la division cellulaire chez les plantules (antigerminatifs). Ils incluent les familles des chloro-acétamides (ex. : FRONTIER, DUAL II MAGNUM, etc.), des oxyacétamides (ex. : AXIOM, DEFINE, etc.), des acétamides (ex. DEVRINOL, etc.) et des pyrazoles (ex. : ZIDUA, etc.). Ce sont des herbicides systémiques, appliqués au sol et absorbés par les racines et les pousses. Ils sont transloqués uniquement par le xylème. Avec les chloro-acétamides, la synthèse des protéines est un des premiers processus biochimiques à être inhibé et il existe un lien étroit entre l’inhibition de cette synthèse et la croissance des racines. Ce groupe inhibe également la synthèse des lipides, ce qui augmente la perméabilité cellulaire. Les acétamides sont aussi actifs en prélevée contre les graminées et dicotylédones, en inhibant la croissance racinaire. Toutes ces familles affectent les plantes susceptibles avant leur émergence mais n’inhiberaient pas leur germination.
Pour la famille des chloro-acétamides et acétamides, la dégradation est principalement assurée par les microbes. La persistance est plus grande en conditions d'anaérobie et en sols frais. Les amides sont persistants dans les sols en conditions aérobies et anaérobies. Ils possèdent un potentiel de lessivage élevé et peuvent aussi contaminer l'eau souterraine par lixiviation.
Des mauvaises herbes telles que : la folle avoine (Avena fatua) au Canada, ainsi que l’amarante de Palmer (Amaranthus palmeri) et l’amarante tuberculée (Amaranthus tuberculatus) aux États-Unis, ont développé de la résistance au groupe 15.
Cas FRONTIERMDMAX (diméthénamide-p) - L’herbicide FRONTIER MAX est homologué dans différentes cultures, dont le maïs, le soya, les haricots secs, la pomme de terre, l'oignon, le chou, le raisin et les plantes ornementales. Il fait partie du groupe de résistance 15 qui comprend des herbicides inhibiteurs de la croissance et de la division cellulaire chez les plantules (antigerminatifs). Le FRONTIER MAX est appliqué en présemis, prélevée ou postlevée hâtive du soya pour éradiquer essentiellement les graminées, mais détruit également quelques feuilles larges, dont le souchet comestible (Cyperus esculentus) dans la production d’oignon. En postlevée, l’herbicide n’a que peu ou aucun effet sur les plantules déjà émergées. Appliqué au sol et absorbé par les racines et les pousses, mais jamais par les feuilles. L’herbicide est transloqué uniquement par le xylème et a un effet résiduel dans le sol (au moins une année).
Aux États-Unis, des populations d’amarante tuberculée (amarantus tuberculatus) ont développé de la résistance au groupe 15, dont le diméthénamide.
Cette phytotoxicité peut être confondue avec des dommages causés par le nématode des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci) ou des carences minérales.
Pour diminuer les risques de phytotoxicité, il faut éviter les dérives sur les cultures lors de l’application, utiliser des jets dirigés au besoin, ne pas appliquer par temps venteux, respecter les consignes inscrites sur l’étiquette et bien nettoyer le pulvérisateur.
Semence : germination difficile.
Plantule : déformée, chétive, rabougrie et accusant des retards de croissance.
Feuille : chez les dicotylédones telles le soya, les feuilles sont crispées et la nervure centrale est courte, ce qui donne à la feuille la forme d'un coeur et un aspect froissé («crinkled»).
Racine : système racinaire peu développé, brun, et l’extrémité des racines est renflée et pourrie. Les racines secondaires et les poils absorbants sont presque inexistants.
Scalla, R. et coll. (1991). Les herbicides : mode d’action et principes d’utilisation. Paris : Institut national de la recherche agronomique INRA (Éditeur). Collection : du labo au terrain. Paris, France. 450 pp.
Shaner D.L. (Ed) (2014). Dimethenamid. Dans Herbicide handbook. 10e éd. Weed science society of America, Lawrence, Kansas. P. 162-164.
http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/00-062.htm