Le calcium joue son principal rôle à l’extérieur des cellules. Il sert à créer des liens entre les parois des cellules en les cimentant les unes aux autres. Un manque de calcium implique une perte de cohésion entre les cellules, qui se traduit par une brûlure de l’apex ou de la marge des jeunes feuilles. Dans la plante, le calcium est relativement immobile et véhiculé par l’eau lors de l’évapotranspiration. Les racines, les feuilles médianes et basales contiennent davantage de calcium, comparativement aux jeunes feuilles et aux fruits, car ils transpirent plus. L’évapotranspiration des nouvelles feuilles est moindre et ces tissus se trouvent à l’endroit où les symptômes de carences en calcium se manifestent en premier. Cette carence est souvent induite par une croissance trop rapide des plants, laquelle ne permet pas au calcium d’atteindre les tissus en croissance active. Elle n’est donc pas causée par une carence en calcium dans le sol ou le substrat.
Chez le poinsettia, les symptômes d’une carence en calcium se manifestent dès le début de l’anthèse (floraison). Les bractées situées le plus bas sur la plante, soit celles ayant atteint leur pleine expansion, sont souvent les plus affectées. Les plus jeunes bractées demeurent généralement intactes ce qui est inhabituel puisque la carence en calcium affecte normalement les plus jeunes organes. Chez le poinsettia, il est donc considéré que l’initiation des symptômes survient au moment où les bractées sont en pleine croissance, bien que les brûlures n’apparaissent qu’à leur maturité. Les bractées sont des tissus qui transpirent peu (nombre restreint de stomates), d’où leur prédisposition à développer une carence en calcium. Sur les bractées affectées, une croissance secondaire du champignon Botrytis cinerea est souvent observée. Les cultivars Gutbier 'V-14 Glory' et Gross 'Supjibi' sont les plus sensibles. Aujourd’hui, avec la disponibilité des cultivars tolérants et les applications préventives de calcium lors de la floraison, la carence en calcium est occasionnelle et mineure. La carence en calcium affecte également les solanacées (tomate, poivron, aubergine), les crucifères, les cucurbitacées, le céleri, la laitue, la fraise, le pommier et quelques plantes ornementales.
Feuille : présence d’une brûlure de l’apex ou de la marge des vieilles feuilles. Parfois gaufrage du limbe et feuille en forme de cuillère. Anomalies de coloration vert pâle à jaunes à l’apex, à la marge et entre les nervures. Flétrissement des feuilles.
Racine : sont courtes, plus épaisses et brunes.
La carence en calcium sur les feuilles peut être facilement confondue avec la carence en bore.
Pour prévenir les carences en calcium, il faut maintenir de bonnes teneurs de calcium dans le substrat (entre 150 à 250 ppm), une salinité du substrat inférieure à 1,5 mS/cm, un rapport K/Ca/Mg de 2 : 3 : 1, une température du sol supérieure à 16 °C et réduire la fertilisation en potassium à 100 ppm à partir de la floraison. Des cultivars tolérants sont disponibles et l’application de traitements foliaires de calcium en prévention est requise dès le début de la coloration des bractées jusqu’à la vente des plants.
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Ecke III P., Faust J. E., Williams J. & Higgins A. (2004). Bract Edge Burn. Dans The Ecke Poinsettia Manual. Ball Publishing, Illinois. p. 232-233.
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http://hort.ufl.edu/floriculture/poinsettia/beb.shtml
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